La préretraite coûterait cher
Ceux qui iraient en préretraite à partir de juillet 2001, leur pension serait inférieure à ce qu'elle pourrait être aujourd'hui. Cette décision est du gouvernement. Les députés viennent de lui donner force de loi. Le gain pour l'Etat serait de 90 à 370 couronnes par préretraite et par mois. Pourquoi ces rajustements au trébuchet ? Explication avec Omar Mounir.
Le gouvernement a agi de la sorte, tout simplement parce que, après avoir compté ses billes, il a trouvé que, contrairement à ce que l'on croit, en Tchéquie tout au moins, les départs en préretraite ne contribuent pas forcément à la résorption du chômage. Pire pour l'Etat, dit le ministre du Travail et des Affaires sociales, cette solution est un marché de dupe. Car les employeurs, au départ du préretraité, qu'ils auraient même tendance à encourager dans ce sens, n'embauchent pas systématiquement, mais en profiteraient souvent pour restructurer l'entreprise en supprimant le poste. Double inconvénient pour l'Etat, il supporte le coût de la restructuration par le biais de la retraite et paye deux inactifs : le préretraité qui devait garder son poste et le chômeur qui devait le remplacer. L'employeur, loin de se faire mauvaise conscience, il lui arrive de s'en venter en considérant que ce départ lui a évité de licencier, par exemple, un père de famille nombreuse, même si ça ne court pas les rues dans le pays.
De plus, le phénomène s'accentue. Alors qu'en 1996, date de l'institution de la préretraite, ils n'étaient que 10.800 à avoir recouru à ce moyen, ils vont être, quelque 57.000 en l'an 2000, ce qui représente environ 6% de l'ensemble des mises à la retraite cette année-là. Des départs massifs et donc un coût pour l'Etat en croissance géométrique. 1997 : 0,9 milliards de couronnes ; 1999 : plus de 4,7 milliards, soit 2,8% de l'enveloppe budgétaire destinée aux retraites.
La pratique a ébranlé un autre mythe. L'Etat n'est pas forcément gagnant, selon qu'il a dans la rue un préretraité ou un chômeur. Le préretraité lui coûte annuellement une moyenne de 165.000 couronnes et le chômeur lui en coûte 171.800. C'est la raison pour laquelle le gouvernement, qui cherche à éviter une dépense, a choisi, sans rien interdire, de dissuader les cinquantenaires candidats à la pantoufle.
La question est de savoir si cette mesure serait de nature à décourager les candidats. N'importe comment, on retrouve toujours la loi éternelle des conflits sociaux. Sur les trois partenaires traditionnels, l'Etat, l'employeur et le salarié, c'est ce dernier qui fait les frais de l'arrangement.