Sur les traces de l'homme politique et général français Lafayette à Olomouc

Le général La Fayette

Aujourd'hui, nous irons sur les traces du général et homme politique français, La Fayette qui s'est inscrit dans l'histoire de la ville morave d'Olomouc en tant que son prisonnier. Dans l'histoire européenne, il s'est inscrit comme un homme ayant contribué à l'indépendance américaine. Comment s'est-il passé que ce général français s'est retrouvé à Olomouc?

Commandant d'armées luttant contre l'Autriche, La Fayette a quitté l'armée pour éviter un internement en raison des conflits avec des jacobins, mais il a été arrêté à Rochefort et interné à Olomouc. De nombreux touristes français que j'ai rencontrés, cet été, à Olomouc, s'arrêtent longuement devant une plaque commémorative dévoilée sur le bâtiment des archives militaires en hommage du général La Fayette, interné à Olomouc le 16 mai 1794. Le 6 septembre, 245 ans se seront écoulés depuis la naissance de Marie Joseph Paul Yves Roch Gilbert Motier, marquis de La Fayette, en Auvergne, en France. Cet anniversaire ne passe pas inaperçu en Tchéquie, en particulier dans la ville d'Olomouc.

Le curriculum vitae du général La Fayette est une lecture excitante. En 1777, La Fayette, accompagné de volontaires, part en Amérique pour y aider des colonies insurgées dans leur lutte d'indépendance contre la Grande-Bretagne. Le 30 mai, il est accueilli à Boston par le commandant de l'armée américaine, Benjamin Huger dont le fils aura participé, 17 ans plus tard, à la tentative de libérer La Fayette de la prison d'Olomouc. En 1778, La Fayette retourne en France où il contribue à décider de la participation française à la guerre d'Indépendance des Etats-Unis. Il y repart aussitôt et est nommé maréchal de camp. En 1784, il se rend de nouveau en Amérique, sur invitation de son ami George Washington. Après la prise de la Bastille, le 15 juillet 1789, La Fayette est nommé commandant de la Garde nationale. Il souhaitait être l'instrument de la réconciliation du roi et de la Révolution. Partisan du maintien d'une monarchie libérale, il se sépare alors des jacobins. Il pousse le roi à la guerre et est nommé commandant de l'armée du Centre, puis de l'armée du Nord. Il se prononce contre la suspension de Louis XVI et, accusé, cesse la lutte contre les Autrichiens, qui l'internent et le transfèrent, le 16 mai 1794, à Olomouc, où il restera jusqu'en 1797.

La femme de La Fayette interné, Adrienne d'Ayen, décidée de suivre son mari jusqu'à la prison, envoie leur fils chez les Washington en Amérique et part pour Vienne. Après une audience chez l'empereur François II, elle est autorisée à rejoindre son mari. Le 15 octobre 1795, Adrienne arrive à Olomouc et s'installe, avec leurs deux filles, Anastase et Virginie, dans la cellule voisine de La Fayette. Souffrant d'une grave maladie qui a paralysé ses jambes, elle a pourtant refusé des examens médicaux à Vienne, puisqu'elle ne pourrait plus rentrer auprès des siens. Ce n'est que le 19 septembre 1797, après 3 ans d'internement, que La Fayette est libéré et quitte, avec sa famille, Olomouc, pour Hambourg, puis pour le Danemark. A la fin de 1799, La Fayette arrive, en secret, à Paris. Son séjour est légalisé grâce à une audience de son épouse chez Napoléon. En 1824, le général et son fils effectuent un dernier voyage triomphal en Amérique. Le 15 mai 1834, La Fayette meurt.

Quelques mots à présent sur la tentative visant à libérer La Fayette de la prison d'Olomouc. C'est le médecin et aventurier allemand, Justus Erich Bollman, qui, sur l'initiative des amis de La Fayette, a promis de libérer l'interné. Après avoir appris qu'il était transféré en secret dans la forteresse d'Olomouc, il n'a pas tardé à s'y rendre. Le premier lieu d'internement de La Fayette à Olomouc, c'était deux pièces au rez-de-chaussée de la prison, actuel siège des archives militaires. A son arrivée, Bollman a fait la connaissance du chirurgien de l'hôpital de prison, Josef Haberlein, lequel a servi de médiateur pour la transmission des messages à l'interné. Ce dernier a été en mauvais état de santé et on lui a permis de faire chaque jour de courtes promenades aux environs de la ville, en calèche surveillée. C'est lors de l'une de ces promenades que La Fayette devait être libéré. Bollman a confié son plan au jeune étudiant américain, Frantisek Karl Huger, dont le père était le premier à avoir accueilli La Fayette à son arrivée en Amérique, en 1777. A cause de sa grande popularité et du respect que le général français a acquis durant les luttes des colonies pour l'indépendance, Huger s'est rallié à Bollman. Tous deux sont partis à Olomouc. Le jour de la libération de La Fayette a été fixé pour le 8 novembre. Au matin, Bollman a envoyé une voiture d'Olomouc dans la banlieue de Dvorce, où elle devait les attendre. Vers 14 heures, la calèche de La Fayette est apparue sur la route impériale d'Olomouc. L'interné, accompagné d'un soldat, s'est arrêté dans une auberge. Ici, Bollman les attend. Le soldat est vaincu. La Fayette doit s'évader à cheval. Or, il a mal compris et est parti dans une autre direction. Sur le chemin, il a été reconnu, arrêté et escorté au château de Sovinec, puis à Olomouc. Ici, le prisonnier évadé La Fayette a été jeté dans des casemates, prison très lourde au sous-sol des fortifications, et mis en chaînes qui ne lui étaient enlevées qu'en 1795, sur ordre de l'empereur.

Le 9 septembre 1928, une plaque commémorative en hommage de La Fayette a été dévoilée au bâtiment des archives militaires, place de la République d'Olomouc. Cette plaque, avec le portrait sculpté du général, a été rénovée en 1997. En 1994, l'hôtel portant le nom du général français, La Fayette, a été ouvert à Olomouc. La ville garde vivante d'autres traces laissées ici par des séjours d'hommes célèbres: à part La Fayette, notamment le maréchal autrichien Radecky, et les compositeurs Mozart et Mahler.