Les productions de films étrangers peut-être moins subventionnées à l’avenir par l’Etat tchèque
Cela fait désormais un peu plus de vingt ans que la République tchèque est devenue une destination prisée des productions étrangères de films. Mission Impossible, Jeanne d’Arc de Luc Besson, le Monde de Narnia, Casino Royale ou L’homme qui rit de Jean-Pierre Améris ont ainsi été tournés en République tchèque. Toutefois, les avantages financiers accordés par l’Etat à ces productions cinématographiques ne seront peut-être plus si généreuses dans un proche avenir. Dans le cadre de l’approbation des budgets 2015 et 2016, le montant de ces aides devrait diminuer de 300 millions de couronnes (11 millions d’euros).
Nonobstant le fait que cette hausse ait généré d’importants investissements dans l’économie tchèque, la coalition gouvernementale envisage, avec une partie de l’opposition, de réduire de nouveau ce montant à 500 millions de couronnes. Toutefois, mercredi dernier, lors de la deuxième lecture du projet du budget de l’Etat, Jaroslava Jermanová, vice-présidente de la Chambre des députés pour le mouvement ANO, a proposé que soit maintenue la somme initiale :
« Il est ici question d’une grande publicité pour la République tchèque. C’est essentiellement en provenance de la région asiatique qu’un grand nombre de touristes se rendent en République tchèque, et ce sur la base de films qui ont été tournés ici. »
Le ministre des Finances, Andrej Babiš (mouvement ANO), a indiqué que pas plus le gouvernement que l’opposition n’approuvait des amendements pouvant radicalement modifier les différents chapitres du budget. A l’inverse, le ministre chrétien-démocrate de la Culture, Daniel Herman, a lui l’intention de soutenir le maintien des subventions destinées à l’industrie du cinéma étranger :« Dans le cadre de ce réseau européen, il est important que la République tchèque soit un pays qui continue d’accueillir des cinéastes étrangers. »
Le Fonds national pour le soutien et le développement du cinéma met en garde contre le fait que ces coupes budgétaires pourraient entraîner la fuite des productions étrangères du pays. Bien qu’un producteur qui tourne en République tchèque se voit rembourser entre 7% et 20% de ses dépenses par le Fonds national, la directrice de celui-ci, Helena Bezděk Fraňková, a tenu à préciser que l’ensemble des subventions accordées retombait ensuite dans les caisses de l’Etat :
« Si nous prenons en compte l’impôt sur la consommation, la TVA, l’assurance sociale et l’assurance maladie, nous remboursons l’ensemble du montant que nous empruntons, avec même 6% en plus. »
Une des conditions à l’octroi de ces subventions consiste également dans des dépenses minimales obligatoires liées à l’achat des biens et des services en République tchèque. A titre d’information, l’un des derniers films de Ridley Scott, Child 44, qui a été tourné en République tchèque l’année dernière, a rapporté 651 millions de couronnes (près de 23 millions d’euros) d’investissements étrangers.
Rick McCallum, un des producteurs du film Emperor, coproduction tchéco-belge dont le tournage se déroule actuellement en République tchèque et qui retrace l’époque de Charles Quint, a indiqué l’importance de ces subventions pour les producteurs étrangers :
« En réalité, il serait absolument impossible pour quiconque qui voudrait tourner ici de ramener des productions étrangères, européennes ou américaines, sans l’existence de ces subventions. »A l’occasion de l’approbation finale du budget de l’Etat pour 2016, la Chambre des députés décidera ce mercredi, si la République tchèque va continuer à soutenir la réalisation de productions étrangères sur son sol ou si, au contraire, elle jugera nécessaire de faire des économies, malgré le manque à gagner découlant des investissements étrangers qu’apportent ces productions internationales.