Depuis un an maintenant existe à Lille une école tchèque destinée aux familles tchèques et franco-tchèques vivant dans le Nord-Pas-de-Calais. Tous les quinze jours, ses deux professeures, Dagmar Spáčilová et Kristýna Matysová, offrent aux enfants, y compris aux leurs, une immersion totale dans la culture tchèque. Le fonctionnement de cette « česká škola » est possible notamment grâce au soutien d’ALEi, une association franco-tchèque d’Armentières que nous avons évoquée récemment dans nos émissions. Cette année, la « rentrée » pour les petits Tchéco-Ch’tis se fera ce samedi 3 octobre. Avant cela, Dagmar Spáčilová nous a présenté les objectifs de cette école dont elle est une des cofondatrices :
Dagmar Spáčilová, photo: Facebook de l'école tchèque à Lille
« Cela faisait déjà quelques années que l’idée d’une école tchèque existait. En fait, elle est apparue avec la naissance de ma fille aînée. Je me suis rendu compte qu’il n’existait pas de structure pour les petits Tchèques, un petit centre où les parents et les enfants peuvent se rencontrer. Quand on est parent et que l’on est seul dans un pays étranger, ce n’est pas toujours évident de transmettre son ‘moi’ tchèque, ses traditions, etc. à ses enfants. C’est une rencontre avec Kristýna Matysová (qui est lectrice de tchèque à l’Université Charles de Gaulle – Lille 3, cf. : http://www.radio.cz/fr/rubrique/tcheque/profession-prof-de-tcheque-en-france), qui avait la même idée, qui a fait avancer les choses. Lorsque nous avons fait connaissance, nous avons constaté que nous avions le même projet. La logique voulait donc que nous le réalisions ensemble. Et puis il y a une troisième personne qui a rendu tout cela possible : Xavier (Torrez, président d’ALEi, cf. : http://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/dans-la-region-lilloise-alei-une-association-nee-des-echanges-en-latin-entre-pretres-francais-et-tcheques). Il est venu à notre secours en mettant à notre disposition un centre social avec une salle adaptée à nos besoins à Armentières. C’est ainsi que notre projet a pu se concrétiser et que école tchèque a pu voir le jour. »
-Quelles activités proposez-vous aux enfants ?
Kristýna Matysová, photo: Facebook de l'école tchèque à Lille
« Il s’agit d’une immersion totale. On ne parle donc qu’en tchèque. Comme il s’agit de petits enfants dont l’âge va de 2 à 7 ans, nous apprenons essentiellement en jouant et en chantant. Il faut vraiment que ce soit un moment agréable pour les enfants, un moment qu’ils apprécient passer en notre compagnie. Mais cela va au-delà de l’apprentissage de la langue ou de son perfectionnement, car certains enfants parlent déjà bien le tchèque, qu’ils pratiquent avec leurs parents à la maison. Il s’agit aussi de les aider à réaliser quelles sont leurs racines, qu’ils sont des petits Français mais aussi des petits Tchèques. Il faut qu’ils prennent conscience qu’ils ne sont pas seuls, qu’ils vivent dans une culture française mais qu’ils ont aussi un parent tchèque. Même s’ils sont encore petits, ils se posent parfois des questions. Ma fille me demande parfois s’il est française ou tchèque. Elle est les deux à la fois. Il faut donc qu’ils voient qu’il y a d’autres enfants et d’autres adultes qui sont franco-tchèques, qui le vivent très bien et qui font partie d’une communauté au sein de laquelle ils peuvent partager leurs joies ou leurs soucis et leur identité. »
-Ressentez-vous une demande importante des parents tchèques dans ce sens ?
Photo: Facebook de l'école tchèque à Lille
« Il y a une réelle demande, mais après il y a les contraintes de la vie quotidienne qui font que ce n’est pas toujours évident. Depuis que nous sommes passés en France à un rythme scolaire de quatre jours et demi par semaine, certains enfants ont l’école le mercredi ou le samedi matin. Et du coup certains ne peuvent pas venir le samedi car ils ont l’école française. Après, il faut aussi que les parents puissent les conduire, qu’ils attendent deux heures… Bref, il y a toute une organisation qui est nécessaire de la part des parents. Mais cela ne nous empêche pas d’avoir des parents et des enfants qui viennent régulièrement, qui sont très intéressés et nous aident par exemple pour l’organisation de la Saint-Nicolas et d’autres fêtes de l’école tchèque. »
-Vous êtes donc optimiste pour l’avenir de ce projet…
Photo: Facebook de l'école tchèque à Lille
« Il le faut ! Nous sommes motivées. Nous le faisons par amour et parce que c’est quelque chose qui nous tient à cœur. Nous continuerons même si les enfants ne sont pas très nombreux, tout simplement parce que c’est important. »
*« Petit » en ch’ti, nom (dans le sens d’enfant) ou adjectif.
Pour plus de renseignements sur cette école tchèque à Lille :
