Le succès de Le Pen vu par les médias tchèques
Le succès de Jean-Marie Le Pen, au premier tour des présidentielles en France, est à la une, aussi, de la presse tchèque. Alena Gebertova l'a lue pour vous.
Le choc venu de France. Les Français ont donné leurs voix à l'extrême droite. La débâcle française. Le nationaliste Le Pen a choqué. Le tremblement de terre électoral en France... Voilà quelques-uns des titres des journaux tchèques de ce lundi. Ceux-ci sont unanimes à déplorer le taux de participation relativement faible, au premier tour des présidentielles, et à constater que ses résultats ont bouleversé la France. Certains commentaires parlent, également, de la « lassitude » des Français de la politique telle qu'elle a été pratiquée, au cours des cinq dernières années.
Le succès électoral de Jean-Marie Le Pen est une punition pour les partis politiques français traditionnels et la débâcle des élites traditionnelles, écrit Adam Cerny dans Hospodarske noviny. Pour lui, l'inquiétude est d'autant plus grande que le succès de l'extrême droite arrive dans un pays, dont les représentants avaient formulé des réserves en rapport avec la présence des Libéraux de Jörg Haider à la coalition gouvernementale autrichienne ou, encore, en rapport avec la victoire électorale de Silvio Berlusconi en Italie... La France risque-t-elle d'entamer le chemin dangereux de l'extrémisme, du populisme et du nationalisme ? A cette question, le quotidien tchèque le plus lu, MfD, répond par la négative. Cela dit, peut-on lire sur ses pages, les voix données à un extrémiste dangereux, sont un avertissement pour l'évolution future dans ce pays d'Europe occidentale, non moins qu'une leçon pour les politiciens français.
Le quotidien Lidove noviny publie un portrait de Le Pen, mettant en relief son discours xénophobe et raciste. Les photos l'accompagnant rappellent ses rencontres avec Saddam Husseïn, Vladimir Zirinovski et Miroslav Sladek. La rencontre avec ce dernier, à l'époque leader du parti des républicains, un parti tchèque d'extrême droite, a eu lieu, en 1999, à Prague.
Pour Vaclav Klaus, chef de l'ODS, premier parti de droite dans le pays et président de la Chambre des députés, le succès de Jean-Marie Le Pen, au premier tour des présidentielles en France, est un exemple éloquent de l'unification précoce de l'Europe. « Celle-ci peut ranimer les esprits tels Le Pen, qui est un nationaliste, voire un nationaliste fascisant », a-t-il déclaré à la Télévision tchèque.