Jiri Kolar n'est plus

Jiri Kolar, photo: CTK

L'une des personnalités les plus éminentes et les plus en vue de l'art tchèque du 20e siècle, Jiri Kolar, est décédé, dimanche, à l'âge de 89 ans, dans son appartement pragois. Un portrait par Jarka Gissubelova.

Jiri Kolar,  photo: CTK
Jiri Kolar a été un artiste de talent multiforme, tout autant poète que peintre. Son nom restera lié notamment à la création de collages, sorte de poésie visuelle. Car déjà dans les années cinquante, Jiri Kolar a perdu la conviction en la portée des mots, en passant à une expression non verbale. A part des collages, Jiri Kolar s'exprimait aussi en rolage, prolage et ses fameux chismages, techniques qu'il a inventés et auxquelles il a donné leur nom... En 1937, il a organisé sa première exposition qui allait rester, pour longtemps, la dernière dans son pays. A cause de sa création peu conforme, son appartenance au groupe surréaliste 42, et à ses contacts avec l'avant-garde tchèque en exil, il a été emprisonné, en 1953, et ne pouvait plus exposer et publier en Tchécoslovaquie. En 1963, il a exposé à Londres, puis un peu partout dans le monde - en Europe et aux Etats-Unis. Entre 1970 et 1989, pas un livre de Jiri Kolar n'est sorti en Tchécoslovaquie, pas une exposition n'y a été organisée. Seul lien avec son pays ont été les lettres échangées avec Madla Vaculikova, femme de l'écrivain Ludvik Vaculik, l'un des fondateurs de la Charte 77. Après que Jiri Kolar a signé la Charte 77, il s'est installé à Paris. Croyant que c'est un exil définitif, il a même pris, en 1984, la nationalité française. Après la chute du régime, Jiri Kolar est retourné avec sa femme, photographe, à Prague. En 2001, une exposition de ses oeuvres y est enfin organisée. En France, où il a passé une grosse partie de sa vie, Jiri Kolar a été un artiste respecté et estimé. Le critique d'art français, Raoul-Jean Moulin, a dit de Jiri Kolar que sa création était l'une des contributions les plus originales que la Tchécoslovaquie ait donnée au monde à la deuxième moitié du 20e siècle. Jiri Kolar nous a quittés, dimanche, 11 août. Le Président Vaclav Havel, son ami des temps de dissidence, lui a rendu visite, quelques jours auparavant. Une exposition Jiri Kolar, intitulée "L'oeil éphémère", actuellement en cours à Dijon, dans le cadre de la Saison tchèque, offre l'occasion de se souvenir de cet artiste exceptionnel...