Le premier ministre tchèque en Chine pour renforcer la coopération économique

Bohuslav Sobotka, photo: ČTK

Ces derniers temps, la Chine est omniprésente dans les médias tchèques, que ce soit pour annoncer un gros investissement chinois dans le pays ou parce que, exemple parmi d’autres, les exportations de bière tchèque en Chine ont doublé. Bref, la République tchèque vit une lune de miel économique sans précédent avec le géant asiatique à travers un réchauffement des relations qui se veut pragmatique et qui, on le sait désormais, constitue une rupture assumée avec la politique tchèque d’un passé encore pas si lointain, davantage axée sur les droits de l’Homme. La visite de six jours en Chine qu’a entamée le Premier ministre Bohuslav Sobotka parachève un processus de rapprochement diplomatique largement encouragé par le président Miloš Zeman.

Bohuslav Sobotka,  photo: ČTK
Le gouvernement tchèque et Miloš Zeman ne sont pas tout le temps, loin s’en faut, sur la même longueur d’ondes. Mais s’il y a un dossier sur lequel les deux parties sont d'accord, ce sont bien les relations avec la Chine. Avec des investissements en République tchèque estimés à 370 millions d’euros, la Chine se pose désormais en partenaire économique plus que fréquentable pour la République tchèque. Et ce quitte à faire fi de la question des droits de l’Homme, comme certaines voix discordantes le reprochent à Prague et comme s’en soucie assez peu Bohuslav Sobotka :

« Si on prend en considération le fait que l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la France et la Pologne monnayent la démocratie et la liberté au profit de leurs affaires, alors nous avons des relations bien plus mauvaises avec la Chine que ces pays. Nous n’avons pas signé de partenariat stratégique avec la Chine comme l’ont fait l’Allemagne, la Grande-Bretagne et la France. Notre objectif est de rattraper les pays occidentaux dans ce sens. Nous faisons le maximum pour renforcer les échanges bilatéraux et je suis heureux que ces deux dernières années aient abouti à des résultats concrets. Le nombre de touristes chinois en République tchèque a augmenté de 40%. Cette année, 300 000 d’entre eux sont venus chez nous. De même, nous avons augmenté de 15% le volume de nos exportations vers la Chine. Je pense que le renforcement de notre coopération avec la Chine a des retombées positives très importantes. »

Photo: Tomáš Adamec,  ČRo
C’est pour renforcer encore un peu plus cette coopération que le chef du gouvernement se trouve en Chine depuis dimanche, accompagné par les ministres de la Santé, des Transports et du Développement régional, ainsi que par une importante délégation d'entrepreneurs. Après le président Zeman, qui s’est rendu deux fois à Pékin en l’espace de moins d’un an, et le ministre des Affaires étrangères Lubomír Zaorálek, Bohuslav Sobotka vient donc s’ajouter à la liste des hauts représentants tchèques en déplacement dans le pays le plus peuplé du monde. Six jours de voyage qui se veulent à la hauteur des ambitions tchèques, à en croire le Premier ministre :

« L’objectif de ce voyage est de faire la promotion de la République tchèque comme avant-poste possible pour les entreprises chinoises en Europe, et tout particulièrement en Europe centrale et orientale. Nous aimerions qu’un centre financier à destination des investisseurs chinois voit le jour à Prague. Je vais négocier également avec plusieurs banques chinoises. Nous voulons aussi améliorer les liaisons aériennes et espérons l’ouverture d’une deuxième ligne entre Shanghai et Prague. Je fais le voyage avec une délégation de chefs d’entreprises qui veulent s’implanter sur le marché chinois. Il s’agit essentiellement d’entreprises du génie mécanique, mais aussi du secteur financier. Nous voulons soutenir à la fois les exportations tchèques et les investissements chinois en République tchèque. »

Photo: Mjordan 6,  Wikimedia CC BY-SA 3.0
Ouverte en septembre dernier, la première ligne aérienne directe reliant Pékin à Prague a un double objectif : attirer davantage encore de touristes chinois, mais aussi soutenir la coopération bilatérale et les investissements chinois dans le pays. Ces derniers sont largement soutenus par le groupe d’investissement CEFC qui est déjà entré dans le capital de plusieurs entreprises tchèques. Ainsi, l’actionnaire majoritaire du club de football du Slavia Prague, de la brasserie Lobkowicz ou encore de la compagnie aérienne Travel Service est désormais chinois. Tout récemment, le groupe BWI (Beijing West Industries) a entamé les travaux de construction de sa nouvelle usine de fabrication de suspensions et de freins de véhicules automobiles dans le Parc industriel de Cheb. D’ici la fin de l’année, Bank of China devrait également ouvrir sa première filiale à Prague, soit la première implantation financière chinoise en République tchèque.

Lors de ce voyage, Bohuslav Sobotka doit également signer un accord permettant à la République tchèque de participer à ce qui est appelé « La Nouvelle route de la soie », un projet de soutien des échanges commerciaux entre l’Europe et la Chine. Enfin, point d’orgue de ce déplacement, le sommet 16+1 qui rassemblera cette semaine à Pékin les chefs de gouvernement des pays d’Europe centrale et orientale.