Le ministère de la Justice à la poursuite de Viktor Kozeny, le "pirate de Prague"
Les frasques de l'homme qui a frauduleusement gagné ses millions lors de la privatisation par coupons dans les années quatre-vingt-dix, Viktor Kozeny, commence sérieusement à agacer Prague. Aujourd'hui sous le soleil des Bahamas, il voit le filet se resserrer autour de lui, et le ministère de la Justice est prêt à utiliser tous les moyens juridiques possibles pour le faire rentrer au pays.
Une demande d'extradition formulée auprès des Bahamas, l'Etat-archipel composé de 700 îles sur l'une desquelles Viktor Kozeny a élu domicile depuis plusieurs années, voilà le dernier rebondissement de l'"affaire Kozeny". Les faits qui sont reprochés au "pirate de Prague", que nous avons déjà maintes fois relatés sur nos ondes, remontent à la deuxième vague de privatisation par coupons, en 1995. Divers fonds comme celui de Kozeny, pompeusement baptisé le Holding industriel de Harvard, étaient parvenus à attirer de nombreux citoyens prêts à investir leurs maigres économies afin de devenir propriétaires d'une partie des entreprises privatisées. Le problème, c'est que l'escroc le plus recherché de Tchéquie s'est envolé avec les millions ramassés et s'en est allé investir dans des affaires douteuses, notamment en Azerbaïdjan, en Irlande, pays dont il a désormais la nationalité, et aux Etats-Unis, où il est devenu une cible du FBI.
Non content d'avoir réussi à s'en tirer indemne jusqu'à maintenant, Viktor Kozeny continue les provocations, en posant sous les palmiers pour les photographes, en invitant des équipes de télévisions dans sa résidence des Caraïbes, et en tentant récemment de se présenter aux élections européennes sur une liste tchèque.Pavel Nemec, le nouveau ministre de la Justice, souhaiterait mettre fin à ce cirque. C'est la raison pour laquelle il a vu rouge en apprenant que la Procureur de la République, Marie Benesova, avait ce mardi confié aux médias que Prague allait demandé à l'Etat bahaméen l'extradition du "pirate", déjà sous le coup d'un mandat d'arrêt international. Prague et Nassau n'entretiennent pas de relations diplomatiques, mais, à force d'investigations, un vieux traité signé en 1925 entre la Grande-Bretagne et la Tchécoslovaquie a été retrouvé dans les archives. Un traité par lequel les anciennes colonies britanniques, dont les Bahamas, pourraient toujours être liées. On craint cependant, à Prague qu'après la diffusion de cette information, Kozeny prenne une nouvelle fois la poudre d'escampette et trouve refuge dans un pays qui n'est lié par aucun contrat avec son pays de naissance. Une affaire à suivre...