Žatec, les villes d’eaux et les monts Métallifères parmi les candidats tchèques à l’UNESCO
Suite et fin de notre mini-série diffusée à l’occasion du 25e anniversaire de l’inscription des trois premiers sites tchèques, à savoir les centres historiques de Prague, de Telč et de Český Krumlov, sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette fois, nous allons nous tourner vers l’avenir. Avec Dita Limová, responsable du département UNESCO au sein du ministère de la Culture, nous évoqons les candidats tchèques à l’inscription sur la liste du patrimoine mondiale, parmi lesquels notamment Žatec, la ville du houblon, ou encore les stations thermales de Karlovy Vary, Františkovy Lázně et Mariánské Lázně.
« C’est effectivement un nombre important, compte tenu de la petite taille de la République tchèque. Nous en sommes fiers, mais nous ne voulons pas en rester-là (rires). Notre objectif est de nominer d’autres sites encore. »
Parmi les villes et les monuments qui sont en course pour accéder au patrimoine mondial, on trouve par exemple la ville de Žatec, située dans le nord-ouest de la Bohême. Quelle est sa richesse ?
« C’est une initiative de la ville de Žatec qui est à l’origine de cette candidature. Žatec est connue par ses monuments architecturaux liés à la culture du houblon. Cet héritage architectural est unique au monde. »
Cette candidature a-t-elle des chances de réussite ?
« Nous l’espérons bien. La nomination a été préparée l’année dernière et soumise, en janvier dernier, au Centre du patrimoine mondial. Cet été, des experts de l’UNESCO ont effectué une mission d’évaluation à Žatec. A présent, nous attendons les recommandations de l’ICOMOS, une organisation consultative du Comité du patrimoine mondial. Nous espérons bien sûr que dans le dossier de nomination, nous avons suffisamment mis en valeur le patrimoine exceptionnel de cette ville qui n’a pas d’équivalent dans le monde. »La candidature commune des grandes villes d’eaux d’Europe
Que peut-on dire des autres sites qui veulent être reconnus au patrimoine mondial de l’UNESCO ?
« En effet, cette année, nous travaillons sur plusieurs candidatures. Il s’agit notamment de la nomination du Paysage culturel minier de la région des monts Métallifères (Krušné hory- Erzgebirge, ndlr), que nous avons préparée en collaboration avec nos collègues allemands. Nous préparons également la nomination du haras de Kladruby nad Labem (dans la région de Pardubice, en Bohême de l’Est, ndlr). Il s’agit également d’un paysage culturel, très particulier, lié à l’élevage des chevaux de carrosse. Une autre nomination concerne les grandes villes thermales en Europe qui ont connu leur temps de gloire au XVIIIe et XIXe siècles. C’est une nomination assez complexe, car elle réunit sept pays européens. La République tchèque gère ce projet, en coopération avec la France, la Belgique, l’Autriche, l’Allemagne, l’Italie et la Grande-Bretagne. Il s’agit plus précisément de onze villes thermales qui défendront cette candidature commune. Ce sera une très belle nomination qui parle d’une époque et d’un style architectural particuliers. »Pour que des sites puissent être classés UNESCO, il faut qu'ils remplissent un certain nombre de règles. Récemment, la ville de Český Krumlov a été critiquée par l’organisation pour avoir placé un théâtre moderne en plein air, équipé d’une scène tournante, au milieu d’un jardin baroque. Il a été demandé à la ville de démonter la scène. Ce différend a-t-il été réglé ?
« Quand on réussit à inscrire un site sur la liste du patrimoine mondial, il faut veiller à ce que sa valeur universelle pour laquelle il a été classé reste intacte. A Český Krumlov, nous avons d’un côté un jardin baroque unique qui s’est conservé presque dans sa forme originale et de l’autre côté ce théâtre moderne doté d’une plaque tournante et très apprécié par le public, mais qui pourrait peut-être être placé à un autre endroit. Des experts du monde entier recommandent le déplacement de la scène. Plusieurs solutions sont possibles : par exemple, le théâtre ne serait monté dans le jardin que pendant la période estivale on le démonterait à la fin de chaque saison… »Existe-t-il des projets communs entre la République tchèque et la France (ou les pays francophones) dans le domaine de la protection du patrimoine ?
« Comme je l’ai déjà dit, nos deux pays travaillent sur le projet d’inscription des villes thermales européennes sur la liste du patrimoine mondial. C’est la belle ville de Vichy qui se porte candidate pour la France (la ville de Spa, en Belgique, a également été sélectionnée, ndlr). Notre collaboration avec la France concerne aussi le registre ‘Mémoire du monde’. Il s’agit d’un programme de l’UNESCO axé sur la préservation de l’héritage documentaire. Il y a quelques années de cela, nous avons réussi à faire inscrire dans ce registre les Spectacles de Pantomimes lumineuses d’Emile Reynaud, grâce au fait qu’une partie des pellicules ont été retrouvées dans les collections du Musée national technique de Prague. C’était une trouvaille heureuse qui a permis de lancer une coopération étroite entre le Musée technique et plusieurs institutions culturelles en France. »Quels sont les sites tchèques classés UNESCO que vous pourriez recommander aux touristes étrangers ?
« Ce serait par exemple le village historique de Holašovice. Situé en Bohême du Sud, il est connu par son architecture très particulière du ‘baroque populaire’. C’est un endroit paisible et je pense que les touristes y seraient les bienvenus. A part Holašovice, j’apprécie beaucoup l’église Saint-Jean Népomucène à Zelená Hora, près de Žďár nad Sázavou, aux confins de la Bohême et de la Moravie. C’est également un très joli site, avec un château pas loin qui, lui, n’est pas classé UNESCO. Mais les deux monuments sont liés de par leur histoire et valent certainement une visite. »