Rosický, c’est fini
« Malý Mozart » - « Le petit Mozart », c’était son surnom, ne portera plus le maillot du Sparta, son club formateur, pas davantage que celui d’une autre équipe. Tomáš Rosický a annoncé la fin de sa carrière de joueur lors d’une conférence de presse ce mercredi à Prague. Handicapé par de multiples blessures ces dernières saisons, un des meilleurs footballeurs tchèques de l’histoire a préféré, à 37 ans, se retirer définitivement des terrains.
« Moi, c’est Rosický - Tomáš Rosický, parce qu’il a joué cinq ans à Dortmund et qu’il nous a permis de gagner des Bundesliga. C’est un grand joueur ! »
Dans les faits, de Bundesliga, Rosický n’en a gagnée qu’une seule: en 2002, année où il a également disputé la finale de la Coupe UEFA. Un titre de champion d’Allemagne avec le Borussia qui avait été précédé de trois autres de République tchèque avec le Sparta, le club qui l’a formé et l’a vu naître au football. Pragois pur jus, le petit Tomáš a fait toutes ses classes dans le club de la capitale jusqu’à ses grands débuts, au printemps 1999, à 18 ans, avec l’équipe professionnelle.
Quelques années plus tard, en 2006, son transfert à Arsenal a fini de confirmer son immense talent. Seul bémol, et pas des moindres, en l’espace de dix saisons sous le maillot du club londonien, « Rosa », comme il était aussi surnommé en République tchèque, n’a disputé en tout et pour tout que 246 matchs, comme le regrettait d'ailleurs à demi-mots le manager des Gunners, Arsène Wenger, au moment des adieux du joueur tchèque au football anglais en mai 2016 :« Cela restera toujours une frustration d’abord parce que Tomáš avait un talent exceptionnel. Mais il ne faut pas oublier non plus qu’il nous quitte à bientôt 36 ans. Il a donc fait preuve d’une longévité exceptionnelle au plus haut niveau. Bien sûr, nous avons tous adoré le joueur et la standing ovation qui lui a été réservée après son dernier match à l’Emirates Stadium en dit long sur la reconnaissance des supporters. Mais nous avons tout autant apprécié l’homme et son comportement. C’était quelqu’un d’une grande classe aussi en dehors des terrains. C’est triste de le voir partir, mais cela a été un privilège pour moi de pouvoir l’entraîner. »
A l’époque, l’entraîneur français ne s’était pas montré avare en compliments à l’adresse d’un joueur dont il appréciait particulièrement le style élégant :
« Il avait toutes les qualités de footballeur pour pratiquer le jeu que nous aimons pratiquer ici. Je dirais que Tomáš Rosický était le joueur parfait pour l’Arsenal Football Club. »
Après une dernière saison 2015-2016 blanche à Arsenal, Rosický était rentré au bercail l'été suivant avec l’idée de finir sa carrière en beauté en aidant le club de son cœur à reconquérir un titre de champion qui lui échappe depuis plusieurs saisons. Las, en l’espace d’une saison et demie, le meneur de jeu, plus souvent à l’infirmerie que sur le terrain, n’a disputé que six bouts de match. Et s’il s’est efforcé de repousser le plus longtemps possible une fin de carrière considérée comme une petite mort par beaucoup de sportifs de haut niveau, Rosický a finalement été contraint de se rendre à l’évidence, comme il l’a expliqué devant les nombreux médias ce mercredi au siège du Sparta :« Cela faisait déjà longtemps que mon corps me faisait comprendre qu’il n’en pouvait plus, mais la tête avait toujours pris le dessus jusqu'à maintenant. L’envie de rejouer était la plus forte. Mais même comme ça, je dois bien reconnaître que je n’ai désormais plus la motivation. »
Malgré sa fragilité physique - qui a fait dire à son ancien équipier Emmanuel Adebayor dans un récent entretien pour le mensuel français So Foot qu’il se blessait pour deux mois et demi à chaque fois qu'on lui demandait comment il allait – Rosický a disputé pas moins de 105 matchs en équipe nationale tout au lond d'une carrière internationale marquée notamment par une participation aux demi-finales de l’Euro 2004 au Portugal aux côtés des Nedvěd, Poborský, Šmicer, Koller et autres Baroš.
Cette carrière internationale, comme tout le reste vécu sur les pelouses aux quatre coins de l'Europe, n’est désormais plus qu’un souvenir. Pour autant, l’ancien capitaine de la Reprezentace n’entend pas s’éloigner du monde du football :
« Il y a de très grandes chances que je continue à travailler pour le Sparta. J’ai fait du football toute ma vie et je suis arrivé au club à l’âge de six ou sept ans. Je pense donc pouvoir affirmer que je peux être utile pour le club. »
Un club, le Sparta, où il faisait - et fait toujours - l’objet d’un véritable culte, comme l’avait remarqué son partenaire français Rio Mavuba dans un entretien accordé à Radio Prague peu après son arrivée dans le club pragois l’été dernier :« Ah ça, il est ici comme une légende vivante. J’ai suivi sa carrière notamment quand il jouait à Arsenal. Ça fait plaisir de le croiser et de pouvoir évoluer aux côtés d’un tel joueur. On sent vraiment qu’il représente beaucoup de choses ici. »
Rien de moins que quelques-unes des plus belles heures de gloire du Sparta et du football tchèque de ces vingt dernières années, ce qui, au moment de rembobiner la pellicule, ne s'avère finalement pas si mal pour un joueur soi-disant éternellement blessé.