Des funérailles nationales pour Karel Gott
Karel Gott est mort ce 1er octobre, un peu avant minuit, à l’âge de 80 ans. La nouvelle publiée ce mercredi matin, un peu avant les sirènes du premier mercredi du mois, a bouleversé de nombreuses personnes ainsi que les programmes des radios et télévisions nationales. Au-delà des frontières tchèques, et principalement dans les pays germanophones, le décès de la « voix dorée de Prague » ne laisse pas indifférent.
« La carrière de Karel Gott était unique, inimitable – et serait impensable dans tout autre système qu’un régime autoritaire, qui maintient son contrôle sur les activités culturelles », écrit l’hebdomadaire Respekt dans sa nécrologie, qui, comme dans toutes les rédactions du pays, a rapidement été sortie du « marbre » mercredi midi.
A l’heure où l’on parle déjà d’obsèques nationales pour la défunte vedette, Radio Prague International s’en tiendra à l’expression de Chilon, qui était de Sparte et n’a pas eu la chance de connaître Maya l’abeille. Chilon disait en grec ce qui a été traduit en latin par De mortuis nihil nisi bonum, autrement dit, des morts on ne dit rien sauf du bien.
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D’autant qu’il y en a beaucoup à dire du bien, à propos de Karel Gott. Et, contrairement à ce que pourrait croire un public trop jeune ou non averti, il y a des chansons et des prestations de l’artiste qui valent le détour. En quasi-exclusivité mondiale, nous vous proposons notamment d’écouter une version oubliée de son tube ancestral Lady Carneval. Une version au début de laquelle le maître va maîtriser pendant près d’une minute l’art du scat.
Pour le reste, Guillaume Narguet avait profité du 80è anniversaire du chanteur cet été pour faire un bilan de son immense carrière (Lire aussi)
« Gott ist tot », ont annoncé sur un ton très nietzschéen certains médias ce mercredi en Allemagne, l’un des pays en dehors de la Tchéquie et de la Slovaquie où Karel Gott était très connu. Pour le générique du dessin animé Maya l’abeille (qu’il a interprété en allemand et en tchèque), mais pas seulement.
Toujours désireux de vivre avec son temps, Karel Gott a même fait un duo avec le rappeur allemand Bushido pour cette reprise de Forever Young intitulée – natürlich – Für immer jung, c’était en 2010 :
« Pour toujours jeune » - ou non - la Tchéquie s’apprête à lui dire adieu, lors d'une cérémonie qui s’annonce déjà impressionnante. Les drapeaux du pays étaient en berne dès mercredi après-midi au Château de Prague et à Lány, siège et résidence du président de la République, Miloš Zeman.
La nouvelle de son décès "est affligeante pour tout notre pays. Karel Gott était un Artiste qui donnait aux autres", peut-on notamment lire dans le communiqué du chef de l'Etat.
Le gouvernement, pas insensible à la vague d’émotion qu’a provoqué son décès dans le pays, a déjà entrepris de lui offrir des funérailles nationales. Elles seront à n’en pas douter suivies par de nombreux Tchèques qui perdent l’un de leurs artistes les plus illustres.
Karel Gott, contrairement à un Milan Kundera ou à une Marta Kubišová, a finalement décidé de ne pas émigrer ni d’entrer en dissidence, il a connu une gloire relativement stable pendant des décennies et donc marqué plusieurs générations. Et, pour l’heure, rien, sauf du bien !