Patinage artistique: à Ostrava, cela a été une grande fête pour l'élite européenne
Les championnats d’Europe de patinage artistique se sont achevés dimanche à Ostrava. Très attendu par le public, le principal événement sportif organisé en République tchèque en ce début d’année a été un grand succès, et ce malgré les performances globalement moyennes des représentants tchèques.
« Merveilleux… C’était génial ! »
Ces mots sont ceux d’une spectatrice française présente dans les tribunes de l’Ostravar Arena le week-end dernier. A peine le gala de clôture des championnats d’Europe de patinage artistique à Ostrava s’était-il achevé dimanche après-midi à Ostrava que les organisateurs et la Fédération internationale de patinage évoquaient déjà l’organisation d’autres grands championnats, cette fois probablement du monde, dans la cité de Moravie du Nord. Un peu finalement comme d’anciens bons amis qui s’étaient un peu perdus de vue et qui, après avoir passé une bonne soirée ensemble pour leurs retrouvailles, se séparent en se promettant de ne plus attendre si longtemps avant de se revoir.Malgré l’absence de résultats de leurs représentants dans les grandes compétitions ces dernières années, les Tchèques apprécient toujours autant le patinage artistique. C’est donc sur une évidence que le rideau s’est refermé sur la glace dimanche : un an après Bratislava et dix-huit ans après leur tenue à Prague, ces championnats d’Europe à Ostrava, les 109es de l’histoire, ont été une vraie réussite. Une fête populaire d’abord avec un public qui a répondu présent en nombre durant les cinq jours qui figuraient au programme, mais aussi un succès en termes d’organisation. Dernier patineur tchèque à avoir été sacré champion du monde, en couple avec Radka Kovaříková en 1985, René Novotný était lui aussi sous le charme :
« Ces championnats d’Europe comptent assurément parmi les plus réussis ne serait-ce d’abord qu’au niveau des installations en elles-mêmes. Les sportifs ont disposé de tout le confort dont ils avaient besoin. Que ce soit pour la compétition, l’entraînement, l’échauffement ou l’hôtel, tout était à proximité. Je pense que c’est le premier élément qui contribue à la très bonne ambiance générale. Personne n’avait aucune raison de se plaindre. Et puis la deuxième chose, c’est bien sûr le public. J’avais déjà gardé un excellent souvenir d’Ostrava durant ma carrière. Les spectateurs sont là pour profiter du spectacle et encourager tout le monde, et pas seulement les patineurs tchèques. C’est un public qui n’est pas avare en applaudissements, et c’est pourquoi ce sont des championnats qui m’ont laissé une excellente impression. »
Pour ce qui est de la compétition à proprement parler, les grandes vedettes attendues ont répondu présent au rendez-vous. Et notamment Javier Fernandez : sacré champion d’Europe pour la cinquième fois consécutive malgré une chute dans son programme libre exécuté sur du Elvis Presley samedi, l’Espagnol - et les médias tchèques n’ont pas manqué de le souligner - a égalé l’ancien patineur tchécoslovaque Ondřej Nepela, lui aussi médaillé d’or cinq années consécutives entre 1969 et 1973.
Un palmarès qui ne sera très probablement jamais celui de Michal Březina. Principal espoir de médaille tchèque lors de ces championnats à domicile, le Tchèque a, comme souvent dans sa carrière, été victime de ses démons. A 26 ans, celui qui était présenté comme le successeur de Tomáš Verner, vice-champion et champion d’Europe en 2007 et 2008 (cf. : http://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/16-ans-apres-un-tcheque-champion-deurope-de-patinage-artistique), tarde à confirmer les espoirs placés en lui depuis sa médaille de bronze continentale décrochée en 2013.
