Le Château de Prague manipulateur de la presse ?
Le service de presse du président de la République n'est pas satisfait de la façon avec laquelle la CTK, l'agence nationale de presse tchèque, informe le public de l'actualité au Château de Prague. L'entourage de Vaclav Klaus accuse un correspondant sur place de la CTK d'une mauvaise interprétation et d'une déformation des informations diffusées. Une partie de la presse tchèque s'est fait l'écho de cette hache de guerre déterrée pour, plus généralement, reprocher au président son comportement populiste et à ses conseillers leur volonté de vouloir manipuler les médias. Depuis, l'escalade verbale entre les deux camps s'est intensifiée.
Depuis son élection comme chef de l'Etat en février dernier, Vaclav Klaus est omiprésent dans la presse tchèque. Vendredi dernier encore, au lendemain de sa visite éclair à la prestigieuse manifestation de « m'as-tu vu ? » qu'est le Festival international du Film de Karlovy Vary, en Bohême occidentale, c'est sa photo le montrant jouer au golf qui apparaissait en première page des deux quotidiens les plus lus du pays. Au même endroit où, deux jours plus tôt, les lecteurs pouvaient admirer le nouveau timbre de la Poste tchèque avec son portrait de président de la République. Pourtant, depuis le départ à la retraite de l'ex-Premier ministre au verbe haut en couleurs Milos Zeman, Vaclav Klaus est certainement l'homme politique le plus controversé sur la scène médiatique tchèque. Et même si ses admirateurs ne demeurent jamais en reste, assurant sa défense en chantant une louange servile, la légion de ses détracteurs se plaît tout autant à le prendre régulièrement pour cible.
Samedi, c'est le quotidien Lidové noviny qui a soulevé la dernière affaire et en a fait ses gros titres. Le Château de Prague, siège du président tchèque, réclame en effet le remplacement du correspondant sur place de la CTK, l'agence nationale de presse tchèque, pour son « manque de professionnalisme dans le traitement des informations ». Le service de presse du Château reproche notamment au journaliste de n'avoir reproduit que partiellement et déformé les propos de Vaclav Klaus, lors d'une déclaration faite par celui-ci le 15 mars dernier, jour de la commémoration du début de l'occupation du territoire tchécoslovaque par les troupes allemandes, en 1939. De son côté, la CTK, entiérement indépendante de l'Etat depuis 1996, a pris la défense de son correspondant en argumentant que le professionnalisme ne consistait pas en une « reproduction non réfléchie des informations, et ce qu'elle que soit leur source. »
Depuis, l'affaire s'est répandue dans la presse tchèque, irritée par la tendance du président Klaus à vouloir l'influencer et à s'en servir comme reflet de la nouvelle bonne image qu'il s'efforce de présenter au bon peuple.