Ales Kosnar
Ponctuel, le cascadeur Ales Kosnar est arrivé au rendez-vous au café Slavia, en face du Théâtre national. Pour sa polyvalence, ce jeune homme blond aux yeux bleus, né en 1972 à Zlin, en Moravie du sud-est, est très recherché par les sociétés cinématographiques étrangères pour doubler les scènes dangereuses dans les longs métrages et tourner des spots. Pour le casting, il passe par FILMKA, une des sociétés les plus prestigieuses du genre. Ales Kosnar est parfaitement capable de doubler les acteurs dans tout type de scènes périlleuses, équestres, à terre, chutes libres, sauf en voiture et à moto Il manie également bien l'épée, dont il a fait l'apprentissage chez Jiri Kaderabek, escrimeur connu du groupe GOBARO. Le record d'Ales est une chute libre de 14 mètres avec atterrissage dans des boîtes en carton.
Les parents d'Ales déménagent à Prague lorsque leur fils a deux ans. Le cours de la vie et les activités du futur cascadeur ne se distinguent en rien de celles des autres enfants de son âge. Les professions de plombier de son père et de logopède de sa mère ne le prédisposent pas à son futur métier. Ales, lui-même ne pense pas encore à devenir cascadeur. Fasciné par le roulement et le bruit du déplacement des poubelles, il veut devenir éboueur, puis cosmonaute...A treize ans, Ales commence à faire du kung-Fu et à monter à cheval. Après deux ans d'entraînement intensif, il passe les examens d'instruction de base, adhère à une équipe de compétition et participe à des concours hippiques d'obstacles. Suivant l'exemple de son père, il finit son apprentissage de plombier. Il reste dans le monde équestre, se perfectionnant toujours. Passionné, Ales passe la plupart de son temps auprès des chevaux, tout en exerçant de temps en temps le métier de plombier, surtout pour aider son père.
duquel il double Heath Ledger, incarnant le rôle principal de William. Ce dernier est son film préféré : Le film était très dur ! Je me suis brisé deux côtes, les cascadeurs français avaient aussi de graves blessures, souligne Ales. Le film est une fiction, certaines scènes peuvent paraître impressionnantes sans toutefois l'être et, par contre, d'autres paraissent simples et s'avèrent difficiles. Les simples, ce sont, par exemple, les chutes avec atterrissage dans les cartons, et les difficiles, lorsque le cavalier vacille de la selle et reste perché au flan du cheval. L'étrier est fixe et en cas de chute le cavalier prend le risque de rouler avec sa monture et de se blesser gravement, si ce n'est pire, précise encore le cascadeur. Et la peur, oui évidemment, je connais ! C'est un phénomène naturel, ajoute-t-il. Ales Kosnar nous transmet une information peu connue des spectateurs. Parfois, on utilise pour le tournage de faux chevaux. Il s'agit d'une copie exacte de l'animal en matière plastique munie d'un mécanisme ingénieux qui permet au cheval de galoper, de hennir, de se cabrer et dont le prix s'élève à 250 000 dollars. La copie est tellement parfaite que le spectateur ne fait pas la différence entre un vrai cheval et un faux. Cascadeurs de Paris, lui propose un engagement dans son show équestre au ELSPE FESTIVAL près de Cologne. C'est également l'endroit des débuts du célèbre cascadeur équestre Mario Louraschi. Sans hésiter, Ales accepte et part pour quatre mois en Allemagne, où il passera finalement huit saisons. Il fait son entrée dans le monde cinématographique en 1993. Pavel Vokoun, de l'agence FILMKA, lui propose de doubler les chutes de cheval de Sam Niels dans le film Snowwhite in black forest qui met Sigourney Weaver en vedette. Dès lors, les offres s'enchaînent. Parmi les nombreux films dans lesquels Ales Kosnar double ou effectue des scènes dangereuses, rappelons Cléopâtre (dont le tournage à Ouarzazate, au Maroc, s'est terminé par le décès tragique du designer et costumier Enrico Sabbatini), Le roi Arthur, All forgotten, The League of Extraordinary Gentlemen, où il double Richard Roxburgh, dans le rôle de Moriarty, qui tue Sean Connery. Ensuite, Blade II, La Bête, et Napoléon, avec Gérard Depardieu et Philipe Clavier, tourné en Bohême, en Autriche et en Hongrie. Le horsmaster ne sera personne d'autre que Mario Louraschi. Puis il participe à Young Arthur, Hellboy, A Knight's Tale, tournage au cours
Le jeune cascadeur aime les Français, il a beaucoup d'amis parmi eux même s'il ne parle pas la langue (il maîtrise bien l'anglais). Mais sincèrement, il préfère travailler avec les Anglais, les trouvant plus proches de son tempérament. Il est dans les habitudes d'Ales de bien estimer les scènes, de beaucoup réfléchir avant d'agir. Il estime que l'intérêt est de réaliser la scène, se faire applaudir et partir sans séquelles graves.
Et la vie privée ? Le métier de cascadeur n'empêche nullement de mener une vie normale. Sa petite amie Alena fait du concours complet d'équitation et l'accompagne au cours des tournages comme écuyer. Elle est dans le casting de FILMKA au cas où elle ressemblerait à une actrice, mais son heure n'est pas encore venue. La marotte d'Ales, c'est indiscutablement l'équitation et tout ce qui a trait aux chevaux, mais le jeune cascadeur trouve tout de même le temps de lire un peu et de regarder quelques films documentaires et historiques, ses préférés. Parmi ses rêves non réalisés, le film Gladiator, auquel il n'a pas participé. Pas pour incapacité, mais parce que le film exigeait des cascadeurs grands et très musclés, ce qui ne correspond pas aux caractéristiques physiques des cavaliers.
Calme, réservé et modeste, Ales Kosnar ne parle pas trop de lui, il faut le faire parler. Il préfère vanter les qualités professionnelles de ses collègues en s'oubliant un peu. Il est rare de l'entendre commencer une phrase par « Je » ou « Moi ». Au cours de sa carrière professionnelle longue de onze ans, il n'a pas eu d'accident grave, excepté deux côtes brisées et quelques hématomes. Plus tard, après avoir terminé sa profession de cascadeur, Ales Kosnar amerait devenir horsemaster, c'est à dire conseiller équestre au cours des tournages.