Huitième à l’issue du programme court, un classement qui lui permettait encore de croire au podium, Michal Březina a finalement terminé douzième après le programme libre, très loin des premières places et avec son plus mauvais résultat en championnats d’Europe depuis sa première apparition à ce niveau de la compétition en 2008. Victime de deux chutes et auteur de diverses petites fautes, le Tchèque est ressorti particulièrement marqué de la glace :
« Je n’ai qu’une envie : jeter mes patins dans un coin et ne plus les voir avant un bon moment… Le problème ? Il n’y avait aucun problème. J’étais tout simplement dans un mauvais jour. Tout s’était pourtant bien passé à l’entraînement, avant le programme court comme avant le programme libre. Sur les trois dernières semaines de préparation, cela a été aujourd’hui ma plus mauvaise performance. Probablement avons-nous mal programmé les choses. »Très bon patineur dans l’expression artistique, Michal Březina se retrouve en revanche plus que de raison sur les fesses à la réception de ses sauts, qui constituaient pourtant son point fort au début de sa carrière. Mais s’il a terminé son programme libre sur un genou, c’est pour une autre raison :
« Sans doute va-t-il falloir que je fasse en compétition comme à l’entraînement, c’est-à-dire que j’effectue mes programmes sans répétition. J’avais pourtant tout le public derrière moi. Je n’ai encore jamais connu ça de toute ma carrière, et c’est pour ça que j’ai tenu à remercier les gens à la fin de mon programme. Ma performance est d’autant plus frustrante que j’aurais vraiment aimé faire plaisir aux spectateurs. Malgré la déception, je dois les remercier, car l’ambiance a été fantastique. »
Michal Březina décevant, la meilleure performance tchèque de ces championnats d’Europe a donc été signée par le couple Anna Dušková et Martin Bidař, septième. Un classement quelque peu inattendu pour lequel pas même les deux principaux intéressés, tous deux âgés de 16 ans, n’avaient de mots selon leurs propres dires,
Champions du monde juniors en titre, Anna Dušková et Martin Bidař représentent donc l’avenir aujourd’hui du patinage artistique tchèque. De là à savoir s’ils confirmeront chez les seniors une fois l’euphorie d’Ostrava retombée, il y a un pas que René Novotný ne s’aventure pas à faire. A l’en croire, il faudra encore patienter avant de revoir un ou des patineurs tchèques pouvoir prétendre se mêler à la lutte pour les titres et les médailles à l’échelle mondiale :
« Effectivement, 22 ans depuis le dernier titre mondial, cela semble une éternité… Il faut faire la distinction entre championnats d’Europe et championnats du monde, tant la concurrence est forte aujourd’hui à l’échelle mondiale. Je pense que la République tchèque peut encore prétendre à des médailles au niveau européen, mais cela me semble beaucoup plus compliqué au niveau mondial tant cela demande énormément de travail et de sacrifices sans garantie de résultat. »
Une garantie de résultat que n’ont pas davantage les meilleurs, et ce même si leur palmarès pourrait faire penser le contraire. Ainsi, déjà championne d’Europe et du monde en titre, la jeune Russe Evgenia Medvedeva a de nouveau triomphé à Ostrava en battant le record du monde du nombre de points (229,71). Un titre qu’ont également conservé Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron, couronnés eux en danse pour la troisième fois consécutive. Une grande première pour un couple français qui était pourtant en difficulté après le programme court, comme s’en félicitait Gabriella Papadakis :« C’est d’abord un peu un soulagement. Ce titre, nous le voulions, et nous sommes satisfaits d’avoir réussi. C’est déjà notre troisième titre consécutif, et ça commence à faire beaucoup. C’est quand même important, surtout que nous n’étions effectivement que troisièmes après la danse courte. C’était donc encore un autre challenge, et c’est pourquoi c’est encore plus fort que le deuxième titre, qui lui-même était déjà plus fort que le premier. »
Après l’élite européenne, Ostrava peut donc désormais rêver d’accueillir les championnats du monde, dont la dernière tenue en République tchèque remonte en 1993. C’était alors à Prague, mais Ostrava, on le sait désormais depuis quelque temps déjà, n’a désormais plus grand-chose à envier à la capitale en matière d’organisation d’événements sportifs.