Mickaël Tavares, après la défaite du Slavia contre Tottenham : « Le titre de champion est la priorité »
Le Slavia Prague s’est incliné devant les Anglais de Tottenham (1-2), jeudi soir dernier, à domicile, en match aller des 16es de finale de la Coupe de l’UEFA. Le dernier club tchèque encore en course sur la scène européenne cette saison a ainsi déjà pratiquement hypothéqué toutes ses chances de qualification avant le match retour, jeudi prochain, à Londres. Retour sur ce match et la reprise du championnat tchèque avec le Français du Slavia, Mickaël Tavares.
Après avoir tout d’abord redémarré sur les mêmes bases, la seconde période a permis de voir une équipe du Slavia enfin décomplexée et plus offensive. Un réveil facilité par la baisse de régime londonienne et qui s’est concrétisé par un but chanceux. Avec un brin de réussite supplémentaire, quelques occasions nettes dans le dernier quart d’heure auraient même pu permettre aux Tchèques d’arracher le match nul. Finalement, on en est resté sur une courte victoire de Tottenham, logique, comme le reconnaissait le milieu de terrain français du Slavia, Mickaël Tavares :
« On a joué trop bas et trop reculé en première mi-temps. On n’a pas respecté les consignes du coach. Contre une équipe comme Tottenham, on l’a payé cash. Ils nous ont pressés dès le début de match. En deuxième mi-temps, on a essayé de rectifier le tir, de jouer un peu plus haut et on s’est crée quelques occasions. Mais c’est dommage, on a pris deux buts assez tôt et on n’a pas su relever la tête. Et puis c’était notre premier match officiel, la reprise. On sait très bien que les Anglais, eux, n’ont pas de trêve, ils sont ‘en plein dedans’, dans le rythme. On n’avait pas de jambes et on l’a bien senti en première mi-temps. En deuxième, c’était déjà mieux, même si on n’a pas réussi à égaliser. Je pense que le coach n’est pas trop frustré, surtout qu’il y a beaucoup de nouveaux joueurs et que l’équipe ne se connaît pas encore très bien. On verra par la suite, mais je reste optimiste. »N’avez-vous pas trop respecté votre adversaire ? On a eu l’impression qu’il y avait même une certaine forme de crainte parce qu’on sait que Tottenham marche très bien actuellement.
« Oui, je pense aussi. On les a trop regardé jouer, trop respectés. Ce sont des joueurs qui évoluent en Premier League, tout le monde les voit à la télé. Je pense qu’on a eu un peu peur en première mi-temps. En deuxième, encore une fois, on n’a pas fait attention à qui était devant nous, on a essayé de jouer et c’est allé mieux. On aurait dû faire ça tout le match. »
Une analyse qui était également partagée par l’un des deux joueurs français de Tottenham, Steed Malbranque :« C’est vrai qu’on était bien en place en première temps. C’était même presque trop facile pour nous. Ca a été plus compliqué en deuxième mi-temps, on avait déjà deux buts d’avance, on voulait absolument marquer le troisième mais on s’est un peu découverts. C’est vrai que les Tchèques auraient pu égaliser en fin de match, c’est devenu vraiment plus difficile pour nous. »
N’avez-vous pas un peu sous-estimé le Slavia en seconde période ?
« Non, je ne pense pas. On a essayé de l’entamer comme la première mais elle ne s’est passée comme la première, malheureusement. Maintenant, il ne faut pas non plus oublier qu’on repart quand même avec la victoire. »
Jeudi, dans le stade de White Hart Lane, dans la banlieue nord de la capitale britannique, le Slavia Prague abordera donc un match retour qui ressemblera fort à une mission impossible s’il entend se qualifier, même si Mickaël Tavares n’est pas tout à fait d’accord :« Non, rien n’est jamais impossible. La preuve est que les gens ne pensaient jamais que l’on pouvait éliminer l’Ajax Amsterdam (lors du 3e tour préliminaire de la Ligue des champions, ndlr) et on a gagné là-bas… Tout est possible dans le football et on y croit encore. De toute façon, on n’a rien à perdre. On va donc jouer notre football et on verra ce que ça donne. »
Même si la différence de niveau entre le Slavia et Tottenham a été évidente eu égard à la mainmise anglaise sur le match pendant une heure, l’écart entre les deux équipes s’explique cependant également par le manque de compétition des Pragois qui disputaient contre les Spurs leur premier match officiel en 2008 après une trêve longue de deux mois. Le week-end dernier a d’ailleurs été marqué par la reprise du championnat tchèque. Sacré champion d’automne, le Slavia Prague a passé l’hiver avec une avance de cinq points sur ses deux premiers poursuivants, son grand rival du Sparta Prague et le FK Teplice. Pour Mickaël Tavares, le titre de champion de République tchèque est donc la priorité :
« C’est clair, c’est l’objectif prioritaire pour le Slavia cette saison. Je ne sais plus quand le club a gagné le titre pour la dernière fois, ça doit faire plus de cinq ans… 1996, vous me dîtes ? Ah, carrément ! Donc, vous voyez… Mais je pense qu’on en a les moyens. Il y a eu des recrues, de bons joueurs sont arrivés cet hiver, il faut nous laisser un peu de temps pour mieux nous connaître, mais je pense que c’est faisable… et qu’on va le faire ! »Plusieurs nouveaux joueurs sont arrivés mais vous avez conservé pour l’instant votre place de titulaire. Comment s’est donc passée la préparation cet hiver puisque vous avez découvert cette trêve et la longue préparation physique ‘à la tchèque’ ?
