Le tourisme en 2003
Meilleurs voeux pour 2003, chers amis auditeurs. Au seuil de la nouvelle année, un petit bilan du tourisme en 2002 s'impose. A l'échelle mondiale des recettes sur le tourisme, la République tchèque a occupé la 19e place, avec 3,1 milliards de dollars. Les inondations catastrophiques d'août dernier ont laissé un impact sur le nombre de touristes étrangers venant dans notre pays. Des 6,9 millions de touristes en 2001, leur nombre a baissé à 5,8 millions. Par contre, la couronne forte a favorisé les voyages des Tchèques à l'étranger. Ils ont été presque 4 millions à passer leur congé à l'étranger. Par quoi, la République tchèque se propose-t-elle d'attirer les visiteurs étrangers, en 2003?
La Tchéquie abonde en beautés naturelles et en monuments historiques. La capitale Prague reste la première destination des touristes, mais ces derniers se rendent aussi à la découverte de 11 sites inscrits sur la liste du patrimoine mondiale de l'UNESCO: rappelons que ce sont les villes de Cesky Krumlov, Litomysl, Telc, Kutna Hora, Kromeriz, Olomouc, l'église de pèlerinage Jean-Népomucène de Zelena Hora à Zdar, le complexe de châteaux et de jardins de Lednice et Valtice, la villa fonctionnaliste Tugendhat de Brno, et le village de Holasovice. Ce dernier est un peu injustement négligé par les touristes, une raison pour nous y arrêter.
Holasovice est le premier village tchèque à figurer sur la liste du patrimoine culturel et naturel de l'UNESCO. Il est situé à 15 kilomètres à l'ouest de la métropole de la Bohême du sud, Ceske Budejovice. Holasovice est un exemple de village intégral et traditionnel, remarquablement conservé dans son état original, avec une multitude de maisons bien entretenues des XVIIIe et XIXe siècles, de style baroque paysan. Depuis le XIIIe siècle, jusqu'à la suppression de la corvée, il a été le village serf du couvent cistercien de Vyssi Brod. Au XVIe siècle, une épidémie de peste a failli le dépeupler... Un grand remaniement, à la fin du XIXe siècle, menaçait d'endommager son authenticité. Après l'occupation de la Tchécoslovaquie, en 1939, les habitants de Holasovice ont été transférés et n'y sont revenus qu'en 1945... En dépit de ces épreuves, le village a su conserver son image d'originalité...Pourtant, les touristes habitués à des chefs-d'oeuvre architectoniques, tels que Cesky Krumlov, pourraient être déçus. Effectivement, le village de Holasovice n'est pas grand. C'est, en fait, une place rectangulaire, longue de 200 mètres et large de 70 mètres. Les plus vieilles maisons y ont été construites il y a plus de 700 ans... Aujourd'hui, 23 fermes à frontons baroques, une école, et une auberge bordent la place. Au milieu, l'ancienne forge, avec une maison de forgeron. Quelques arbres, un petit étang desséché... voilà toute l'image de Holasovice. Pourtant, c'est un ensemble unique, puisque bien conservé dans son état original. Et pas seulement en ce qui concerne les pignons baroques, sur lesquels les maîtres maçons ont reproduit ce qu'ils avaient appris, lors de la construction des résidences seigneuriales. On doit admirer aussi la disposition originale des maisons, des cours et des granges... Mais il serait faux de penser que Holasovice soit un musée en plein air. C'est un village parfaitement vivant, sinon il n'aurait pas pu être inscrit sur la liste de l'UNESCO. Seulement, ses 130 habitants ont commencé à craindre une trop grande publicité... Déjà, un film tiré de l'oeuvre lyrique de Bedrich Smetana, La fiancée vendue, a été tourné sur la place de Holasovice.
Holasovice a été inscrit sur la liste du patrimoine de l'UNESCO il y a 5 ans. La même année 1998, un autre monument a été inscrit sur cette liste prestigieuse: le complexe de jardins et de châteaux de Kromeriz, qui y figure à titre d'un exemple particulièrement conservé d'un siège baroque. Kromeriz, ville classée, s'étend au milieu de la plaine fertile de Hana, en Moravie centrale. Connue déjà en 1110, Kromeriz a eu une histoire mouvementée, étroitement liée à l'Eglise catholique. Dès le XIIe siècle, elle appartenait aux évêques, depuis 1777, aux archevêques d'Olomouc. Les nombreux monuments d'architecture bien conservés datent notamment du XVIIe siècle. Les bâtiments des époques précédentes ont été détruits, en majeure partie, pendant la guerre de Trente Ans, quand la ville a été longuement assiégée par les troupes suédoises.La partie la plus recherchée et la plus belle de Kromeriz, c'est, incontestablement, l'immense parc entourant le château. Les touristes, qui viennent dans cette ville au printemps, en été ou au début de l'automne, ne manquent pas de visiter le magnifique "Jardin des fleurs" /Kvetna zahrada/, dessiné d'après le parc de Versailles et dont la belle colonnade de 230 mètres de long, appelée "La grande colonnade" est agrémentée de bustes et statues s'inspirant de la mythologie antique. Les allées convergent sur la rotonde, petit pavillon de musique du XVIIe siècle, en style italien. Une grande orangerie fait également partie du parc. Avec son système d'étangs artificiels, ses coins et recoins enchanteurs, le parc du château représente un véritable chef-d'oeuvre de l'architecture jardinière de l'époque.
Au milieu du jardin, se dresse le château baroque de Kromeriz, primitivement château fort gothique. Le château a été restauré en 1752, après avoir été sérieusement endommagé par un violent incendie. Il se distingue par son riche ameublement et ses stucs et peintures murales - les décorations du plafond de la salle des Vassaux représentent l'une des plus belles fresques rococo d'Europe. Le château abrite de remarquables collections, une bibliothèque, une galerie de peinture et une section musicale, où l'on peut voir de précieux manuscrits de divers célèbres compositeurs, tels que Haydn, Stamic, Mozart... La pinacothèque du château de Kromeriz contient de nombreux originaux de haute valeur, par ex., Apollon écorchant Marsyas du Titien, Charles 1er avec son épouse, de Van Dyck, ainsi que des oeuvres de Lucas Cranach l'Ancien, Véronèse, Pieter Bruegel...Le château de Kromeriz s'est fait distinguer par un événement politique de première importance: le Parlement autrichien tenait ses séances dans la salle de congrès du château, de novembre 1848 jusqu'au mois de mars 1849. Au palais archiépiscopal ont séjourné de nombreuses têtes couronnées, par ex., l'impératrice d'Autriche, Marie-Thérèse, l'empereur de Russie, Alexandre III, ainsi que des personnalités suprêmes de l'Eglise catholique.