La rétrospective de Karel Svolinsky

Ces jours-ci les Pragois peuvent voir au palais Kinsky, place de la Vieille ville, une rétrospective du peintre Karel Svolinsky. Parmi les premiers visiteurs il y avait aussi Vaclav Richter.

Plusieurs centaines d'oeuvres ont été réunies dans quinze salles du palais Kinski pour présenter Karel Svolinsky, et pourtant cette exposition n'arrive pas à couvrir toute l'ampleur des activités de cet artiste qui a vécu entre les années 1896 et 1996. Ce n'était pas le pinceau mais le ciseau qui était son instrument préféré au début de sa carrière. Il voulait devenir d'abord sculpteur en bois mais son talent pour la peinture et surtout pour le dessin s'est imposé et éclaté déjà au milieu des années vingt. C'est à cette époque que Karel Svolinsky publie le célèbre poème de Karel Hynek Macha "Mai" orné de ses illustrations, livre qui lui vaudra, en 1925, le Grand Prix de l'Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes à Paris. Et ce n'est que le début d'une longue liste de ses oeuvres qui le rendront bientôt célèbre dans son pays. Il préfère l'aquarelle à la peinture à l'huile et il réalise d'innombrables illustrations de livres. Il illustre beaucoup de livres tchèques mais aussi un certain nombre d'auteurs étrangers dont Shakespeare, Villon, Eluard, Cocteau. Il ne cesse de chercher son inspiration dans l'art populaire et le folklore qui laissent une empreinte ineffaçable dans son style. Dans les années quarante et cinquante il crée des illustrations très réussies pour "L'Année tchèque", un ouvrage ambitieux en quatre tomes de Karel Plicka et de Frantisek Volf qui est une espèce d'anthologie de la littérature populaire tchèque. Son style dépouillé et sa ligne caractéristique s'imposent aussi dans un nombre impressionnant de projets de timbre-poste, dans des portraits, dans des projets de décors et de costumes pour des opéras de Smetana, de Dvorak et de Janacek. L'exposition du palais Kinski révèle une autre facette de sa création - ses travaux sculptés, ses marionnettes et ses vitraux. C'est lui qui a orné de statuettes de travailleurs l'horloge astronomique de la ville d'Olomouc en Moravie et en a fait l'ouvrage le plus discutable et le plus discuté de son genre. Mais il savait aussi modifier son style et le mettre au service de l'art sacré. C'est d'après ses cartons qu'on a réalisé plusieurs vitraux immenses à la cathédrale Saint-Guy à Prague et dans d'autres églises tchèques, vitraux qui développent d'une façon originale la leçon de l'art gothique. La rétrospective de Karel Svolinsky sera ouverte jusqu'au 10 mars.