Ferroviaire : les Tchèques prennent le Pendolino depuis vingt ans
Le 23 décembre 2004, a été ouverte au public la première ligne « à grande vitesse » en Tchéquie. Toutefois, 20 ans après le départ de la première rame Pendolino depuis Prague vers la frontière allemande, le pays ne possède toujours pas de réseau LGV proprement dit et la vitesse moyenne des trains tchèques avoisine encore les 110 km/h.
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L’histoire du Pendolino en Tchéquie remonte à 1999, lorsque l’entreprise Alstom Ferroviaria, la filiale italienne du groupe, a remporté l’appel d’offre lancé par České dráhy, la compagnie nationale de chemins de fer, pour la livraison de sept trains pendulaires à grande vitesse pour un montant d’environ 4,4 milliards de couronnes. Attendu avec impatience, le premier train Pendolino, est arrivé en Tchéquie en juin 2003. Il a commencé à circuler d’abord entre la gare Masaryk de Prague et la ville de Děčín, située en Bohême du Nord, non loin de la frontière tchéco-allemande, pour relier ensuite Prague à Ostrava, en Moravie-Silésie, à Františkovy Lázně, en Bohême de l’Ouest, à Vienne ou à Bratislava.
Toutefois, le projet s’est heurté à de nombreux problèmes : durant l’hiver 2006, les rames du Pendolino ont été mises hors service pour deux mois à cause de multiples pannes et problèmes techniques. Leur retour sur les rails a été encouragé par le président de l'époque Václav Klaus qui, arrivé à la gare d’Ostrava, a recommandé « à tous les Tchèques » d’utiliser ce train au lieu d’emprunter la route.
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Le plus grave accident du Pendolino qui a fortement endommagé l’une des sept rames circulant à l’époque en Tchéquie, s’est produit en 2015 près de Studénka, en Moravie-Silésie. La collision entre le train et un camion a alors fait trois morts et 25 blessés. Après un autre accident mortel survenu en 2022 à la gare de Bohumín, une des rames du train a été définitivement mise hors service.
Modernisées en 2017-2018, les six rames Pendolino restantes parcourent tous les jours 950 kilomètres à travers le pays, sans pourtant jamais atteindre leur vitesse maximale fixée à 230 km/h. Car malgré des investissements massifs dans l’infrastructure ferroviaire, le pays a pris un certain retard dans la construction du réseau LGV : la mise en service des premiers tronçons à grande vitesse est attendue au mieux pour le début des années 2030. En ce qui concerne le développement des lignes à grande vitesse, la Tchéquie collabore par ailleurs avec la France : en 2021, la société publique tchèque qui gère les infrastructures ferroviaires (Správa železnic) a signé un contrat en ce sens avec SNCF Réseau.
Malgré son potentiel pas tout à fait exploité, Pendolino est un train très populaire en Tchéquie, évoqué même dans des chansons, des livres et des films. Un train qui, selon certains, a même relancé l’intérêt pour le transport ferroviaire en Tchéquie. Confortable et offrant des services à bord auxquels les Tchèques ont longtemps rêvé, il demeure l’un des trains les plus rapides notamment sur la ligne entre Prague et Ostrava. Il parcourt la distance de près de 370 km que sépare les deux villes en trois heures, avec une vitesse de l’ordre de 120 km/h.
Etant donné que la durée de vie du Pendolino est de 40 ans, les trains devraient sillonner la Tchéquie une vingtaine d’années encore.
Parallèlement, les Chemins de fer tchèques lancent de nouveaux trains pendulaires ComfortJet, pouvant atteindre la vitesse maximale de 230 km/h. Le transporteur national a annoncé investir 13 milliards de couronnes dans l’achat de 20 rames de ce qu’il appelle le « Pendolino nouvelle génération. »