La fin d'une époque
Moment pathétique et mémorable dans l'histoire de la République tchèque, dimanche 1er février 2003 à minuit : à ce moment précis, commençait un émouvant cérémonial de levée du drapeau présidentiel flottant sur le château de Prague. C'est la fin de l'ère Havel, douze ans et demi président de la République. Ecoutons un extrait de la cérémonie : l'ouverture du ban, l'hymne national, puis la garde d'honneur partant avec le drapeau.
Mais auparavant, le président Vaclav Havel a prononcé, depuis son bureau présidentiel, un discours d'adieu à l'adresse des citoyens. Les temps forts de ce discours avec Omar Mounir.
Dès le début de son discours, Vaclav Havel a tenu à assurer les citoyens de ce que, s'il n'y a toujours pas de président, à son départ, cela n'est pas une catastrophe. Il a seulement regretté que les membres du Parlement ne se soient pas mis d'accord sur un successeur. En manière de dire qu'il a bien accompli la mission qui fut la sienne, il s'est contenté de rappeler que l'époque qui venait illustrait parfaitement dans quelle mesure la Tchéquie était membre à part entière du monde démocratique. Et comme pour être exhaustif, il a tenu à souligner avoir scrupuleusement respecté, en son âme et conscience, toutes les valeurs pour lesquelles il avait prêté serment.
L'écrivain président a par ailleurs su choisir les mots pour exprimer sa reconnaissance à ses citoyens : « Je voudrais de tout coeur, a-t-il dit, vous remercier tous, vous qui m'avez fait confiance, témoigné votre sympathie, ou qui, d'une façon ou d'une autre, m'avez soutenu. Sans votre compréhension, je n'aurais jamais pu remplir mes fonctions, ne serait-ce qu'un instant ». Revenant sur la dernière période, il a déclaré que la patience de la société tchèque, face à toutes les exigences de la dramatique phase de transition vers la démocratie, mérite une grande admiration. Enfin, Vaclav Havel a évoqué la mémoire de sa première épouse et remercié son actuelle, Dagmar Havlova, pour le soutien constant qu'elle lui a inlassablement apporté. « Je termine mon mandat en tant que président et je reste parmi vous en tant que citoyen ». C'est dans ces termes qu'il a conclu son discours en faisant le V de la victoire.Oui, mais qui, pour le moment, assure les fonctions de président de la République en attendant que le successeur de Havel soit désigné ?
La constitution prévoit en pareille situation le transfert des pouvoirs présidentiels au Premier ministre, en l'occurrence Vladimir Spidla et au président de la Chambre des députés, Lubomir Zaoralek.
Spidla assume les fonctions présidentielles internationales : négocier et signer les accords internationaux, recevoir et accréditer les ambassadeurs. Il peut décerner les citations nationales, nommer les magistrats, exercer le droit de grâce et assurer les fonctions de chef suprême des armées.
Zaoralek aura le pouvoir de nommer et de destituer le Premier ministre et les membres du gouvernement, de dissoudre la Chambre des députés, de nommer les magistrats de la Cour constitutionnelle et les membres du Conseil bancaire de la Banque nationale tchèque. Au cas où le président de la République ne serait pas élu en avril, Zaoralek aura le pouvoir de décréter la date du référendum sur l'admission de la Tchéquie à l'Union europénne, en principe les 15 et 16 juin.En tout cas, s'agissant d'un pouvoir présidentiel par intérim, les deux intéressés assurent qu'ils n'en useront qu'en cas de stricte nécessité.