« Ah ouaih, ça a été vraiment très dur pour moi. Je n’avais jamais fait une préparation comme ça. En France, en gros, vous avez cinq jours de vacances et le championnat reprend deux semaines après les fêtes de Noël. Ici, vous avez la montagne, après on est partis à Dubaï, il y a eu des matches amicaux sur des terrains pas très bons… Vraiment, ça a été très, très dur. Personnellement, je me suis senti vraiment très fatigué pendant deux à trois semaines. Maintenant, ça commence à revenir un petit peu et je pense qu’on va monter en puissance. »
On sait que les équipes tchèques aiment pratiquer le ski de fond lors des préparations. Vous vous y êtes essayé aussi ou vous avez préféré le vélo ou une autre discipline ?
« (Il sourit) Non, en fait, il y avait deux groupes : un de ski de fond et un autre de spinning, comme vous dîtes, c’est du vélo mais en salle. C’était dur ! On a surtout travaillé les jambes et l’après-midi, on avait des entraînements basés exclusivement sur le travail au niveau des cuisses. Personnellement, je n’avais jamais fait une telle préparation. En France, c’est plus des 15x15’, etc., c’est plus de l’endurance. Ici, c’est puissance, puissance et encore puissance. »On va revenir à la coupe d’Europe. Que ce soit contre le FC Séville et Arsenal en Ligue des champions ou aujourd’hui contre Tottenham en coupe UEFA, on sent bien qu’il y a une différence de niveau entre le Slavia et toutes ces équipes. Alors, sur un match, vous arrivez parfois à rivaliser, mais cela n’empêche qu’il y a au moins une classe de différence. Que vous manque-t-il donc pour être plus concurrentiel en Europe ?
« Je pense que c’est surtout une question de confiance. Si vous vous sentez bien, vous ne faites pas attention à qui est devant vous et vous jouez votre football. C’est vrai que sur un match, tout est possible. Maintenant, ces équipes sont plus habituées à jouer des gros matches. Il ne faut pas se voiler la face. Ce n’est pas le même budget non plus, ils ont un meilleur potentiel. Ceci dit, il y a aussi des bons joueurs au Slavia et il y a moyen de faire quelque chose. »
Le passage d’un match du championnat tchèque à un match de coupe d’Europe n’est-il pas trop compliqué à cause de la différence de niveau entre les deux compétitions ?
« Quand vous sortez d’un match comme contre Tottenham, ce n’est pas le même style de jeu que dans le championnat tchèque, sauf contre les grosses équipes qui jouent bien au ballon. Mais des fois, c’est encore plus dur de jouer dans le championnat tchèque parce qu’il y a des équipes qui jouent plus physique, qui ferment le jeu et vous empêchent de jouer. Mais c’est vrai que ce n’est pas du tout la même manière de jouer, ce ne sont pas les mêmes matches, ça ne ressemble pas du tout. »Et effectivement, les matches se suivent mais ne se ressemblent pas, puisque sur la scène nationale, le Slavia s’est imposé en venant difficilement à bout (1-0) de Ceske Budejovice, dimanche, conservant ainsi ses distances avec le Sparta, revenu victorieux (2-0) de son déplacement à Zlin, en Moravie, et le FK Teplice, qui a disposé de Most (1-0). Outre Mickaël Tavares, trois autres Français ont participé cette 17e journée de Gambrinus Liga : le héros du week-end aura été Ludovic Sylvestre qui, prêté par le Sparta Prague, a inscrit un penalty sous son nouveau maillot du Viktoria Plzen. Grâce à cette victoire, le club de Bohême de l’Ouest occupe la quatrième place. Noël-Alexandre Mendy a, lui, été auteur d’un match moyen avec Mlada Boleslav qui a concédé le partage des points sur sa pelouse à Jablonec. Quant au petit frère, Vincent Mendy, il est entré en jeu à une dizaine de minutes de la fin du match entre Teplice et Most et n’a pu empêcher la défaite de Most qui reste donc lanterne rouge.