David Konečný, le meilleur sportif tchèque en France
De tous les sportifs tchèques qui exercent leurs talents en France, il est assurément celui qui possède le palmarès le plus fourni. Depuis son arrivée au Tours Volley-Ball en 2007, David Konečný a été sacré cinq fois champion de France et a remporté six Coupes de France. A 33 ans, l’attaquant international tchèque est non seulement le capitaine mais reste également le meilleur joueur du meilleur club français de ces six dernières saisons. Radio Prague est donc allé à la rencontre de ce qui ressemble fort, à la modeste échelle du volley, à un phénomène.
« C’est vrai que cela fait déjà quelques années que les joueurs tchèques apprécient le championnat de France, et inversement, même si le nombre de joueurs tchèques en Ligue A a quand même tendance à baisser. La Ligue A est un championnat intéressant pour les joueurs tchèques expérimentés avec un bon niveau de jeu. Le style pratiqué en France ressemble au tchèque en de nombreux points : il y a beaucoup de défense, pas énormément d’attaques ‘extraterrestres’ et on joue avec la tête. C’est pourquoi les Tchèques ont des profils qui correspondent au volley français. »
Vous avez entamé votre huitième saison à Tours. Les sept précédentes ont été très réussies. Quel regard portez-vous sur le parcours que vous avez accompli jusqu’à présent ?
« J’aime beaucoup joueur à Tours, tout simplement parce que c’est la meilleure équipe en France. Chaque fois, nous sommes parvenus à trouver un terrain d’entente avec les dirigeants pour prolonger mon contrat (en mars 2005, David Končný a prolongé de deux années supplémentaires, ndlr). Cela veut donc dire que les deux parties sont satisfaites. Personnellement, je déteste les déménagements et je ne vois pas trop de raisons de bouger. Je suis bien à Tours, dans le plus grand club professionnel en France qui possède, en plus, du soutien économique de la ville et de la région. C’est important. Je suis convaincu que nous pouvons encore faire de belles choses sur le parquet comme les dernières saisons. »
« A Tours, notre chance est que l’équipe de foot soit en Ligue 2 »
Vous attendiez-vous à ce que vous avez vécu lorsque vous avez signé pour Tours une première fois en 2008 ? En voyant plein le Palais des sports et l’ambiance qui règne pour un match comme celui de ce soir contre Beauvais, on sent bien qu’il y a un véritable engouement et un vrai intérêt des Tourangeaux pour leur équipe de volley…
« A Tours, le volley est le sport numéro un. Notre chance est que l’équipe de foot reste en Ligue 2. Mais le public aime le volley et j’espère que nous lui faisons plaisir à travers nos victoires et le jeu que nous pratiquons. »
Quelles relations entretenez-vous avec les autres joueurs tchèques de Ligue A ? Ce soir dans le camp opposé se trouvaient Ondřej Hudeček et Jiří Král, que vous connaissez bien pour avoir joué avec eux en équipe nationale.
« Je suis passé les voir à l’hôtel vendredi soir, la veille du match. Comme on ne se voit pas beaucoup durant la saison, nous en avons profité pour discuter et prendre des nouvelles les uns des autres. Mais pour eux, c’est plus difficile de parler avec moi après le match de ce soir, car nous avons gagné (Tours a battu Beauvais trois sets à un, ndlr). Cela n’enlève rien au fait que nous restons tous les trois de bons amis. »Que dire de votre jeune coéquipier Adam Bartoš, pour lequel cela semble être un peu plus compliqué ?
« C’est sa deuxième saison à Tours. Il est encore jeune (23 ans), il a donc encore le temps de démontrer ce qu’il peut apporter à l’équipe. Mais la saison dernière déjà, Adam a fait quelques entrées vraiment très importantes. Il a grandement contribué à la qualification pour la finale de la Coupe de France. Je suis très content qu’il soit là, car il fait du bon boulot. »
Comment expliquez-vous l’intérêt des clubs français pour les joueurs tchèques ? Comment un jeune comme Adam Bartoš arrive dans un club du niveau de Tours ?
« Notre manager général connaît tous les joueurs ou presque en Europe. Il connaît leurs clubs, leurs caractéristiques, s’ils sont sous contrat ou pas, etc. Il a vu jouer Adam en équipe nationale et m’a ensuite demandé quelques renseignements. Je ne lui ai dit que des bonnes choses et c’était important pour Adam de partir à l’étranger pour pouvoir progresser encore plus. »
Est-ce là un rôle que vous pourriez envisager à l’avenir ? Suivre d’un peu plus près le championnat tchèque pour conseiller un club comme Tours ?
