Une visite de Hradec Kralove
Aujourd'hui, je vous invite en Bohême orientale, et dans sa métropole, Hradec Kralove. Une raison particulière pour nous y rendre est qu'elle fête, cette année, le 777e anniversaire depuis la première mention écrite sur la ville de Hradec. Le document a été émis, en 1225, par le roi Premysl Otakar 1er.
La métropole de la Bohême orientale, Hradec Kralove, s'étend dans la vallée de l'Elbe. Sur plus de 100 km carrés y vit 100 000 habitants. La ville est le siège du commerce, des banques, des institutions administratives d'importance régionale et nationale. Elle est le centre de l'enseignement et de la culture. La faculté de médecine, la faculté pédagogique, la faculté de l'informatique et du management se trouvent ici, ainsi que le musée de Bohême orientale, la Galerie d'art moderne, le théâtre Klicpera et le théâtre de marionnettes, Drak.
Hradec Kralove affiche plus d'une primauté: elle est l'unique ville en République tchèque à posséder deux réserves municipales protégées: le noyau historique, avec des bâtiments de style gothique, Renaissance, baroque, Empire et rococo a trouvé un digne contrepoids dans la nouvelle ville conçue en style du fonctionnalisme, avec quelques précieux bâtiments cubistes. Hradec Kralove est l'une des villes historiques les plus marquantes de Bohême. Au 14e siècle, elle est devenue ville résidentielle de la reine de Bohême et de Pologne, Elisabeth Rejcka, épouse du roi Venceslas II. Après sa mort, la reine s'est installée à Hradec, d'où l'attribut Kralove - qui veut dire de la reine. L'arrivée d'Elisabeth fut un grand événement. La même année, a commencé la construction de l'église du Saint-Esprit. La ville est passée en tête des villes dotales de Bohême. Son prestige ne cessait d'augmenter. Hradec recevait des dons et jouissait des privilèges des rois Jean de Luxembourg, Charles IV et Venceslas IV. Par son importance, sa superficie et son nombre d'habitants, Hradec a, alors, été la deuxième ville du royaume, après Prague.
Hradec a perdu sa position dominante, au 16e siècle, lorsqu'elle s'est jointe à l'opposition de villes royales tchèques contre l'empereur Ferdinand 1er. La réponse ne s'est pas fait attendre. L'an 1547 fut celui de la confiscation des biens et de la perte de la majorité de ses droits. Une partie des biens allait être restituée, plus tard, à Hradec, mais sa position d'autrefois n'a pas été récupérée. En 1664, un évêché a été établi à Hradec. Les jésuites ont fait construire la monumentale église de l'Assomption de la Vierge en style baroque, reliée au collège, ensuite la résidence épiscopale abritant une collection d'art régional, la splendide chapelle Saint-Clément, et la colonne mariale. L'essor de la construction a été interrompu, au 18e siècle. En 1763, après la fin des guerres pour la Succession d'Autriche, une ligne de fortifications pour se protéger contre la Prusse est édifiée dans plusieurs villes de Bohême du nord-est, dont Hradec, qui est aussi la première à accueillir une forteresse, la deuxième étant élevée à Terezin. La ville est transformée en citadelle antiprusienne qui accompli sa fonction dès 1778. Sous le règne de l'empereur Joseph II, Hradec souffre d'une germanisation. La forte tradition patriotique a, cependant, survécu à Hradec. La vie culturelle se concentrait autour de 4 institutions: le théâtre, le lycée, le séminaire et la maison d'édition avec la librairie. Beaucoup de grands des lettres tchèques ont fait des études au lycée de Hradec: Josef Kajetan Tyl, Frantrisek Skroup, Karel Jaromir Erben, et plus tard Alois Jirasek et Karel Capek.
Hradec Kralove détient une primauté à l'échelle nationale dans la fabrication des instruments de musique. En 1842, Vaclav Frantisek Cerveny ouvre un atelier de fabrication d'instruments de musique. En 1844, il présente sa première invention - le cornon, qui est un cor de chasse à sonorité plus pénétrante et plus facile à manier. Antonin Petrof est la deuxième personnalité remarquable de Hradec. En 1862, il y fonde d'abord une manufacture d'assemblage de piano, et sept ans plus tard sa propre usine de fabrication des pianos, la première en son genre, en Bohême. La marque Petrof va devenir mondialement réputée. Depuis 1874, Petrof fait des exportations sur la totalité des marchés autrichiens et saxons. Par le chemin de fer, auquel Hradec est relié depuis 1857, il exporte des pianos en Russie, dans les Balkans, en Amérique du nord et du sud, en Australie, au Japon, en Chine et au sud de l'Afrique.
Une autre primauté de Hradec Kralove, c'est son aspect urbanistique parfait. Tout commence par l'arrivée de Frantisek Ulrich, élu maire de Hradec, en 1895. Les 30 ans de son mandat, il les a mis au profit de l'édification d'une métropole moderne. Au tournant des siècles, il a fait venir à Hradec d'éminents architectes de Vienne et de Prague. Le fondateur de l'architecture tchèque moderne, le professeur Jan Kotera, y réalise les projets de plusieurs bâtiments importants. Parmi eux, le Musée, construit entre 1908 - 1912, est certes le plus somptueux et le plus représentatif de la ville. Les fortifications sont démolies, le cours de l'Elbe aménagé, de nouveaux ponts et quais sont construits, de nouveaux parcs et allées noyées dans la verdure apparaissent au centre-ville.
Dans les années trente du 20e siècle, Hradec Kralove reçoit l'attribut "Salon de la République". Jan Kotera trouve un continuateur de son oeuvre en la personne de son disciple, Josef Gocar. Grâce à Gocar, Hradec possède de nombreux édifices dont la maçonnerie est en briques brutes d'un rouge éclatant: parmi eux, citons l'Ecole nationale de tannerie, le lycée, de nombreuses écoles, et le siège de l'Eglise tchécoslovaque avec une église attenante. Après la guerre, les réalisateurs renouent avec la tradition urbanistique, afin que la ville garde, aux yeux des experts et du public, la réputation d'un "Salon de la République."
Terminons notre visite de Hradec par un mot sur son jumelage avec la ville française de Metz. M. Jean-Marie Rausch, maire de Metz, a rappelé, lors d'une rencontre avec le maire de Hradec, je cite: ce pont jeté entre nos deux villes va renforcer leurs positions respectives sur le vaste échiquier économique que constitue l'Europe centrale...