Remaniement ministériel : « Ça va déjà mieux », affirme Andrej Babiš
Fin cette semaine des spéculations et des rumeurs autour de changements dans le gouvernement du Premier ministre. Mercredi, Andrej Babiš a annoncé que deux de ses ministres, nommés par son parti ANO, seront remplacés le 30 avril : le ministre des Transports et la ministre de l’Industrie et du Commerce.
C’est après son passage mercredi au Château de Prague pour consultations avec le président Zeman que le chef du gouvernement a confirmé sa décision :
Andrej Babiš: « Le Président de la République part bientôt en Chine pour une visite officielle donc le remaniement sera entériné le 30 avril. Entre temps le chef de l’Etat va avoir le temps de rencontrer les deux candidats que j’ai proposés pour les deux ministères concernés. »
Le ministre des Transports Dan Ťok avait déjà annoncé lundi qu’il partait de son plein gré, plus de quatre ans après sa nomination à un poste qui a la réputation d’être compliqué en Tchéquie ; il s’est dit fatigué par les attaques formulées contre sa personne et par le lobbying intensif:
Dan Ťok: « Il y avait certainement une volonté dans le milieu des affaires d’avoir un ministre des Transports affaibli. Cela permet du coup de s’occuper plus tranquillement des appels d’offres publics, que ce soit dans le domaine informatique ou celui des péages électroniques autoroutiers… »Dan Ťok est le ministre des Transports qui a tenu le plus longtemps – et dans plusieurs gouvernements différents. La presse révèle que le Premier ministre a eu du mal à lui trouver un remplaçant tant ce portefeuille ne fait pas vraiment rêver. Il sera donc finalement remplacé par Vladimír Kremlík, un avocat de formation qui était jusqu’ici fonctionnaire à l’Office du patrimoine public.
Le cas de Marta Nováková à l’Industrie et au Commerce était différent, dans le sens où ce n’est pas elle qui a décidé de partir mais elle a été remerciée. Sa sortie sur le coût des données mobiles qui serait élevé « en raison du comportement des consommateurs tchèques qui préfèrent utiliser le WiFi » avait été très critiquée.
Plus récemment, plusieurs partis de l’opposition lui ont reproché d’avoir obtempéré suite à la demande de l’ambassadeur chinois réclamant le départ du représentant taïwanais lors d’une réunion dans son ministère.
Pourtant grand adepte de « la gestion de l’Etat comme on gère une entreprise », le chef du gouvernement Andrej Babiš a tenté d’expliquer sa décision de la manière suivante:
« J’en ai parlé avec Madame Nováková. Il n’est pas facile de passer du secteur privé à l’administration publique, qui fonctionne de façon totalement différente. Elle fonctionnerait peut-être même sans les ministres, mais les ministres sont là pour mettre en œuvre un programme politique. Je ne vais pas m’étendre sur les raisons de son départ mais je veux dire ici qu’il n’est pas dû au faux-pas protocolaire impliquant des diplomates étrangers. Ma décision n’a pas été prise en fonction des critiques entendues. »Karel Havlíček devrait donc officiellement être le prochain ministre de l’Industrie et du Commerce à partir de la fin du mois. « Mission impossible » pour l’actuel vice-président du Conseil gouvernemental pour la recherche, le développement et l'innovation ? C’est en tout cas ce qu’estime ce jeudi un éditorialiste du quotidien Lidové noviny, parce que ce ministère a de très larges attributions qui vont de ces fameuses données mobiles à la numérisation, en passant par le charbon et le lithium, « sans oublier les travaux d’extension des centrales nucléaires de Dukovany et de Temelín ».
En moins de deux ans, ce n’est pas le premier remaniement ministériel du gouvernement d’Andrej Babiš, loin de là. Sur les réseaux sociaux circule à nouveau l’un de ses selfies avec cinq de ses proches, quand ils faisaient campagne avec son célèbre slogan « ANO, bude líp » (ANO, ça va aller mieux) – quatre d’entre eux ne font déjà plus partie de son gouvernement; seul le ministre de l’Environnement Richard Brabec est encore en poste.
Cela n’a pas empêché le Premier ministre de constater que le pays se portait économiquement bien et de s’en attribuer le mérite : « ça va déjà mieux » a-t-il affirmé, en concluant que « ceux qui disent que ça va moins bien sont des menteurs !».