La Tchéquie fait un pas vers le gouvernement en ligne

Photo: Site officiel du gouvernement tchèque

La République tchèque a l’objectif de se hisser parmi les vingt premiers pays européens en termes d’administration électronique, un concept lié à l’usage d’internet et des nouvelles technologies dans l’accès des citoyens aux différents services de l’Etat. L’ambition est modeste puisque le continent européen compte environ cinquante Etats, mais la Tchéquie part de loin. L’Initiative 202020, présentée jeudi par le gouvernement tchèque, doit permettre de combler le retard.

Photo: Site officiel du gouvernement tchèque
L’administration ou le gouvernement en ligne, c’est la possibilité pour les citoyens d’effectuer leurs démarches administratives via internet, qu’il s’agisse par exemple de payer ses impôts, de réaliser la carte grise de son véhicule, de gérer allocations ou dossiers médicaux ou même de voter. C’est aussi leur permettre, grâce aux nouvelles technologies, d’interagir facilement avec les administrations.

En la matière, l’Estonie est souvent présentée comme à la pointe, mais si l’on en croit le rapport de l’ONU sur l’administration en ligne publié en août 2016, en Europe, c’est en fait le Royaume-Uni, les Pays-Bas et la Suède qui mènent la danse. La République tchèque est à la traîne des Etats de l’UE, et seulement à la 50e position au niveau mondial, en très légère progression comparé à l’enquête précédente mais en recul vis-à-vis d’enquêtes plus anciennes.

En conférence de presse jeudi, Tomáš Prouza, le secrétaire d’Etat en charge des Affaires européennes, désigné au printemps en tant que coordinateur de l’agenda électronique de la Tchéquie, a volontiers reconnu que tout n’avait pas été fait pour rapprocher les services publics des citoyens tchèques, mais il a apporté aussi certaines nuances :

Tomáš Prouza,  photo: Site officiel du gouvernement tchèque
« La République tchèque, dans les évaluations ces dernières années de l’électronisation des services de l’Etat, a pris beaucoup de retard. Le développement de certaines initiatives pour le gouvernement en ligne s’est interrompu. Notre action s’est presque arrêtée pendant plusieurs années. Pour autant, on ne peut pas dire qu’absolument rien n’a été fait. On a l’habitude en Tchéquie de ne pas avoir la capacité de se féliciter de certaines choses mais au contraire de se dénigrer. C’est quelque chose que nous devons changer : nous avons avancé sur certains points. Je mentionnerais par exemple la possibilité d’obtenir un extrait de son casier judiciaire ou de vérifier son solde de points sur son permis en ligne. »

Ce sont deux exemples parmi les 735 services en ligne aujourd’hui disponibles en Tchéquie. L’Initiative 202020, qui se décline en un site internet, entend les recenser et communiquer auprès du public sur leur existence, puisque d’après Tomáš Prouza, ces services sont souvent méconnus des citoyens tchèques.

Bohuslav Sobotka,  photo: Site officiel du gouvernement tchèque
Ce n’est toutefois pas la seule dimension du projet, dont le nom fait référence à l’année 2020 comme horizon pour que la République tchèque intègre les vingt pays européens les plus performants quant à l’administration en ligne. C’est ce qu’a développé le premier ministre Bohuslav Sobotka :

« Grâce à cette initiative, les gens devraient pouvoir déterminer quels sont tous les services en ligne auxquels ils ont accès et quels sont les nouveaux instruments en préparation. Parmi tous ces futurs instruments, j’en évoquerais un en particulier. Ce n’est évidemment pas le seul mais c’est une mesure importante : il s’agit du projet de carte d’identité avec puce électronique, qui contiendra une signature électronique et qui permettra aux citoyens de communiquer facilement à distance avec les administrations. »

Photo: Site officiel du gouvernement tchèque
L’Initiative 202020, à laquelle participent des personnalités issues de tout le spectre politique, n’est toutefois pas exempte de critiques. D’aucuns doutent que la Tchéquie puisse réellement progresser aussi rapidement dans le classement des performances des Etats en matière de gouvernement en ligne. D’autres, comme Helena Svatošová de l’ONG Luridikum Remedium, interrogée par la Radio tchèque, remarque que la question de cette évaluation est secondaire par rapport à la réflexion sur l’intérêt réel que peuvent représenter ces services pour les citoyens et sur le risque d’utilisation abusive ou de fuite de leurs données personnelles.