De fausses pierres précieuses découvertes dans les collections du Musée national
Tous les visiteurs de Prague auront remarqué ce grand chantier en haut de la place Venceslas : le Musée national, la plus importante institution du genre en République tchèque, est en travaux depuis trois ans. La rénovation du bâtiment néo-Renaissance a récemment donné lieu à une découverte tristement surprenante : en effectuant une révision complète des collections du musée, les conservateurs ont découvert plusieurs fausses pierres. La différence de valeur entre les pierres d’imitation et de vrais diamants ou saphirs s’élève à plusieurs dizaines de millions de couronnes.
Depuis qu’il a entamé la révision complète de la collection, placée provisoirement dans un dépositaire dans le 9e arrondissement de Prague, il a authentifié « environ 500 pierres, dont 70 étaient soit mal définies, soit étaient en réalité de fausses pierres en matière synthétique ». Ainsi, par exemple, du simple verre a été identifié à la place d’un diamant de cinq carats, le troisième le plus grand de la collection pragoise. Idem pour un précieux saphir du Cachemire, remplacé, quant à lui, par une pierre synthétique. Le problème concerne également des rubis, des alexandrites ou des corindons.
Stupéfait par cette révélation, le directeur du Musée national, Michal Lukeš, n’a rien dissimulé de l’énigme devant les médias :
« C’est une affaire digne d’un roman policier. Nous essayons de comprendre comment ces pierres se sont retrouvées ici, comment elles ont été traitées par le passé. Evidemment, nous nous interrogeons sur la possibilité d’un acte criminel. Il se peut aussi qu’une défaillance professionnelle soit à l’origine de cette substitution. »
Le constat n’a cependant guère satisfait le jeune conservateur Lukáš Zahradníček :
« J’ai découvert par exemple que la moitié des rubis qu’abrite cette collection étaient synthétiques. Je suis choqué par le fait que cette réalité soit mise à la lumière du jour seulement maintenant, après tant d’années de silence. »La direction du Musée national se défend en évoquant les « conditions catastrophiques » dans lesquelles les pierres ont été conservées avant la rénovation du bâtiment historique.
L’institution entend désormais examiner d’autres collections, celles de peintures ou d’instruments de musique par exemple, afin d’identifier de potentiels objets falsifiées. Par ailleurs, le phénomène de la contrefaçon fera l’objet d’une prochaine exposition préparée par le Musée national.