Mode des Sixties : la naissance de la femme moderne

Des sacs à main et ceintures en plastique, de petites robes très chics, des jupes à mi-cuisses, des faux cils... cela vous dit quelque chose ? Eh oui, nous allons parler aujourd'hui de la révolution vestimentaire des années 1960, mais pas seulement : le Musée de la Bohême centrale de Roztoky, à une dizaine de kilomètres de Prague, organise jusqu'au 15 octobre prochain une exposition mettant à l'honneur la mode, le design et tout le style de vie dans les années 60. Nous y jetterons un coup d'oeil, tout en écoutant quelques chansons tchèques de l'époque.

Le Musée de la Bohême centrale de Roztoky
« Nous avons organisé, par le passé, plusieurs expositions sur des styles qui ont marqué l'histoire, comme l'Art déco par exemple. Puis, nous sommes dits pourquoi ne pas revenir sur les années 60, puisque ceux qui les ont vécus, en gardent les meilleurs souvenirs ! Nous avons commencé par les années 1950, avec une mode très féminine, genre taille de guêpe, jupes bouffantes avec jupons. Petit à petit, cette mode s'est transformée en un style jeune, trendy, qui est en vogue même aujourd'hui. Ce sont toutes ces mini-jupes plates, popularisées par le mannequin Twiggy, sa silhouette plate... La mode des années 60 a été très variée et toujours en évolution.»

.... Rappelle Ilona Klemsova, ethnologue au Musée de la Bohême orientale de Pardubice, qui a concocté, en premier, l'exposition sur les années 60 - cette même exposition qui est à voir actuellement à Roztoky, dans la région pragoise. Au château de Roztoky donc, nous voilà devant de magnifiques robes, tailleurs, souliers et accessoires - la silhouette est simple et... ô combien élégante. Mais plutôt qu'à Jacqueline Kenedy ou Brigitte Bardot, ces tenues nous font penser aux femmes endimanchées que l'on pouvait croiser dans la rue, dans un café de Pardubice ou en train de flâner sur la place Venceslas. Ilona Klemsova confirme ce que l'on soupçonne, en regardant ces vêtements de près : ils étaient portés par des femmes réelles et ont leur propre histoire. Si seulement ils pouvaient parler... Ilona Klemsova :

« Tous les objets exposés ici à Roztoky font partie des collections de notre musée et j'ai commencé, moi-même, à les rassembler au cours des années 1990. Ces robes appartenaient, pour la plupart, à deux dames originaires de Pardubice. Elles s'habillaient chez des couturiers locaux et aussi dans des salons pragois. Elles étaient charmantes, minces et avaient du goût. Ce qu'elles portaient avait du style. On voit, de prime abord, qu'il ne s'agit ni de tailleurs bricolés à la maison ni du prêt-à-porter ordinaire. Ces deux femmes-là voulaient, tout simplement, être belles, pour bien représenter leurs maris. »

Les années 60, dans l'ancienne Tchécoslovaquie, se sont aussi des accessoires en plastique aux couleurs pastels (très « in » à l'époque), des sacs en filet (chic et pratique), des magnétos à bandes, les premiers robots de cuisine et le fameux sèche-cheveux pistolet dont certaines ménagères ont toujours du mal à se séparer. Les meubles, c'est un chapitre à part. Les commissaires de l'exposition ont aménagé, à Roztoky, un véritable « living ». Là encore, rien d'artificiel : on a très envie de se poser sur ce sofa aux couleurs un brin fanées, d'allumer cette superbe lampe « fleur » - design culte des années 60. Tous ces meubles proviennent d'ailleurs de successions vacantes non-réclamées.

Le style de vie adopté à la fin des années 50 et au cours de la décennie suivante se traduit par l'utilisation de nouveaux matériaux et de nouvelles techniques, dans la mode, dans le design, dans l'art tout court, mais aussi dans la fabrication industrielle. Après l'Expo 58 de Bruxelles, on parlera du « style bruxellois » : basé sur asymétrie, légèreté, mouvement et couleurs unies. Un style dont les plasticiens tchèques sont devenus les maîtres incontestés, comme l'affirme Ivo Kren du Musée de Pardubice :

« Le pavillon tchèque à l'Expo 58 de Bruxelles, qui fut notamment une vitrine de l'artisanat national, a remporté un succès fou. Mais avant cela, le verre et le design industriel tchèques avaient déjà été applaudis à la Triennale de Milan, en 1957. N'oublions pas que les verriers avaient un gros avantage, par rapports aux autres plasticiens - leur art fut considéré, même par les autorités d'alors, comme apolitique. Rien ne les empêchait donc de créer librement et de se faire une renommée internationale. Progressivement, ils se sont détachés de la production industrielle, pour se lancer dans leur création originale. On peut dire, sans exagérer, qu'en matière de création industrielle, les Tchèques ont fait figure de pionniers, puis de l'élite mondiale. »

Les travaux de Frantisek Tejml, Vladimir Kopecky, Vladislav Oliva, Dana Vachtova et d'autres verriers tchèques renommés sont donc à découvrir jusqu'à la mi-octobre au château de Roztoky. N'oublions pas non plus la céramique et la porcelaine : un nom pour tous - Jitka Forejtova, dont les statuettes de danseuses de ballet, inspirées de la ballerine Marta Drottnerova, décorent, aujourd'hui encore, certains foyers tchèques.

Je vous passe maintenant un tube tchèque des années 60 que l'on a retrouvé dans le film « Pelisky », un des plus gros succès du cinéma tchèque après la Révolution de velours.

Auteurs: Martina Schneibergová , Magdalena Segertová
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