Prostitution enfantine: l'UNICEF fait de gros yeux à la Tchéquie

Christina Rau et Cathrin Schauer, photo: CTK

Selon une information rendue publique, ce mardi, par le comité allemand de l'UNICEF, le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance, la République tchèque serait un paradis pour les pédophiles. Jusqu'à 50 000 touristes sexuels, en majorité allemands, se rendraient, en effet, chaque année, en Bohème, dans la partie limitrophe aux deux pays, pour abuser de 20 000 enfants prostitués. Du côté tchèque, la police, le ministère de l'Intérieur et le Premier ministre ont aussitôt réagi en affirmant que la déclaration de l'UNICEF ne correspondait pas à la réalité.

Christina Rau et Cathrin Schauer,  photo: CTK
Plus que jamais, l'Allemagne semble décidée à s'attaquer de face au problème de la prostituion enfantine qui, selon le comité allemand de l'UNICEF, serait, depuis plusieurs années, une activité toujours plus florissante dans la région de la frontière tchéco-allemande. Il est vrai que les chiffres avancés, relayés par la presse allemande, font froid dans le dos : 20 000 enfants tchèques, mais aussi en provenance d'autres pays de l'Europe centrale et orientale, de tout âge, parmi lesquels des nourissons, seraient ainsi victimes d'un véritable commerce sexuel organisé.

L'épouse du Président allemand, Christina Rau, marraine du comité allemand de l'UNICEF, s'est engagée personnellement dans cette action en y apportant son soutien moral. "Il est choquant que, dans notre voisinage, on abuse d'enfants sans aucun scrupule", a-t-elle notamment déclaré. L'UNICEF n'a, par ailleurs, pas hésité à aller plus loin en condamnant les gouvernements des deux pays pour leur manque d'action dans la lutte contre la prostitution enfantine.

Pour argumenter ses accusations, l'UNICEF s'appuie notamment sur une nouvelle publication intitulée "Les enfants font le trottoir - rapport de la frontière tchéco-allemande". Dans ce document, long de 135 pages, Cathrin Schauer, une sociologue allemande, publie les résultats des enquêtes qu'elle a menées depuis 1996 en suivant 500 enfants qui se livraient d'eux-même à la prostitution ou y étaient forcés par des adultes. Dans le document figurent également des entretiens avec des victimes, des employés des services sociaux, des policiers et des "touristes".

En agissant de la sorte, l'UNICEF a réagi à une récente déclaration du ministre tchèque de l'Intérieur, Stanislav Gross, qui avait récusé une accusation de prostitution enfantine lancée à l'encontre de la République tchèque. Ce mardi, depuis Bratislava, le Premier ministre, Vladimir Spidla, s'est également exprimé sur le sujet: "Il est important de prendre des mesures sur la base d'une situation évaluée de façon réaliste. Nous considérons la prostitution enfantine et la pornographie enfantine comme un grand mal, et nous nous efforçons d'y consacrer l'attention que cela mérite. Mais le rapport de l'UNICEF n'est pas réaliste et ne répond pas à la véritable situation".