Les légendes de Prague
Comme tous les derniers dimanches du mois, la page touristique de Radio Prague nous amènera sur les lieux entourés de légendes et de mystères. Nous vous invitons à la maison Faust et à la maison de l'Homme de fer.
(Place Charles). C'est un bâtiment magnifique, reconstruit au 18e siècle dans le style baroque. La légende dit que le docteur Faust habitait en ces lieux et se consacrait à la magie noire dans un laboratoire secret, assisté de son serviteur. Tombé amoureux d'une femme très jeune, il voulait retrouver sa jeunesse perdue... Alors, il a fait appel au diable qui réalisa son voeu en échange de l'âme de Faust. Le délai convenu écoulé, le diable est venu chercher Faust dans son laboratoire pour l'emporter en Enfer en passant par le plafond. Depuis, la maison est restée abandonnée car les gens avaient peur d'y habiter.
Un jour en fin d'été, un jeune homme s'est arrêté devant la porte de la maison de Faust. C'était un pauvre orphelin habillé en vêtements usés. Il n'avait personne au monde et venait de la campagne pour étudier à l'Université Charles. Il était si pauvre qu'il n'avait même pas les moyens de payer la modeste somme demandée par la cité universitaire et, encore moins, un sous-loyer. Il se souvint de la maison de Faust, car on en parlait avec angoisse dans tout le pays. Il savait bien qu'elle était inhabitée. Il s'assura que la porte était bel et bien fermée et alla demander l'autorisation d'y habiter aux conseillers municipaux de la Mairie de Prague. Les conseillers essayaient de dissuader l'étudiant en lui expliquant que la maison était hantée. Finalement, voyant qu'il ne se laissera pas persuader, ils lui donnèrent la clef de la porte. L'étudiant était tout content et se précipita à rejoindre sa nouvelle demeure. L'intérieur lui plaisait énormément : des pièces spacieuses, une salle à manger avec une cheminée, une magnifique chambre à coucher' Il s'endormit immédiatement dans le lit à baldaquin. Le matin, l'étudiant se réveilla tard, mais sain et sauf. Il avait très faim et n'avait toujours pas un sou. Tout en réfléchissant où trouver un travail qui lui ferait gagner de l'argent, il s'est aperçu qu'une planche du sol était de travers. En voulant la remettre en place, la planche bascula et un craquement se fit entendre. L'étudiant stupéfait, regarda vers le plafond d'où venait le bruit et vit descendre un escalier en colimaçon en métal très léger. Curieux, il monta. Après avoir atteint la dernière marche, l'escalier avait disparu. L'étudiant se retrouva dans un laboratoire équipé de différents récipients en cuivre, ballons à distiller, éprouvettes, cornues'Des livres à écritures bizarres traînaient un peu partout.
Un trou noir au plafond témoignait du passage du diable. Sur la table se trouvait une écuelle en verre noir contenant un écu en argent. Tout content, il le prit et chercha la sortie. En appuyant du pied à l'endroit où l'escalier avait disparu, il le fit réapparaître. Le jour suivant, il remonta au laboratoire et au même endroit, il trouva encore un écu en argent. Il en déduisit qu'il s'agissait de la faveur d'un esprit sain. Maintenant, il avait assez d'argent pour se vêtir élégamment, boire et manger à son aise. Parfois il invitait ses amis et leurs faisait visiter la maison et le laboratoire. Le seul objet que l'étudiant ne montrait pas, était l'écuelle magique, la ressource de ses revenus. Ses amis l'admiraient, certains l'enviaient, mais aucun d'eux n'aurait voulut habiter dans la maison ayant trop peur de suivre le destin du docteur Faust. L'étudiant dépensait de plus en plus et commençait à manquer d'argent. Il aurait bien voulu trouver tous les matins une écuelle pleine d'écus et pas qu'une seule pièce. Une nuit, il se décida à invoquer le diable pour lui demander de l'argent?
Ne le voyant pas pendant plusieurs jours, ses amis commencèrent à s'inquiéter. D'habitude il était parmi eux tous les soirs à l'auberge et restait jusqu'à l'aube. Les jeunes gens décidèrent d'aller voir la maison de Faust. Ils sonnaient, mais personne ne répondait. Alors ils escaladèrent le mur pour entrer dans la maison par le jardin, mais ils ne trouvèrent personne. Un des étudiants se rappela le mécanisme de l'escalier et fit basculer la planche. L'escalier est apparu et tous montèrent au laboratoire. Le laboratoire était en grand désordre et on sentait fortement le souffre. Au plafond le trou béant était encore plus grand qu'avant et fraîchement entamé par le feu. Tout le monde avait compris ce qui était arrivé. Leur ami s'est fait emporter par le diable en Enfer, tout comme le docteur Faust.
Personne ne voulait habiter la maison de Faust jusqu'au jour ou un commerçant l'acheta à très bon marché. Il fit murer le trou au plafond et, depuis, les gens y vivaient tranquillement.
La Rue des Armuriers passe du Cloître des Chevaliers de la Croix en direction de la place de la Vieille Ville. Son nom lui revient des armureries qui s'y trouvaient en grand nombre au 14e siècle. Il y a longtemps, dans l'enfoncement d'une des maisons se trouvait une statue en pierre d'un chevalier en armure. On aurait pu penser qu'il s'agissait du symbole corporatif des armuriers mais les gens très âgés racontaient une toute autre histoire.
Jadis, un chevalier avait violé et assassiné une jeune fille innocente. Le crime méritait un châtiment. Après sa mort, le chevalier a été transformé en statue de pierre. Il devait tenir la garde devant la maison à l'endroit où le crime avait été commis, avec l'armure qu'il portait de son vivant. L'occasion d'enlever la malédiction ne se présentait qu'une fois tous les cent ans; le jour et à l'heure de la perpétration du crime. La personne qui devait prononcer la formule magique, ne pouvait être qu'une jeune fille innocente et du même âge que la victime du vil chevalier.
Les siècles passaient et, à nouveau, la fin de siècle approchait. En ces temps, une veuve et sa fille habitaient la maison. La fille était jeune, innocente et du même âge que la victime. Un jour avant l'anniversaire du crime, la veuve était sortie au marché laissant sa fille seule à la maison. Vers midi, la jeune fille entendit des pas lourds dans le corridor. Soudainement, la porte s'ouvrit à toute volée laissant entrer le chevalier. Terrifiée, la jeune fille tomba à genou. Le chevalier la releva et lui expliqua la raison de sa présence. Il pria la jeune fille de le délivrer de la malédiction qui pesait sur lui. Il fallait que le jour suivant la jeune fille soit présente et prononce la formule magique en ne soufflant mot à personne sur sa rencontre avec le chevalier. La jeune fille voulait garder le secret sur sa mystérieuse aventure mais, finalement, elle ne résista pas et raconta tout à sa mère. La mère avait très peur pour sa fille, la croyant en terrible danger. Le jour suivant, lorsque midi approchait, la mère enferma la jeune fille à tour de clef dans sa chambre et resta, elle-même, dans la cuisine. A midi pile, le chevalier entra. A la vue de la veuve, il soupira : « Mon Dieu, il faudra encore attendre que cent ans s'écoulent. »
Depuis ce jour, le chevalier tenait la garde devant la maison, mais personne n'essaya de le délivrer. Au fil des ans, la maison a été reconstruite et la statue détruite. Le chevalier restera donc maudit à jamais.