Jiri Menzel : un réalisateur qui recueille les fruits de son travail
Le réalisateur de cinéma Jiri Menzel revient, à 66 ans, sur le devant de la scène. Ces derniers temps, il n'arrête pas de voyager et de recevoir prix et distinctions les uns après les autres.
En plus, ce célibataire convaincu vient d'épouser la journaliste Olga Kelymanova, son amie depuis cinq ans. Le mariage a certes été célébré en Thaïlande mais n'a pas échappé à la presse tchèque pour autant. "Elle est jeune, jolie et elle est journaliste, dit l'heureux mari à propos de sa femme. Elle a une fantaisie incroyable et est très appliquée. Elle est aussi une excellante cuisinière et, en tant qu'ancienne sportive, elle sait pas mal de choses sur l'alimentation saine."
Dimanche 28 novembre, le Festival Bifest de Bucarest a rendu hommage à Jiri Menzel en lui décernant un Prix pour l'ensemble de son oeuvre. Le prix a été remis à Jiri Menzel par la critique de cinéma Manuela Cernat, qui, lors de la cérémonie, a constaté que Menzel était un des réalisateurs européens les plus populaires en Roumanie. Le Centre tchèque de Bucarest a organisé à cette occasion un petit festival Menzel, ainsi qu'une exposition d'affiches de ses films. Le lendemain, le réalisateur était déjà en France. Au 14e Festival du film de Beauvais, il a reçu le titre honorifique de "Commandeur de l'Ordre des Arts et des Lettres" accompagné d'une médaille de la Ville de Beauvais. Il a présenté personnellement au public son film "Les trains étroitement surveillés", une oeuvre qui lui avait valu, dans les années 1960, un Oscar à Hollywood. Les spectateurs picards ont pu également apprécier d'autres de ses longs métrages: La Chevelure sacrifiée (1980), Le festival du perce-neige (1983), ou encore Mon cher petit village (1985). Le festival de Beauvais a rendu également hommage à d'autres grandes figures du cinéma tchèque, Milos Forman, Juraj Herz et Karel Zeman, et une exposition de l'affiche de cinéma tchèque a été présentée.
Cependant, tous les honneurs que Jiri Menzel collectionne lors de ces festivals internationaux n'arrivent pas à cacher un fait déplorable: le célèbre réalisateur ne tourne plus. Sa dernière oeuvre en date, un court métrage de dix minutes, fait partie d'une coproduction intitulée "Ten Minutes Older : The Cello", réalisée par quelques-uns des plus grands cinéastes de notre temps, Jarmusch, Kaurismäki, Wenders, Bertolucci, Szabo, ou encore Schlöndorf. Il s'agit, certes, d'un portrait très original du comédien tchèque Rudolf Hrusinsky, mais on attend toujours de Jiri Menzel une oeuvre plus substantielle. Les longues négociations sur une éventuelle mise à l'écran du célèbre roman de Bohumil Hrabal "Moi qui ai servi le roi d'Angleterre" ont échoué. Il s'adonne donc à la mise en scène de pièces de théâtre, il joue parfois dans des films tchèques et étrangers, mais son immense talent de réalisateur de cinéma est laissé en friche. Un entretien accordé par Menzel au journal Lidove noviny fait naître cependant une lueur d'espoir : "Je pense pouvoir faire un film dans un proche avenir", promet-il sans donner plus de précisions et en évoquant les problèmes qui le découragent de se lancer dans la réalisation de projets ambitieux: "Je suis un petit bourgeois, j'ai peur de risquer l'argent des autres."