Déception et amertume chez les supporters
Guillaume Narguet, qui est en France en compagnie de Tchèques pour disputer un tournoi de football, nous a appelé de la banlieue de Lille, où l'on croyait dur comme fer à la victoire des hommes de Karel Brückner, jusqu'à ce corner grec à la dernière seconde.
Pour Honza, Jenda, David, Jirka, Radek, Tomas et Viktor, le rêve a pris fin brutalement. Convaincus avant le coup d'envoi de la victoire de Pavel Nedved et de ses partenaires, le but fatal encaissé, alors que l'arbitre s'apprêtait à siffler la fin de la première prolongation, les plonge dans un profond silence. "To není mozny", ce n'est pas possible, s'exclame Jirka au bout d'un moment, le regard toujours plongé dans le vide. Comment leur équipe pourtant considérée comme archi-favorite et portée aux nues par toute la presse européenne a-t-elle pu déjouer de la sorte. Venus en France à Sainghin en Mélantois, un village de 2500 habitants, situé à une quinzaine de kilomètres de Lille, pour participer à un tournoi de football ce week-end, cette bande de copains s'apprêtait pourtant déjà, maillots sur les épaules, à célébrer la qualification tchèque pour la finale. Mais voilà, installés autour d'une table et d'une télévision avec des amis français qui les accueillent, ils sont désormais les victimes des commentaires narquois de ces derniers. Non, contre une équipe grecque que tout le monde voyait battue d'avance, la République tchèque n'a pas fait mieux que la piètre équipe de France six jours plus tôt. Malgré la déception, tous ont toutefois la lucidité de reconnaître que la défaite est logique. "Ils ont trop mal joué pour espérer quoique ce soit" estime Viktor qui tente de comprendre les raisons de l'échec. "Ils se voyaient déjà en finale, avant même d'avoir joué la demi" renchérit David, tout en enlevant son maillot floqué du numéro 8 de Karel Poborsky, désormais trop lourd à porter.
Alors, histoire d'oublier et de se consoler, Radek et Tomas, en bons Tchèques qu'ils sont, lèvent leur verre de bière brassée dans les Flandres à l'amitié franco-tchèque et à la beauté du jeu. La nuit ne sera peut-être pas aussi joyeuse que prévue, elle n'en sera toutefois pas plus longue. "Et puis on s'en fout", conclut finalement Jenda, "ce n'est que du foot".