Festival de culture juive à Trebic

Zamosti, le quartier juif de la ville morave de Trebic, accueille, depuis lundi, le festival de culture juive - Samajim. Concerts, projections de films, exposition de photographies, sont au programme du festival qui se poursuivra pendant une semaine.

Les visiteurs s'y familiariseront aussi avec la tradition des fêtes juives et avec une collection de travaux inspirés de la culture juive. La représentation de la pièce "Monsieur Theodor Mundstock", tirée du roman de Ladislav Fuchs et relatant la destinée d'un Juif tchèque sous le protectorat, sera donné, samedi prochain, par le Studio dramatique d'Usti nad Labem, dans la Synagogue de Trebic. Le fait que ce soit cette ville qui abrite le festival de culture juive n'est pas un hasard.

Une puissante minorité juive était installée depuis le Moyen-Age à Trebic, et le quartier juif de Zamosti, « derrière les pont » en français, inscrit, il y a un an, au patrimoine mondial de l'UNESCO, en fournit la preuve. Deux ponts mènent de la place centrale de Trebic au quartier juif qui s'étend le long de la rivière Jihlava, et qui est appelé -V Zidech - aux Juifs, par les habitants de Trebic.. En regardant le ghetto depuis le pont, on est surpris par sa taille importante, par l'entassement de maisons minuscules, et par leur architecture typique qu'on ne trouve nulle par ailleurs. Certaines maisons sont déjà réparées, leurs façades et leurs toits brillent. Mais quand on continue plus vers l'intérieur du ghetto, on s'aperçoit de l'état délabré de certains bâtiments. L'architecte Lubor Herzan qui, enfant, jouait dans ces coins obscurs et à qui un grand mérite revient dans la sauvegarde du ghetto, s'en souvient:

"Depuis le milieu du XXe siècle, la ville juive souffrait d'une dégradation. La division de la ville en deux parties, chrétienne et juive, ayant pris fin, les chrétiens, pauvres, s'installaient dans le quartier juif, alors que les riches Juifs déménageaient dans la ville chrétienne. La frontière entre les deux parties n'était alors plus religieuse, mais patrimoniale. Tout était négligé dans le ghetto - les conduites d'eau, l'électricité, les canalisation, tout. L'endroit beignait dans l'obscurité. Plus encore, il se trouvait dans une zone inondable. Aucun investissement important n'y avait été fait depuis la fin des années vingt du XXe siècle. Paradoxalement, c'est une chance, car le ghetto a été épargné d'interventions irréversibles dans sa structure urbanistique, et il a pu se maintenir dans son état d'origine, bien que délabré. Dans les années 1970, il a été décidé de démolir le ghetto et de construire, à sa place, des maisons en panneaux de béton. Heureusement, il n'en a rien été. Au milieu des années quatre-vingt-dix, la mairie a adopté l'idée d'une revitalisation du ghetto de Trebic. On a pu édifier une nouvelle infrastructure grâce à un prêt que la ville a obtenu des Etats-Unis, du programme Muphis. La somme de 40 millions de couronnes a permis de construire un système anti-inondations. C'était une condition indispensable pour que la vie s'installe à nouveau dans le ghetto juif."