Mobilisation européenne et tchèque contre le traité transatlantique (TTIP)

Photo: Commission européenne

400 personnes environ ont manifesté ce samedi à Prague pour protester contre les négociations en cours d'un traité de libre-échange entre les Etats-Unis et l'Europe, dont un nouveau cycle débute ce lundi à New-York. Les opposants au Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP), qui se mobilisaient partout en Europe, craignent un nivellement par le bas des normes sociales, environnementales et hygiéniques ainsi qu'un coup porté à la souveraineté des Etats au profit des grandes entreprises multinationales. Le gouvernement du social-démocrate Bohuslav Sobotka soutient quant à lui ce traité, bien qu'il dit être prudent en attendant sa forme finale, et est également en faveur de l'une de ses dispositions les plus critiquées, la mise en place d'un mécanisme d'arbitrage privé pour régler les différends entre les entreprises et les Etats.

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Dans la capitale tchèque, la manifestation, qui s'est déroulée depuis le quartier de Smíchov jusqu'à la place Jan Palach, était organisée à l'initiative de l'organisation Iuridicum Remedium et de la plate-forme Stop TTIP. Elle a rassemblé différentes personnalités du monde associatif et de la gauche, telles que la député européenne communiste Kateřina Konečná, des membres du parti des verts, le leader du parti pirate Ivan Bartoš ou des représentants des syndicats. Comme dans d'autres pays européens, le parti social-démocrate est quelque peu divisé sur la question et certains de ses membres, comme Radim Hejduk, ont pris part au défilé.

Au-delà de l'abaissement des barrières tarifaires entre les Etats-Unis et l'Union européenne, déjà à un niveau très faible, le projet de traité entend surtout harmoniser les normes en vigueur des deux côtés de l'Atlantique et créer ainsi un vaste espace de libre-échange. Les opposants au texte considèrent que ce texte d'inspiration libérale, si les négociations, très lentes et difficiles, aboutissent, mettra en danger les services publics et affaiblira les droits des travailleurs. Ils prennent l'exemple du traité de libre-échange nord-atlantique ALENA. Selon l’Economic Policy Institute (EPI), la création de ce marché commun entre les Etats-Unis, le Mexique et le Canada aurait détruit près de 900 000 emplois. Or les promoteurs de cet accord parlaient de la création de 20 millions d'emplois.

Le gouvernement du social-démocrate Bohuslav Sobotka justifie justement son soutien au traité transatlantique par la perspective de favoriser la croissance et donc des créations d'emplois. Dans un entretien accordé en février au quoditien Právo, le ministre de l'Industrie et du Commerce, le social-démocrate Jan Mládek, indiquait que le niveau des échanges entre la République tchèque et les Etats-Unis était aujourd'hui faible. Selon lui un tel traité, qu'il estime meilleur dans tous les cas que l’accord bilatéral conclu entre la Tchécoslovaquie et les Etats Unis au début des années 1990, pourrait permettre d'augmenter les exportations vers le pays de l'oncle Sam.

Jan Mládek a par ailleurs cosigné avec huit autres ministes européens en charge du commerce une lettre appelant la Commission européenne à faire avancer les négociations en y incluant notamment le tant décrié dispositif d'arbitrage. D'autres pays, comme la France et surtout l'Allemagne, sont bien plus réservés sur ce dispositif selon lequel une entreprise pourrait porter plainte contre un Etat auprès d'un tribunal arbitral privé si elle s'estime lésée dans le cadre de ses investissements. Pour plus de détails sur le sujet, consultez notre rubrique économique mise en ligne le 17 avril : www.radio.cz/fr/rubrique/economie-commerce/le-ttip-et-son-dispositif-darbitrages-du-point-de-vue-tcheque.