Maria Tauberova - in memoriam
Maria Tauberova, sopraniste remarquable du Théâtre national, est décédée en janvier 2003. La cantatrice a incarné plus de cinquante rôles dans des opéras d'auteurs célèbres, dont Olympia, dans les Contes Hoffmann d'Offenbach, Rosina, dans le Barbier de Séville de G. Rossini, Norina, dans Don Pasquale de G. Donizetti...
Marie Proskeova - Tauberova est née en 1911 à Vysoke Myto, en Bohême du nord-est. Petite fille, elle rejoint souvent sa grand-mère dans la région de Vamberk, ville à tradition dentellière. Elle aime chanter et les dentellières n'ont pas à insister pour que le chant déjà très pur et agréable de la fillette accompagne leur travail. Officier autrichien, le père de Maria est obligé de retourner à Vienne après la dislocation de l'Empire Autriche - Hongrie. C'est à Vienne qu'elle étudie le piano à l'Académie de musique. Son talent est découvert par un pur hasard. On lui recommande de suivre plutôt des études de chant. La jeune fille est prête à suivre le conseil, mais doit changer de nom car son père refuse de voir apparaître le nom de Proske dans les milieux artistiques, les estimant peu sérieux. Maria s'inspire du nom du célèbre explorateur Holub (pigeon), cousin du grand-père maternel. Comme il est impossible d'utiliser un nom tchèque à Vienne, elle le traduit tout simplement en allemand. Elle devient Maria Tauber. Elle suit les études de chant auprès de Dora Eibenschütz et Luciano Ripper. Puis, continue chez Hans Duhan, chanteur célèbre de l'Opéra national de Vienne.
Maria évolue rapidement et fait honneur à son talent. Dans les années trente, elle part à Milan où elle se perfectionne auprès de Fernando Carpi pendant plus de deux ans. Voulant terminer ses études auprès du célèbre pédagogue, elle ne manque pas de le suivre lorsqu'il se rend à Prague. La première représentation en public, solo dans la quatrième symphonie de G. Mahler, au concert de la Philharmonie tchèque dirigée par Bruno Walter lui rapporte un succès inattendu. Karel Neumann, directeur administratif du Théâtre National, lui propose un engagement. Maria Tauberova hésite, elle n'a jamais encore chanté dans un grand théâtre. Mais comme K. Neumann insiste, la cantatrice accepte finalement. Gilda dans Rigoletto de G. Verdi, sera son premier rôle. Le succès est immédiat ! En novembre 1936, elle est engagée au Théâtre National. Sept ans plus tard, la cantatrice épousera le chef d'orchestre Jaroslav Krombholc, de sept ans son cadet. En 1973, M. Tauberova quittera le Théâtre national pour prendre sa retraite, mais pendant trois ans elle chantera encore en scène en tant qu'invité du Théâtre National.
M. Tauberova s'est produite à un grand nombre de concert dont les oratorios et cantates de G. B. Pergolesi, G. F. Haydn et L. V. Beethoven, elle a enregistré à la radio, ainsi que de multiples disque. M. Tauberova a fort bien incarné le rôle de Natasa dans la première de la Guerre et la paix. Elle a même effleuré la cinématographie, mais elle n'appréciait pas le tournage. Cela l'ennuyait ! Le théâtre était sa seule passion véritable. Ces rôles préférés resteront Violetta de La Traviata de G. Verdi et Karolina dans les Deux veuves de B. Smetana, rôle final de sa carrière de cantatrice. Maria Tauberova a obtenu pour l'oeuvre de sa vie le prix Thalia.