Les impressions pragoises de Thomas Gunzig
Il est jeune, il a un sens de l'humour corrosif, de l'ironie et de la caricature et il est édité en Belgique, en France et ... en République tchèque. Il s'appelle Thomas Gunzig et on le considère comme un espoir de la littérature wallonne. Il y a quelques jours, cet écrivain belge est venu à Prague pour présenter aux Pragois ses livres traduits en tchèque et pour lire au public ses nouvelles. Il a répondu aussi à quelques questions de Radio Prague.
On vient d'entendre la lecture de vos nouvelles. Est-ce que vous aimez Boris Vian? J'ai l'impression que votre style rappelle quelque chose qu'on pourrait trouver dans les romans de Boris Vian, par exemple dans L'Ecume des jours.
"Oui évidemment. Beaucoup de jeunes ados découvrent Boris Vian quand ils ont treize, quatorze, quinze ans. Pour moi c'était très important parce que j'ai découvert une liberté, une aisance, une liberté d'imagination et de style complètement débridée. C'est vrai, dans mes premières nouvelles j'ai fait des plagiats complets de Boris Vian. J'ai complètement imité deux nouvelles, Le Loup-garou et Les Fourmis, les nouvelles qui m'avait vraiment marqué. Et puis Boris Vian, lui aussi, a parlé de la guerre, dans la nouvelle Les Fourmis, d'une manière un peu drolatique, un peu caricaturale qui me plaisait énormément. Je n'essaie plus d'imiter Boris Vian mais c'est quelqu'un qui a beaucoup compté pour moi et m'a ouvert les yeux sur des choses..."
Vous avez lu vos nouvelles au public de Prague et vous avez écouté aussi la lecture de vos nouvelles en tchèque. Est-ce que cette lecture de vos nouvelles traduites dans une langue inconnue vous a donné quelques chose?
"C'est très bizarre parce qu'on a l'impression d'entendre autre chose, évidemment. Je ne connais absolument pas le tchèque, la seule chose à laquelle je peux me raccrocher, ce sont des éléments rythmiques. Mais ce qui était aussi très bizarre c'était de voir la réaction du public qui avait l'air de bien aimer et riait à certains endroits. C'était donc la première fois que j'avais l'impression d'être le spectateur de moi-même. Je me dis, ce n'est plus du tout moi, ce n'est plus ma langue, ce n'est plus mon rythme, mais il y a encore des morceaux de moi là-dedans. Je ne le comprends pas très bien mais les gens ont l'air d'aimer. C'était très bizarre."
Vous êtes maintenant à Prague. Comment vous trouvez la ville ? Est-ce que vous vous sentez dépaysé?
"Ah oui, clairement. C'est amusant parce qu'on n'est pas très loin de Bruxelles, une petite heure d'avion, et c'est un autre univers."
Quelles sont les différences?
"Elles sont infinies. Tout est différent. C'est une ville qui est d'abord sublime. Ce n'est pas très original de dire que c'est une ville magnifique. Je ne peux vous dire que de gros clichés sur Prague. C'est une ville qui a une lumière, une odeur, une luminosité qui est assez incroyable. C'est une ville d'eau, j'aime bien, parce qu'il y a une grande rivière, qui passe au milieu, c'est une ville de culture, une ville qui est curieuse de l'extérieur, où il y a des gens curieux ... On m'avait dit: "Fais attention, on ne mange pas bien à Prague". Moi j'adore la cuisine pragoise, j'aime bien la richesse, la générosité de ces plats pragois, j'aime bien la bière pragoise. Mon grand-père était tchèque, il était d'une région à côté. Même s'il ne venait pas de Prague, quand je viens en République tchèque, j'ai l'impression un tout petit peu de revenir dans un endroit où ma famille a passé quelques siècles."
(Nous vous proposerons l'intégralité de cet entretien, samedi, dans le cadre de la rubrique Rencontres littéraires.)