Une visite de la ville morave de Boskovice
Soyez les bienvenus à l'écoute d'une nouvelle page touristique qui vous amènera aujourd'hui en Moravie du sud, dans la région de Blansko, non loin de la métropole morave, Brno. Cette région est tout particulièrement attrayante pour les touristes, vu le grand nombre de monuments, de beautés naturelles et d'endroits intéressants qui s'y trouvent. Quelques mots d'abord, en général, sur ce que cette région peut offrir et en quoi consiste sa spécificité.
La ville de Boskovice est dominée par la silhouette imposante d'un château fort qui remonte à la seconde moitié du XIIIème siècle. Il a été le siège de l'une des familles les plus influentes de Moravie, les seigneurs de Boskovice. En 1547, ceux-ci l'ont vendu et le château a changé de propriétaires, en passant aux mains de Frantisek Walter de Ditrichstejn, un des descendants d'une puissante famille d'origine carinthienne. Comme le château fort ne répondait plus aux exigences des Ditrichstejn, ceux-ci ont fait bâtir, au pied de la colline surplombée du siège primitif un immeuble baroque à un étage et à cour bordée d'arcades. L'ancien château fort délaissé a été même intentionnellement démoli en sorte que dès le XIXème siècle, plus rien que les ruines n'en sont restées. Les Ditrichstejn n'ont habité leur nouvelle résidence que jusqu'au début du XIXème siècle. En 1819 a commencé l'édification d'un nouveau château Empire sur l'emplacement d'un ancien couvent dominicain.
Pour ce qui est de l'architecture du château, il est intéressant de souligner que le style Empire, qui est un style de Napoléon, a été de toute actualité en Europe dans les années 1800-1815. La construction du château de Boskovice est donc un reflet de la vague de l'Empire et elle est même considérée comme étant la plus belle construction Empire dans notre pays. A part son aspect extérieur, c'est surtout la splendide salle à colonnes toscanes à trois nefs, et un escalier à trois volées conduisant aux pièces d'apparat du premier étage qui frappent l'attention du visiteur. L'édifice tout entier a été achevé en 1829 et à la même époque on a construit au sud-ouest du château une serre agrémentée d'arcades appelée plus tard orangerie.
Par le mariage de la comtesse Thérèse Rose de Dietrichstein avec un membre de la famille aristocratique française, Mensdorf-Pouilly, le château de Boskovice passe dans les mains de cette dernière. Il convient de dire qu'en 1993, le château a été restitué à ses anciens propriétaires, Mensdorf-Pouilly. C'est au premier étage que la visite du château commence. Elle permet au visiteur de se faire une idée de la vie culturelle et mondaine de la noblesse du début du XIXème siècle. Au 2ème étage du château sont exposées les collections du musée de Boskovice. Les intérieurs sont garnis de mobiliers d'époque, complétés de meubles pour la plupart Empire, provenant d'autres châteaux, le tout orné d'objets en porcelaine et en grès cérame, ainsi que de tableaux exécutés dans le même style. La plus remarquable pièce d'apparat du château est sans conteste la salle de danse et de musique qui s'élève à la hauteur de deux étages et qui est richement ornée de peintures en trompe-l'oeil. Toutes les chambres du château sont aménagées dans le style en vogue dans la première moitié du XIXème siècle: l'unique exception est la pièce garnie d'ameublements rococo provenant de l'ancienne résidence et qui renferme, en dehors du mobilier d'époque, une multitude de pièces orientales vernies et de porcelaine de Chine et du Japon, très à la mode en ces temps-là. Parmi les curiosités les plus intéressantes du point de vue historique et artistique, il convient de mentionner le globe céleste dans la bibliothèque qui a été créé au XVIIème siècle par le professeur Weigl d'Iéna et sur lequel les différentes constellations sont représentées par des signes héraldiques. Des scènes de bataille peintes sur cuir ont donné le nom à un autre intérieur intéressant du château, la salle des Batailles. Ces peintures sont une sorte de tentures qui devaient probablement remplacer, en Europe centrale, les tapisseries françaises. Lors des derniers travaux de restauration, la salle a reçu l'aspect primitif de la seconde moitié du XIXème siècle, tel qu'il s'était conservé sur une image de l'époque. On ne peut pas ne pas remarquer les très beaux coffres à bijoux incrustés de métaux et remontant à la fin du XVIIIème siècle.Une autre localité de la ville de Boskovice sur laquelle les guides attirent l'attention du visiteur - l'ancien ghetto juif. C'est un coin très particulier abritant une série de monuments authentiques. On y entre par une porte en face de l'ancienne résidence. Un trait qui est typique pour toutes les communautés juives en Europe, non seulement pour celle de Boskovice, c'est la disposition architectonique des maisons, sur des plans très étroits et compliqués. Depuis 1726, en effet, les Juifs étaient concentrés dans des ghettos dont les territoires étaient strictement délimités et il a fallu en tenir compte lors des travaux de bâtiment. Toutes les maisons du ghetto sont étroites et allongées. Faute de place, on n'y trouve presque pas d'arbres ou d'espaces verts.
Le nombre d'habitants des ghettos était réglementé par une loi familiale en vigueur depuis 1729 jusqu'au 1848. Selon cette loi, seul le fils aîné pouvait se marier. Cette mesure aussi discriminatoire soit-elle a permis aux familles juives de maintenir leur continuité. Pour se faire une idée de la situation des habitants du ghetto de Boskovice, voici les données de l'an 1850: les 118 maisons ont été habitées par plus de 2000 personnes.En 1832, un incendie a détruit beaucoup de maisons dans le ghetto de Boskovice. La construction de certaines nouvelles maisons s'inspirait du style Empire du château. De nombreuses constructions se sont, heureusement, sauvegardées, dans leur état originel. Parmi elles, les étaux, l'usine de fabrication de la chaussure Popper, l'école primaire Cheder, la très précieuse maison à la lanterne, à colonnes toscanes, les bains publics, ou la fontaine surnommée de la mort, comme encore en 1926, son eau contaminée de la fièvre typhoïde a tué 11 personnes. On y trouve aussi trois synagogues, dont la plus précieuse est la synagogue Maiore du XVIIème siècle avec des peintures murales au plafond. On y trouve aussi une maison où est né Isak Ibrahim Tycho, d'une famille célèbre de Jérusalem. L'authenticité de l'endroit est accentuée par un restaurant juif, Makabi.