Presse : la coalition gouvernementale en mal de personnalités pour l’élection présidentielle

Cette nouvelle revue de la presse tchèque propose d’abord quelques observations se rapportant à la prochaine élection présidentielle, en janvier. Elle s’intéresse ensuite à une nouvelle campagne destinée à sensibiliser les Tchèques à la contribution des réfugiés ukrainiens au développement de la société tchèque. Elle apporte également une remarque en rappel de la date de naissance de l’ancien président Václav Havel, liée également à son sucesseur Václav Klaus. Le harcèlement sexuel dans les écoles et l’intensfication de la coopération tchéco-américaine dans le domaine de la défense sont deux autres sujets traités.

Les élections municipales et sénatoriales terminées, l’attention des médias est désormais tournée vers la présidentielle qui se tiendra en janvier 2023. Elle s’est accrue depuis mardi dernier, quand la coalition de centre-droit SPOLU (Ensemble), composée de trois des cinq partis gouvernementaux, a annoncé qu’elle ne présenterait pas son propre candidat. Au lieu de cela, elle recommandera aux électeurs de soutenir une des trois personnalités du « spectre démocratique », parmi lesquelles figurent le sénateur Pavel Fischer, le général Petr Pavel et l’universitaire Danuše Nerudová. Selon l’hebdomadaire Respekt, « cette décision est raisonnable et n’est pas surprenante » :

« On ne pouvait pas s’attendre à ce que la coalition des trois partis de droite et de centre-droit présente son candidat, car le cabinet est confronté à une importante crise économique, énergétique et militaire. Le candidat d’un gouvernement contraint de prendre des décisions aussi nécessaires qu’impopulaires serait lui-même tout aussi impopulaire et donc dépourvu de toute chance de l’emporter. L’enjeu pour la coalition SPOLU est ni plus ni moins que de battre l’ex-Premier ministre Andrej Babiš, un politicien imprévisible, poursuivi en justice et sympathisant avec l’autoritarisme de Viktor Orban. Ce dernier n’a pourtant  pas encore annoncé sa candidature, laissant ainsi libre cours aux spéculations ».

Le journal Hospodářské noviny remarque à ce même propos :

« Cette décision prouve clairement que les partis tchèques de centre-droit souffrent d’une pénurie de figures marquantes en mesure de remporter une élection présidentielle au suffrage universel direct. Les partis de la coalition gouvernementale n’en disposent tout simplement pas. De ce fait, ils ont été contraints de choisir parmi les candidats qui, prudents, ne comptent pas trop se targuer de leur soutien. Cette absence de personnalités au centre et à droite, le Premier ministre Petr Fiala faisant figure d’exception, pourrait leur valoir de graves problèmes à l’avenir. »

L’auteur d’une note publiée dans le quotidien Lidové noviny de lundi estime pour sa part que les Tchèques sont désormais enclins à favoriser les femmes en politique. La dernière preuve est le succès de neuf d’entre elles aux élections sénatoriales. Une réussite qui, toujours selon le journal, est de bon augure pour les candidates à la présidentielle.

Sensibiliser l’opinion publique tchèque à l’apport des réfugiés ukrainiens

Un groupe composé d’une quinzaines d’organisations non gouvernementales a lancé une campagne visant à améliorer la perception qu’ont les Tchèques des réfugiés ukrainiens. Le site Seznam Zprávy explique pourquoi :

Photo: Lenka Kratochvílová,  ČRo

« Cette campagne est le reflet de la baisse du nombre de Tchèques qui soutiennent l’intégration des réfugiés ukrainiens. Il s’agit donc de montrer, par le biais de cas et de récits pertinents, que leur présence et leur apport seront bénéfiques pour la Tchéquie. Parmi les Ukrainiens qui ont fui la guerre pour s’installer dans notre pays se trouvent en effet des médecins, des infirmières, des informaticiens, des ouvriers du bâtiment, autant de secteurs d’activité qui souffrent d’une importante pénurie de main-d’œuvre. »

D’après les auteurs de la campagne, la présence et l’intégration des réfugiés ukrainiens dessinent une immense transformation démographique que la Tchéquie n’a encore jamais connue. Une situation qui mérite donc que l’on y réfléchisse. « D’autant plus », comme le souligne Seznam Zprávy, « que le gouvernement tchèque, à la différence de ce que l’on peut voir à l’étranger, n’est pas habitué à lancer des campagnes stratégiques pour donner des exemples positifs, expliquer et éduquer ».

