A Prague et Tábor, des expositions pour découvrir la vie et l’œuvre de Jan Hus
Cette année, 600 ans se sont déroulés depuis le martyr du réformateur Jan Hus, mort sur le bûcher à Constance le 6 juillet 1415. Récemment un téléfilm de la Télévision tchèque, coproduit par la chaîne franco-allemande Arte, a plongé les téléspectateurs dans l’histoire de Jan Hus. Plusieurs expositions en République tchèque entendent également faire davantage connaître l’époque et le contexte dans lesquels s’est développée la pensée hussite.
« Cette exposition fait partie des plus importantes à avoir été réalisées sur le hussitisme. C’est peut-être même la plus grande. Nous présentons une centaine d’objets empruntés à 25 institutions. C’est donc une exposition qui présente aux visiteurs de manière développée le phénomène Jan Hus, mais aussi par exemple l’évolution de sa représentation picturale, du Moyen-âge au XXe siècle ou des détails sur sa vie. »
Parmi les objets exposés, Jakub Smrčka tient notamment à en signaler un en particulier :
« L’objet le plus intéressant, une petite curiosité en fait, c’est un objet peu lourd et de petite taille. Il s’agit d’un bout de ce qui appelé ‘la tunique de Hus’. Nous avons pu l’emprunter au Musée Unterlinden de Colmar, en France. Bien sûr, il faut dire que bien que le tissu date du Moyen-âge, on n’est pas sûr de son origine, nous ne pouvons pas être totalement sûrs qu’il s’agit d’un vêtement porté par Jan Hus, comme le veut la tradition. Mais il s’agit d’un vêtement qui se trouvait à Constance, dans une salle où s’est déroulé le concile, et présenté comme la tunique de Jan Hus à partir du XIXe siècle. C’est la toute première fois que ce morceau de tunique est exposé en République tchèque. » A Prague, début juin et pendant quelques jours seulement, les visiteurs ont eu l’occasion de découvrir l’original d’un précieux manuscrit appelé Le Codex de Jan, datant du tournant du XVe et XVIe siècle. Remplacé depuis par un facsimilé, le codex est considéré comme un objet important du patrimoine de la littérature et de la langue tchèque, mais aussi comme un symbole de l’identité tchèque. Il est connu notamment pour ses enluminures représentant le martyr de Jan Hus sur le bûcher ou encore le chef de guerre hussite Jan Žižka, aveugle, à la tête de ses armées. Martin Musílek du Musée national, spécialiste du Moyen-âge et du hussitisme :« Mon objectif principal était de préparer, avec une équipe d’experts du Musée national, une exposition de qualité qui rappelle dignement les 600 ans du martyr de Jan Hus. Nous voulions nous inscrire dans la tradition des grandes expositions sur le hussitisme proposées par le Musée national dans le passé. Bien évidemment, les collections du Musée abritent des centaines, voire des milliers d’objets qui sont liés au bas Moyen-âge, à l’époque hussite. Néanmoins, nous avons essayé de sélectionner vraiment ceux qui se rapportaient au personnage de Jan Hus, tout en essayant de montrer ceux qui étaient uniques. Uniques parce qu’ils nous sont parvenus ou parce qu’ils n’ont encore jamais été montrés au grand public. »Parmi ces objets exposés et peu connus, voire pas du tout connus du grand public, Martin Musílek en met en avant certains tout particulièrement :
« On peut notamment citer l’étude réalisée pour le tableau intitulé Le prêche hussite, du grand peintre Karel Lessing. Il y aussi un vitrail qui date du tournant des XVIIe-XVIIIe siècles et qui met en scène le martyr de Jan Hus. La scène est tirée d’une image similaire dans la chronique de Richentahl. Et puis nous présentons des objets authentiques, de l’époque de Jan Hus, comme les pavés qui se trouvaient sur le sol de sa cellule ou encore une copie de la fenêtre de celle-ci, à Constance. »Les commémorations organisées à l’occasion du 600e anniversaire de la mort de Jan Hus sur le bûcher sont aussi une occasion de réfléchir au sens du combat mené par le réformateur tchèque, comme le souligne encore Jakub Smrčka.
« J’ai beaucoup d’estime pour Jan Hus, et plus je découvre sa personnalité, plus mon estime augmente. Je pense que c’est un homme qui avait aussi des défauts, mais qu’il a réussi à faire avec. Je considère que sa position de principe et ses activités à l’époque comme un quelque chose de très important. Je ne veux évidemment pas en faire un saint. C’est quelqu’un qui agissait en fonction de ses convictions profondes. Je ne pense pas qu’il ait voulu consciemment détruire l’Eglise et son autorité. Au contraire, il voulait remettre en état l’Eglise. Il s’inscrit dans un mouvement général de tentatives de réforme, menées en Bohême mais aussi dans le reste de l’Europe depuis le début du XIVe siècle. »L’exposition au Musée national est à voir encore jusqu’au 12 juillet. Celle au Musée hussite de Tábor jusqu’au 31 octobre prochain.