Même si le gouvernement tchèque semble unifié sous la baguette de son Premier ministre Bohuslav Sobotka, le 38e congrès du Parti social-démocrate (ČSSD), dont il a été réélu président ce week-end, a provoqué de nombreuses réactions, tant du président de la République que des représentants de l’opposition.
Milan Chovanec a été élu premier vice-président, photo: ČTK
Sans opposition, Bohuslav Sobotka a été reconduit à la tête de son parti vendredi, après avoir obtenu 606 voix sur 691 votes valides. Président du ČSSD depuis 2011, Bohuslav Sobotka a ainsi été élu pour un troisième mandat consécutif. Milan Chovanec, l’actuel ministre de l’Intérieur, a été élu premier vice-président et remplace Michal Hašek. Les délégués du parti se sont également mis d’accord sur la modification des statuts du parti. Un point révolutionnaire lié à ce changement concerne la possibilité pour tous les membres du parti de décider de l’élaboration des listes de candidats. Par ailleurs, au moins 40% de femmes devront désormais figurer sur les listes électorales. Lors d’un entretien accordé à la chaîne de télévision privée Prima, le président de la République, Miloš Zeman, qui n’a pas été invité au congrès, a indiqué que l’instauration de quotas était « insultante » pour les femmes. Concernant cette mesure, Bohuslav Sobotka a indiqué :
Bohuslav Sobotka, photo: ČTK
« Il s’agit d’un signal positif émis à l’égard des femmes, qui montre que la social-démocratie tient à ce que des femmes se présentent sur ses listes. Et cela concerne autant les femmes que les hommes. La proportion devrait être à chaque fois de 40% pour 60%. Cette nouvelle mesure est valable pour les élections régionales de l’année prochaine comme pour les élections parlementaires. Déjà d’autres partis en République tchèque essaient d’augmenter la représentation des femmes. La social-démocratie avait un grand retard sur ce point. Je suis navré du fait que nous ayons si peu de femmes à la Chambre des députés. Cette nouvelle mesure des quotas veut donc prévenir cette situation à l’avenir. Je crois aussi que le fait d’avoir élu non pas une mais deux vice-présidentes à la direction du parti reflète un certain changement de mentalité au sein de la social-démocratie. »
Photo: ČTK
Les délégués du parti ont également élu les cinq autres vice-présidents. L’actuel chef de la diplomatie, Lubomír Zaorálek, et l’actuel vice-président du parti, Martin Starec, ont eux aussi été réélus dans leurs fonctions de vice-président. Michaela Marksová, la ministre du Travail et des Affaires sociales, le président de la Chambre des députés, Jan Hamáček, et l’adjointe du ministre de la Santé, Lenka Teska Arnoštová, sont devenus les trois autres vice-présidents du parti. Sachant que Bohuslav Sobotka avait révélé avant le congrès ses souhaits quant à la composition de la direction du parti, le chef de l’Etat, Miloš Zeman, lui-même président du parti social-démocrate entre 1993 et 2001, a indiqué que cette nouvelle direction du parti, quelque peu « unicolore » selon lui, va devoir assumer la totale responsabilité des prochaines élections, régionales et sénatoriales, qui auront lieu l’année prochaine. Quant à la question de savoir s’il a obtenu davantage de pouvoirs au sein de son propre parti, Bohuslav Sobotka a nuancé :
Photo: ČTK
« Nous avons procédé avant tout à un radical changement au sein de la social-démocratie, à savoir la démocratisation du parti. Les changements de statuts qui ont été votés approfondissent les droits des membres ordinaires du parti. Nous sommes un parti démocratique et personne, pas même son président, ne détient le pouvoir absolu. C’est le leadership collectif du parti qui exerce une influence. Mais je suis responsable de la social-démocratie des cinq dernières années, et je suis aussi responsable du gouvernement de la République tchèque. J’ai obtenu un mandat fort, un soutien fort de près de 85% des délégués. J’ai déposé ma candidature à la présidence du parti après avoir été pendant treize mois à la tête du gouvernement, alors je considère ma réélection comme une reconnaissance de la façon dont la social-démocratie est capable d’imposer son programme au sein de la coalition gouvernementale. »
Le gouvernement de Bohuslav Sobotka affiche une relative stabilité, malgré certaines tensions au sein de la coalition et quelques changements à la tête des ministères sous la direction du mouvement ANO. Le vice-président du parti de droite et d’opposition TOP 09, Miroslav Kalousek, a par exemple soulevé la problématique concernant la loi sur les biocarburants discutée par le gouvernement. Selon ses déclarations, la loi ne ferait que creuser le budget de l’Etat, car elle ne bénéficierait qu’aux entreprises du ministre des Finances, Andrej Babiš. Nous écoutons Miroslav Kalousek :
Miroslav Kalousek, photo: ČTK
« Si la social-démocratie considère qu’il est tolérable de donner cinq milliards de couronnes à l’auteur de la loi, qui va donc se les approprier, alors elle ne peut pas s’attendre à ce qu’on lui fasse confiance pour être un parti de culture politique européenne. »
A l’approche des élections régionales, le Premier ministre Bohuslav Sobotka a révélé qu’une rencontre entre le gouvernement et les représentants de toutes les régions sera organisée très prochainement.