Jiri Ruml : la mort d'un journaliste hors du commun

Jiri Ruml, photo: CTK

L'une des grandes figures du journalisme tchèque, Jiri Ruml, est décédé ce vendredi, à l'âge de 78 ans. Un portrait brossé par Alena Gebertova.

Jiri Ruml,  photo: CTK
La vie de Jiri Ruml ressemble à celle de beaucoup d'autres intellectuels tchèques nés avant la Deuxième Guerre mondiale et ayant commencé leurs carrières professionnelles dans les années cinquante, des années noires pour la société tchèque. D'abord communiste, voire stalinien convaincu, puis l'un des personnages clés du fameux Printemps de Prague et, finalement, dissident actif et fondateur, à la fin des années quatre-vingts, du magnifique journal Lidove noviny, qui paraissait sous forme de « samizdat ». La chute du régime communiste le voit remettre sur pied le journal, qui avait vu le jour en 1893, dans des conditions devenues dorénavant libres.

Pour beaucoup, Jiri Ruml est un représentant typique des hommes et des femmes du Printemps 68, appelés en tchèque les « osmasedesatnici », les « soixante-huitards », une appellation ayant acquis, aux yeux de certains représentants de l'actuelle droite dans le pays, une connotation quelque peu péjorative.

« A Jiri Ruml revient le mérite d'avoir redressé le journalisme tchèque »,écrit dans les pages du quotidien LN, Jaroslav Veis, son ex-rédacteur en chef. Il entend par là, en premier lieu, la publication clandestine du journal, sous la direction de Ruml. « J'ose dire, remarque-t-il, que sans ce journal, le chemin vers la révolution de Velours aurait été beaucoup plus difficile ».

Citons pour terminer ce qu'a écrit, dans l'hebdomadaire Respekt, Jaromir Stetina, lui aussi ex-rédacteur en chef de LN : « Pendant vingt ans, Jiri Ruml a servi le régime communiste. Avec sincérité et envergure. Pendant trente-cinq ans, il a lutté contre ce régime. Avec persévérance et sagesse... Il est mort en homme honnête ».