Une visite de Vysehrad, second plus important complexe historique de Prague
L'une des promenades automnales préférées des Pragois, c'est Vysehrad, le second plus important complexe historique, après le Château de Prague, qui se dresse sur un rocher dominant la rive droite de la Vltava. Un site très ancien, entouré de légendes et procurant beaucoup de choses intéressantes à voir.
Le lieu dit Vysehrad, dont le nom pourrait être traduit comme le haut château, est un lieu fortifié très ancien. Sa fondation remonte, selon la légende, jusqu'au 8e siècle, mais en réalité, à la première moitié du 10e siècle. Grâce à sa position avantageuse, sur un rocher abrupt se dressant au-dessus de la rivière Vltava, Vysehrad est devenu, dès la deuxième moitié du 10e siècle, le siège des princes tchèques auxquels nous devons un grand essor des travaux de construction. L'importance de ce lieu a grandi encore en 1070, par la fondation du chapitre qui, après le retour du souverain au Château de Prague, en 1140, a joué un rôle important pour le maintien de la position de Vysehrad en tant que siège de l'évêque. Selon la légende, une fondation mythique est attribuée à Vysehrad. Le plus ancien chroniqueur tchèque, Kosmas, au 11e siècle, fait de la princesse Libuse la fondatrice de Vysehrad. Selon le chroniqueur, après la mort du fameux patriarche des Tchèques, Cech, c'est Krok, qui est élu duc. Il a trois filles, dont Libuse, la plus jeune. Toutes trois sont magiciennes et prophétesses. Libuse est la plus sage et la plus éclairée. Après la mort de Krok, elle succède, en 710, à son père et fonde le château de Vysehrad. En 717, Libuse aurait prédit la fondation du Château de Prague, ceci, pour le moins, selon sa fameuse prophétie qui s'est maintenue dans les chroniques: "Je vois une grande ville dont la gloire atteint les cieux, je vois un lieu dans la forêt, loin de trente coudées de notre Château / c'est-à-dire Vysehrad/ et sa limite est celle des vagues de la Vltava. Lorsque vous y parviendrez, vous trouverez un homme qui, au milieu de la forêt, se taille un seuil. Et parce que même les plus grands seigneurs s'inclinent devant un seuil bas, vous nommerez le château que vous construirez Praha, d'après le mot seuil.
Tout ce que nous venons de dire est, bien entendu, purement légendaire. En réalité, le château de Vysehrad a été fondé dans la première moitié du 10e siècle. Il a vécu une ère de gloire sous le règne de Charles IV: édification de nouvelles fortifications gothiques, reconstruction du palais royal et de l'église capitulaire. D'après le règlement édicté par Charles IV, la cérémonie de couronnement des rois tchèques devait commencer à Vysehrad et le cortège devait s'engager sur la Voie royale, pour aller jusqu'au Château de Prague. A l'époque de la révolution hussite, en 1420, les Pragois ont battu l'armée royale devant Vysehrad et ont occupé cette colline. Dans la deuxième moitié du 15e siècle, des groupes d'habitation urbaine ont été construits à la place des espaces dévastés. Au 17e, la colline a été reconstruite en forteresse baroque, en service jusqu'au 1866. En 1883, Vysehrad est rattaché à Prague, devenant l'un de ses quartiers.
Des origines lointaines de ce lieu, il reste plusieurs vestiges: en arrivant à Vysehrad, on franchit une première porte, celle de Tabor, construite en 1655, qui fait partie des fortifications avancées. Par la porte Léopold /1678/, décorée des sculptures de Carlo Lurago, on arrive à l'intérieur de la forteresse. Entre les deux portes sont conservés quelques vestiges de la fortification commandée par Charles IV. A droite, s'élève la rotonde Saint-Martin, la plus ancienne rotonde de Prague, datant des années 1050-1100, sauf le portail sud, aménagé lors des restaurations du 19e siècle. Les autres édifices religieux du Moyen Age ont disparu, il ne subsiste que de modestes vestiges de la basilique romane de Saint-Laurent, qui est l'objet d'importantes fouilles archéologiques.
La dominante de Vysehrad, l'église Saint-Pierre-et-Saint-Paul. A l'origine une église romane, il n'en reste aujourd'hui que les fondations, recouvertes par une église néo-gothique de valeur artistique moyenne. Un endroit qu'on ne peut manquer de visiter à Vysehrad, c'est le cimetière. Il a pris une importance nouvelle, à partir de 1875, quand a été construit un portique à arcades néo-Renaissance aux voûtes peintes et quand y ont été recueillies les dépouilles des grands hommes de la nation. Près de 600 personnalités éminentes de la culture nationale tchèque sont inhumées à Vysehrad: les peintres Mikolas Ales, Antonin Chittusi, Karel Purkyne, Vaclav Spala, les écrivains et poètes Karel Hynek Macha, Jan Neruda, Bozena Nemcova, Karel Capek, les musiciens Bedrich Smetana et Antonin Dvorak. Un monument domine le cimetière, érigé en l'honneur du Génie de la patrie, dénommé Slavin - le lieu de la gloire.
Le complexe de Vysehrad contient aussi un vaste parc dans lequel sont installées les statues imposantes des personnages de la mythologie tchèque: on y reconnaît notamment Premysl le Laboureur, époux de la princesse Libuse et fondateur légendaire du royaume de Bohême, ainsi que d'autres personnages des vieilles légendes tchèques. Ces groupes sculptés de Myslbek ornaient primitivement le pont Palacky et ont été transférés ici en 1948.
Vysehrad est non seulement le lieu préféré de promenades automnales des Pragois. En tant que le plus ancien siège du pouvoir étatique, il a gardé une position de symbole. Ceci s'est prouvé plusieurs fois dans des moments décisifs du pays, dernièrement le 17 novembre 1989. Après un rassemblement réuni ce jour-là en hommage du 50e anniversaire de la fermeture des écoles supérieures, le puissant défilé de Pragois s'est spontanément dirigé vers Vysehrad. C'est à ces pieds, dans la rue Vysehradska, que les Pragois avaient été pour la première fois arrêtés par le cordon des policiers munis de boucliers et de matraques. Bref, Vysehrad fait partie des lieux sacrés, tels que la place Venceslas nommée selon le patron des Tchèques, saint Venceslas. Mais ce serait un autre sujet.