Le cours de la couronne
La couronne est actuellement forte est cela pose de plus en plus de problèmes à l'économie tchèque. Comment arrêter sa croissance ? C'est la question est à l'ordre du jour. Et c'est d'autant plus urgent que l'effet négatif d'une monnaie forte se manifeste tout d'abord, comme partout dans le monde, chez des petites et moyennes entreprises ; mais il commence aussi à se refléter dans les performances des grandes sociétés.
La couronne est actuellement forte est cela pose de plus en plus de problèmes à l'économie tchèque. Comment arrêter sa croissance ? C'est la question est à l'ordre du jour. Et c'est d'autant plus urgent que l'effet négatif d'une monnaie forte se manifeste tout d'abord, comme partout dans le monde, chez des petites et moyennes entreprises ; mais il commence aussi à se refléter dans les performances des grandes sociétés. La banque nationale a recouru à des interventions efficaces, comme, par exemple, la diminution des taux d'intérêt. Mais les experts pensent que la situation persisterait et, d'aucuns avancent une solution à priori folle : l'instauration de l'Euro comme monnaie nationale de la République tchèque, avant même son admission à l'UE. Une proposition d'autant plus choquante que par ailleurs, spécialistes et politiciens parlent de l'horizon 2010.
Il est vrai que d'autres, en revanche, rétorquent que le temps est venu d'y penser, estimant que l'instauration de l'Euro aurait empêché l'influence du taux de change sur l'économie tchèque. Il est inimaginable, pour ce courant de pensée, que les économistes aient été pris au dépourvu par la montée de la couronne tchèque. Simplement parce que tout économiste ne peut pas s'attendre à ce que une économie en croissance, comme c'est le cas en Tchéquie, soit toujours accompagnée d'une couronne faible. Dans la même logique, on conclut que la croissance de la couronne est inévitable est que la question qui se pose concerne plutôt la rapidité de cette croissance. Si c'est entre 5 à 10% en deux ans, le maintient de la couronne serait acceptable ; mais si le renforcement de la monnaie dépasse 20% dans un temps assez court, le problème devient sérieux. Comprenez par-là que l'euro serait le refuge et donc la solution idéale.
Mais il est une voix très forte et on ne peut plus sérieuse qui souscrit à l'instauration de l'euro, monnaie tchèque, le plus vite possible. Cette voix est celle de l'économiste Jan Svejnar, professeur d'économie de l'Université du Michigan, qui travaille également au Centre des recherches économiques de l'Université Charles ; il aurait aimé mettre à l'épreuve politiciens et économistes dans un débat sur ce problème. "Si la couronne continue à se renforcer, dit-il, il faut voir si on ne doit pas instaurer l'Euro. Si la couronne est supprimée et remplacée par l'Euro, ce serait un attachement beaucoup plus fort à une monnaie, qui tôt ou tard, deviendrait la monnaie tchèque", a dit Svejnar au quotidien économique tchèque, Hospodarske noviny.
Les politiciens refusent une telle éventualité pour des raisons, disent-ils, économiques entre autres. Ils considèrent cela comme une idée folle. La République tchèque se retrouverait d'un seul coup au niveau du Monténégro ou de la Bosnie, rétorquent-ils. "Je refuse de discuter de ce sujet, c'est impensable" a constaté l'économiste de l'ODS Martin Kocourek. Il est convaincu qu'il faut toujours évaluer les "pour" et les "contre" d'une couronne forte : "La force actuelle de la couronne reflète la situation économique globale, a-t-il dit, la balance commerciale de l'Etat s'est améliorée. Les exportateurs seront obligés de s'habituer à une monnaie forte". Bien sûr, c'est vite dit. Kocourek a omis de parler de ceux, nombreux, qui avec la montée incessante de la couronne, se voient hors de compétition sur le marché européen et condamnés à mettre, à terme, la clé sous le paillasson. Le vice-président de l'Union de la Liberté, Ivan Pilip, considère l'idée de Svejnar comme un apport intéressant, mais uniquement dans un débat théorique. "Même si je fais fi de la scène locale politique et des problèmes économiques liés à cette démarche, je dois rappeler qu'une telle affaire ne sera pas accueillie favorablement, pas même par l'Union européenne. Selon Pilip, aucun changement systématique ne doit avoir lieu avant l'admission du pays à l'Union. Il est vrai que Svejnar admet que l'idée de l'euro, monnaie de la Tchéquie avant même son admission à l'Union, n'est pas de nature à enchanter l'Europe non plus. Mais il pense que si les politiciens étaient confrontés à une telle vision, ils seraient obligés de l'envisager sérieusement. "Oui, cela demandera des consultations , a-t-il dit. Il n'est pas exclu que l'U.E. accepte cette solution, surtout si plusieurs pays le demandent. Par exemple, la Pologne ou la Hongrie, elles aussi, peuvent faire leur demande".
Même l'U.E., selon Svejnar sait que l'instauration de l'euro n'est pas synonyme d'admission à l'Union. L'Etat qui accepte cette monnaie n'est pas automatiquement accepté au sein de l'Union. Face aux idées de Svejnar, il y a plus : l'instauration unilatérale de l'Euro n'est pas acceptable, non plus, pour la banque centrale tchèque. Selon son vice-gouverneur Ludek Niedermayer, ce processus doit se dérouler conformément au procédé usuel. Ce n'est que quand tous les critères de Maastricht seront accomplis que le nouveau membre de l'Union peut valablement adopter la monnaie commune.
On parle trop de la corruption en Tchéquie, et certains se demandent si nous ne faisons pas trop le mea culpa quand nous n'arrêtons pas de dire qu'il y a en Tchéquie une très forte corruption. Selon Jan Svejnar, il suffit de feuilleter la presse pour trouver de nombreux exemples de corruption et se rendre à l'évidence que la Tchéquie n'est pas une île exceptionnelle des corrompus. "' Nous, les Tchèques et les Moraves, a-t-il dit dans une interview au quotidien Pravo, nous avons une tendance au pessimisme, nous nous mesurons très durement. D'un autre côté, il n'est pas possible de "se foutre" du fait que les faillites de "l'époque d'or" de la privatisation par coupons sont à l'origine de cette réputation de république corrompue. Les histoires sur la corruption sont écoutées déjà avec une idée préconçue, à savoir que ce qui se dit est vrai et que, probablement, la corruption existe partout. De la sorte, l'image de la république est ici, d'entrée de jeu, présumée mauvaise. La corruption, évidemment, ne peut être tout à fait éliminée, elle se manifeste partout, mais on peut diminuer les conditions qui lui sont favorables. Le problème réside aussi, dans le fait, qu'il est très difficile de découvrir la corruption et de la prouver. Même si nombreux sont ceux qui disent disposer des exemples de corruption qu'ils peuvent prouver, directement ou indirectement, il n'est pas possible de mesurer l'étendue de la corruption dans la société. De plus, il ne faut pas sous-estimer, du point de vue des investisseurs étrangers, un fait comme, par exemple, l'accélération d'une privatisation par la vente directe sans un appel d'offre. Partout dans le monde, un tel procédé est automatiquement associé à la corruption. Ces investisseurs ont raison, dans certains cas, mais pas dans d'autres. Il n'y a rien à faire dans cette situation, hormis qu'il faut faire tout pour empêcher la corruption : agir concrètement pour changer cette mauvaise réputation de la République tchèque, pour quelque chose, qui, malheureusement, existe dans le monde."