Egalité des genres : la République tchèque toujours pointée du doigt

Photo: Commission européenne

La République tchèque est toujours un mauvais élève en matière d’égalité hommes-femmes. Mardi, dans sa résolution votée à 441 voix contre 205, le Parlement européen a critiqué certains pays européens, dont la République tchèque, pour ne pas œuvrer de manière suffisante et efficace pour assurer la parité entre les sexes. Afin d’améliorer cette situation, le gouvernement tchèque s’apprête à mettre en débat de nouveaux projets de loi, portant notamment sur le versement des pensions alimentaires impayées.

Photo: Commission européenne
La résolution du Parlement européen, qui évalue la situation de l’UE en 2013, indique les principaux défis politiques en matière d’égalité des genres, comme les écarts salariaux, l’équilibre entre la vie professionnelle et privée ou encore la position des femmes dans la prise de décision politique et économique. Même si on constate une légère amélioration de la moyenne européenne qui s’élève désormais à 16,4%, contre 18% en 2008, à titre de comparaison, l’écart des rémunérations entre hommes et femmes est de 14,8% en France contre 22% en République tchèque ou en Allemagne. Věra Jourová, la commissaire européenne à la justice, aux consommateurs et à l’égalité des genres, se trouve logiquement en première ligne des critiques.

Malgré la déclaration de Věra Jourová au début de son mandat de « faire de l’égalité des genres sa priorité », la situation dans certains pays européens, dont la République tchèque, peine à évoluer. Les eurodéputés proposent donc de nouvelles mesures concrètes pour lutter contre ces inégalités de genre, comme le versement d’un plein salaire aux femmes en congé maternité ou l’introduction d’un congé de paternité rémunéré d’une durée minimale de dix jours. La République tchèque fait partie de six autres Etats européens, dont cette dernière disposition relative au congé paternité est absente de leur législation. Toutefois, la ministre du Travail et des Affaires sociales, Michaela Marksová Tominová, a tenu à souligner que la création d’un congé paternité était à l’ordre du jour :

« Je crois qu’il s’agit d’une mesure très utile, qui renforcera la cohésion familiale. »

Photo: Barbora Kmentová
Actuellement, si un père tchèque a envie de s’occuper de son enfant, il dispose seulement de la possibilité de choisir entre ses jours de congés habituels, ou de prendre un congé sans solde. Or les avis des eurodéputés tchèques divergent déjà quant à savoir si l’instauration d’un congé de paternité devrait être décidée à Strasbourg. Dans ce sens, l’eurodéputé Jan Zahradil (ODS) a par exemple fait savoir que certains pays sont plus libéraux que d’autres, et à l’inverse d’autres plus conservateurs, et de ce fait chaque pays devrait trancher la question par lui-même. Au niveau national également, certains représentants politiques tchèques se prononcent pour la création d’un congé de paternité obligatoire, tandis que d’autres penchent plutôt vers un congé de paternité volontaire. Si habituellement, le congé de maternité est suivi du congé parental, pendant lequel est attribuée l’allocation parentale, qui varie selon l’âge de l’enfant, seuls 1,8% des pères tchèques y ont recours.

Il existe par ailleurs à l’heure actuelle près de 300 000 familles monoparentales, qui peinent parfois à joindre les deux bouts, et ce notamment lorsque l’autre parent ne s’acquitte pas de sa pension alimentaire. C’est pourquoi dans le mois à venir, le ministère du Travail et des Affaires sociales s’apprête à déposer sur la table du gouvernement un projet de loi qui permettrait à l’Etat de compenser les pensions alimentaire impayées de la part des parents. Même si le mouvement ANO ne semble pas complétement soutenir cette mesure, la ministre Michaela Marksová Tominová a tenu à préciser :

Michaela Marksová Tominová,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
« A vrai dire, la question n’est pas de savoir quelle apparence revêtira le projet de loi que nous voulons proposer, mais mon but est de faire valoir des conditions qui puissent garantir que des parents qui vivent seuls avec leurs enfants ne soient pas lésés de cette pension alimentaire. Je crois que cela découle de la responsabilité de l’Etat. Car nous sommes en train de parler d’enfants démunis. »

Quant à l’égalité des rémunérations, les femmes tchèques gagnent en moyenne un quart de moins que les hommes, à savoir 19 215 couronnes (698 euros), contre 23 492 couronnes (854 euros). Il en va de même pour les retraites, dont le montant s’élève à 10 050 couronnes (365 euros) par mois pour les femmes, contre 12 259 couronnes (445 euros) pour les hommes.

La commissaire européenne à la justice, aux consommateurs et à l’égalité des genres, Věra Jourová, a déclaré à l’occasion du vote de la résolution parlementaire ce mardi, que l’Union européenne avait fait des progrès dans de nombreux aspects de l’égalité des sexes, mais que de nombreuses disparités persistaient. En 2015, une des priorités personnelles de Věra Jourová sera de débloquer les négociations sur la directive anti-discrimination de l’Union européenne.