Pragmatique, Václav Havel ?

Mercredi 5 octobre dernier, Václav Havel, mort il y a onze ans, aurait fêté ses 86 ans. L’occasion pour le journal en ligne Forum 24 de rappeler l’animosité qui régnait entre l’ancien président tchèque et son successeur Václav Klaus, mais aussi d’évoquer certaines différences entre ces deux grandes personnalités qui ont marqué la scène politique tchèque après la chute du régime communiste. On peut lire :

Václav Klaus et Václav Havel | Photo: ČT24

« Au début des années 1990, on avait tendance à penser que Havel défendait un concept idéaliste du monde et que Klaus était le partisan d’un concept plus pragmatique. Il s’avère cependant que c’est le regard de Havel qui était plus réaliste. Tandis que Klaus a misé sur l’idée, involontairement marxiste, selon laquelle les forces économiques et du marché allaient formater la nouvelle société, le dramaturge Havel, lui, pensait que les choses pouvaient mal tourner. En apparence éloigné des réalités de la vie quotidienne, il connaissait en réalité le caractère humain. »

Forum24 constate que le monde de Václav Klaus, aujourd’hui âgé de 81 ans, s’est définitivement écroulé après l’invasion de l’Ukraine par la Russie de Poutine. D’autant plus que l’ancien président a publiquement déclaré avoir voté pour le parti d’extrême-droite Liberté et démocratie directe (SPD) aux récentes élections municipales. Sur ce point, le ton du journal est très ferme :

« Certaines personnes, tout commes les idées qu’elles ont défendues, meurent déjà de leur vivant. »

Le harcèlement sexuel dans les écoles

Un grand nombre d’étudiants tchèques affirment être victimes de harcèlement sexuel. C’est ce que rapporte un texte mis en ligne sur le site Aktualne.cz :

Photo illustrative: Michaela Danelová,  ČRo

« D’après une récente enquête menée par l’Université Charles de Prague, trois quarts des étudiants ont été la cible d’une agression à caractère sexuel ou motivée par le genre. Une stratégie digne de ce nom pour prévenir de tels actes manque pourtant encore. Le ministère de l’Education délègue les responsabilités aux écoles supérieures. Dès lors, nommer un médiateur est une des mesures que certaines d’entre elles ont prises pour lutter contre le phénomène. »

Aktualne.cz indique qu’un tiers des étudiants du cycle secondaire ont fait une expérience analogue. Toutefois, l’éducation sexuelle, qui pourrait agir comme un moyen efficace de prévention, ne fait pas partie des cours obligatoires. « Il faut donc saluer les initiatives civiques qui cherchent à tourner l’intérêt du public et des responsables vers ce phénomène préoccupant », peut-on lire.  A noter que le sujet du harcèlement et des agressions sexuels est désormais traité plus souvent que jamais également aussi sur les chaînes de télévision que sur les stations de radio tchèques.

Défense : intensification de la coopération tchéco-américaine

« Il a fallu l’agression russe et une menace directe pour nous réveiller », peut-on lire en titre d’un texte qui a été publié sur le site de l’hebdomdaire Respekt. Son auteur s’intéresse à l’intensification de la coopération entre la Tchéquie et les Etats-Unis dans le domaine de la défense et à son écho dans l’espace public :

Photo illustrative: Bureau du Gouvernement tchèque

« Cette coopération se traduit par les préparatifs de l’Accord sur la défense et par le déblocage de près de 100 millions de dollars américains pour financer l’armée tchèque. La Tchéquie, comme seize autres pays, a obtenu cette aide financière comme un bonus pour son soutien et la fournitudes d’armes à l’Ukraine. Avec l’accord bilatéral préparé, la Tchéquie cherchera à rattraper son retard, vingt-quatre autres pays membres de l’OTAN l’ayant déjà signé. »

La déclaration officielle sur ces démarches a soulevé un tollé de réactions négatives sur les réseaux sociaux tchèques. L’occasion pour Respekt de prétendre :

« On ne se jette pas dans les bras d’une superpuissance comme beaucoup le prétendent, mais on commence à coopérer avec elle pour restructurer l’armée tchèque. Ces trente dernières années, nous avons oublié d’acheter des armes et des équipements américains tout en tenant compte de leur niveau élevé. Nous rejoignons donc un club qui fonctionne depuis déjà des années ».