Les prix Český slavík récompensent à nouveau les artistes musicaux de l’année
Après trois années de pause, les prix musicaux tchèques Český slavík semblent avoir franchi une nouvelle étape. En effet, l’édition 2021 a vu apparaître les noms d’artistes moins attendus que les vainqueurs des éditions précédentes, que l’on en était venu à croire indéclassables.
Créés en 1999 – dans la continuité des « Zlatý slavík » tchécoslovaques eux-mêmes lancés en 1962 pour élire les artistes musicaux les plus populaires du pays – les prix « Český slavík » ont apporté quelques surprises cette année, notamment au niveau du palmarès. Il est vrai qu’après trois années de pause mises à profit pour revoir le système de vote et l’organisation des prix dans leur ensemble, il était évident que le légendaire Karel Gott, décédé en 2019, ne monterait cette année pas sur le podium de la catégorie « Meilleur chanteur ».
Rappelons en effet qu’entre 1962 et 2017, Karel Gott a remporté quelque 41 Rossignols d’or. Cependant, les autres noms récompensés presque systématiquement du Rossignol d’or dans les catégories « Meilleure chanteuse » et « Meilleur groupe » – à savoir Lucie Bílá (détentrice de 19 Rossignols d’or) et le groupe Kabát (11 Rossignols d’or) – n’ont cette année obtenu « que » le Rossignol d’argent pour la première, et le Rossignol de bronze pour le second.
Si le nouveau directeur des « Český slavík », l’homme d’affaires Karel Janeček, a suscité la polémique avec un discours mêlant politique et culture lors de la cérémonie, il est évident qu’avec le nouveau système de vote, le palmarès 2021 des prix musicaux semble désormais plus représentatif de la scène musicale tchèque contemporaine, et de la popularité de ses interprètes auprès du grand public. D’ailleurs, cette année, un nombre record de plus de 220 000 personnes a voté pour élire les gagnants des différentes catégories.
Ainsi, dans la catégorie « Meilleure chanteuse », c’est Ewa Farna qui a obtenu le Rossignol d’or, détrônant donc Lucie Bílá. Depuis le début de sa carrière musicale, en 2006, la musique pop et rock de la chanteuse tchéco-polonaise Ewa Farna a obtenu de nombreuses récompenses musicales en République tchèque et en Pologne. Parmi ses titres les plus connus, on notera sa chanson « Tělo » (« Le corps »), dans laquelle elle aborde – à l’image d’autres stars internationales – des thèmes encore récemment tabous dans la société.
Dans la catégorie « Meilleur chanteur », c’est Marek Ztracený qui a été décoré. Egalement nommé « Vainqueur absolu » de l’édition 2021, Marek Ztracený a déclaré, lors de la remise du prix, qu’il souhaitait « envoyer ce prix là-haut, à Karel Gott ».
La cérémonie a également été l’occasion d’un hommage à Miro Žbirka, chanteur et compositeur slovaque décédé récemment. En 1982, Miro Žbirka avait d’ailleurs été lui-même récompensé du prix musical tchécoslovaque – qui s’appelait alors « Zlatý slavík » – devenant ainsi la deuxième personne (après Waldemar Matuška) à battre Karel Gott, qui régnait alors sur le titre depuis 14 années d’affilée.
Dans la catégorie « Groupe de musique », c’est le groupe Mirai qui a été récompensé cette année. Originaire de Moravie-Silésie, Mirai avait été élu « groupe de l’année 2019 » lors de la remise des prix Anděl. L’un des grands succès du groupe est la chanson « Když nemůžeš, tak přidej » (littéralement « Quand tu n’en peux plus, accélère ! ») dont le titre est inspiré de la devise du légendaire coureur à pied Emil Zátopek.
Enfin, nouveauté des « Český slavík » cette année : une catégorie « Hip-hop et rap ». C’est le rappeur Martin Pohl, alias Řezník, qui a obtenu le Rossignol d’or dans cette catégorie. Lors de la remise des prix, cet artiste provocateur s’inscrivant dans le courant horrorcore du hip-hop a cependant critiqué la qualité de la scène pop tchèque ainsi que le prix « Český slavík » lui-même, auquel il a déclaré n’avoir participé que pour « attirer l’attention sur lui ». Quoi qu’il en soit, avec 204 interprètes concourant cette année dans la catégorie « Hip hop et rap », le « Český slavík » contribue indéniablement à la visibilité de cette subculture parmi le grand public.