Un pendule géant installé dans une église pragoise jusqu’à Pâques
Un pendule haut de 10 mètres et pesant 2 tonnes est suspendu depuis quelques jours dans la nef de l’église Saint-Sauveur de Prague (Akademický kostel Nejsvětějšího Salvátora), l’une des plus belles églises baroques de la capitale, située en face du Pont Charles. Œuvre de l’architecte Josef Pleskot, cet objet cinétique y sera exposé tout au long de la période du Carême.
C’est une tradition maintenue depuis vingt-cinq ans dans la paroisse universitaire catholique, une des plus dynamiques à Prague, fréquentée aussi bien par des étudiants que par des artistes et professionnels d’horizons différents : après la « messe des artistes », célébrée à l’occasion du mercredi des Cendres, une installation artistique est inaugurée à l’église Saint-Sauveur pour y être exposée pendant les quarante jours du Carême.
Cette année, il s’agit d’un pendule en bois et en métal, œuvre d’une grande personnalité de l’architecture tchèque, Josef Pleskot, à qui l’on doit, entre autres, la revitalisation de l’ancien site industriel de Dolní Vítkovice à Ostrava et du couvent dominicain de Prague, ou encore un tunnel piéton dans les jardins du Château de Prague. On écoute Josef Pleskot :
« On m’a demandé de créer une installation pour l’église Saint-Sauveur il y a environ cinq ans. Mais en tant qu’architecte, je n’ai jamais eu le courage de le faire, après avoir vu tant d’œuvres d’art exceptionnelles conçues spécialement pour cet espace par de grands artistes tchèques. Et puis, il y a quelques mois, l’idée m’est venue de construire une œuvre à cheval entre l’art et l’architecture, un objet cinétique, mais dont le mouvement n’est pas tout à fait prévisible. »Cet objet cinétique, simple en apparence mais dont le principe de mouvement est assez sophistiqué, a été réalisé par les ingénieurs statiques de l’entreprise EXCON. Accroché aux galeries de l’église, le pendule est composé de deux parties, verticale et horizontale, qui mesurent précisément 10 et 12 mètres. Pendant la messe, au moment du credo, un servant d’autel fait balancer l’objet à l’aide d’une longue perche, mettant en mouvement les deux parties de la construction.
Pour le prêtre, théologien et philosophe Tomáš Halík, le rapport qui se crée entre cette œuvre d’art moderne et le cadre baroque où elle est placée exprime toute la mission de la paroisse étudiante Saint-Sauveur, paroisse que Tomáš Halík dirige depuis trente ans :
« L’histoire de ce lieu nous tient à cœur, à mon équipe et moi, mais nous ne voulons pas en faire un musée. Nous voulons qu’il communique avec notre époque actuelle. Avec ces interventions artistiques, une sorte de tension qui se crée ici entre le traditionnel et le moderne. Placée dans un lieu chargé d’histoire, une œuvre d’art contemporain y est perçue autrement que dans une galerie et vice-versa : elle fait revivre un monument ancien. »Située au cœur de la Vieille-Ville de Prague, l’église Saint-Sauveur fait partie de l’ancien collège jésuite du Klementinum, dominé par la tour de l’observatoire astronomique, et devenu un centre d’art et des sciences au XVIIe et XVIIIe siècles. C’est dans les locaux du Klementinum que les membres de l’Ordre des jésuites effectuaient leurs recherches dans les domaines des mathématiques, de la physique, de l’astronomie et de différentes disciplines techniques.
D’après Tomáš Halík, le pendule de l’architecte Josef Pleskot leur rend hommage :
« Ce pendule rappelle l’excellent travail scientifique des pères jésuites pragois. Il évoque le temps qui passe, le temps limité du Carême qui a ses défis et que l’on ne devrait pas gaspiller. Finalement, le pendule, un objet qui oscille entre deux extrémités, exprime notre souhait de vivre harmonieusement. C’est un sujet de réflexion : nous pouvons nous interroger sur le fait de savoir si nous arrivons à atteindre un équilibre entre les extrêmes de la vie. »
Le public peut accéder à l’église Saint-Sauveur pendant les offices. Plus de détails sur le site de la paroisse universitaire http://www.farnostsalvator.cz/.