« Du championnat tchèque, je suis essentiellement les résultats. J’ai déjà assez de volley comme ça dans la tête pour ne pas en regarder en plus. Mais cela ne m’empêche pas de savoir qui sont les bons joueurs. Si un entraîneur ou un manager me sollicite pour des informations, je peux rendre service. Mais ce n’est jamais moi qui décide d’engager ou non tel ou tel joueur. »
« Je n’ai jamais eu de raisons de quitter Tours »
On peut supposer que vous avez reçu durant votre carrière des propositions d’autres clubs dans d’autres pays où le volley occupe une place plus importante qu’en France. Vous êtes pourtant toujours resté fidèle à Tours. Est-ce donc parce que vous êtes très attaché au club ou plus par souci de confort et parce que vous n’avez finalement pas envie de bouger ?
« C’est vrai, l’évolution de ma situation pourrait laisser à penser que je suis très attaché à Tours. La réalité est que, à chaque fois que nous avons discuté avec les dirigeants de la prolongation de mon contrat, nous avons toujours trouvé un accord satisfaisant pour les deux parties. Je n’ai donc jamais eu de raisons de partir, surtout que s’il fallait quitter Tours, ce ne serait pas pour un autre club français. Il faudrait donc que je parte en Turquie, en Pologne ou dans un pays de ce type. Or, je suis très content en France et à Tours, et ce d’autant plus que les dirigeants sont satisfaits de moi. »
Que comptez-vous faire à l’issue de votre contrat en fin de saison prochaine ? Envisagez-vous de rester en France ou de revenir en République tchèque ?« Je pense que je rentrerai en Tchéquie une fois que ma carrière sera finie. La vie en France est un peu chère, mais surtout ma femme comme moi avons notre famille en Tchéquie. A Tours, nous avons pas mal d’amis, mais la famille est prioritaire. »
« Le team Yavbou, c’est bon pour le volley »
Que pensez-vous des progrès effectués ces dernières années par l’équipe de France ? Même si elle a échoué en début d’année au tournoi de qualification olympique, elle a été sacrée championne d’Europe l’année dernière…
« La team Yavbou, comme vous la surnommez en France, est très forte en Europe, elle est même au trop. J’apprécie leur façon de joueur et la promotion qu’ils font du volley. Tout cela me plaît beaucoup ! Leurs résultats me font plaisir et je leur souhaite de tout cœur de se qualifier pour les Jeux de Rio. Ils ont encore une chance d’y parvenir (au Japon du 28 mai au 5 juin prochains, ndlr) et ils en sont tout à fait capables. Après, tout est possible, même une médaille. Pourquoi pas ? Il y aura des équipes d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud… Il est peut-être plus facile de décrocher une médaille olympique que de gagner un championnat d’Europe ou du monde. »
Ressentez-vous cet intérêt grandissant du public pour le volley en France ?
« Bien sûr ! Les salles de Ligue A sont plus remplies, il y a plus de monde pour supporter pendant les matchs. C’est bon pour le volley, et pas seulement le volley français. »
« Je préfère le vin aux châteaux de la Loire »
Vous vivez en France depuis quelques années déjà. Qu’est-ce qui vous plaît ou vous déplaît en tant qu’étranger dans cette vie en France ?
« Aujourd’hui, je suis très heureux de ma vie en France, mais les débuts ont été très difficiles. Il y avait plein de choses qui me surprenaient. Le mode de vie m’a surpris, je ne comprenais pas comment les Français faisaient pour vivre en étant tout le temps en retard. Mais huit ans après, il n’y a plus rien qui me surprend. »Tours accueillera l’équipe nationale tchèque de football en juin prochain durant la phase finale du championnat d’Europe. Que conseillerez-vous de faire aux Tchèques qui souhaiteraient visiter Tours et sa région ?
« Il y a d’abord les châteaux de la Loire. Mais le Val-de-Loire, c’est aussi le vin, et personnellement, je préfère le vin aux châteaux… »
…les joueurs de foot ne viennent probablement pas pour les châteaux non plus…
« C’est ce que je pense aussi. Je leur conseillerais donc plutôt de goûter le vin… »
Pour fêter leurs victoires ?
« Oui, et s’ils ne gagnent pas, lorsqu’ils auront un peu de repos… »
Nous vous proposerons dans de prochaines rubriques sportives un reportage sur « le phénomène Konečný » à Tours, ainsi qu’un autre sur l’accueil qui sera réservé à la Reprezentace de football en juin prochain durant l’Euro dans la capitale de la Touraine.