Recettes publiques : le prix de la fraude douanière
A cause de la fraude douanière, l'Etat perd des milliards. L'alcool, les cigarettes et les produits agricoles constituent les domaines de prédilection des trafiquants. Omar Mounir.
Des firmes aussi bien que des personnes physiques doivent à la douane, en République tchèque, beaucoup d'argent toujours impayé. Au titre de l'année dernière, par exemple, il reste à recouvrer en taxe douanière pas moins de 5,5 milliards de couronnes. Et déjà, à la fin du premier semestre de cette année, cette somme est portée à 6 milliards de couronnes, l'équivalent de 1 milliards de FF.
On n'en est toujours pas à la fraude douanière. Elle serait de combien ? A cette question capitale, il est pratiquement impossible de répondre avec une relative précision. Toutefois, on dispose d'un repère susceptible d'être un point de départ : les tentatives de fraude découvertes par la douane. Des chiffres édifiants. Lors du seul premier semestre de cette année, la douane a enregistré 9403 cas de fraude et confisqué l'équivalent de 7,7 milliards de couronnes de marchandises, soit 1,4 milliard de FF. Si l'on considérait que les douaniers découvrent le dixième de la fraude seulement, il faudrait multiplier ce chiffre par 10 pour approcher le volume du trafic.
Sur la durée, on en arrive à des sommes astronomiques. A la fraude douanière, s'associent les organisations criminelles. La mafia internationale avait un doigt dans le trafic de fuel du début de la décennie quatre-vingt-dix. Le fuel était importé comme fuel industriel et vendu comme fuel pour véhicules. L'Etat y a perdu à peu près 70 milliards de couronnes, soit le dixième de toute la recette fiscale nationale. La préférence des fraudeurs va, selon les responsables douaniers, aux produits lourdement imposés et aux produits subventionnés. Le plus souvent, on se contente d'une fausse déclaration : un prix inférieur au prix réel ou une quantité inférieure à la quantité réelle. Certains n'hésitent pas à falsifier les documents douaniers.
Les observateurs estiment que le gouvernement social-démocrate de Milos Zeman a échoué dans la lutte contre la fraude fiscale et la fraude douanière, pourtant une promesse électorale. C'est pourquoi, lit-on dans Lidove noviny, le ministère des Finances prépare un projet de loi pour la fusion de l'administration des impôts avec celle des douanes. En quoi cela pourrait aider à lutter contre la fraude ? C'est la question qui se pose.