Presse : même sans nouveaux barrages, la Tchéquie mieux préparée aux inondations que par le passé
Les préparatifs de la Tchéquie aux inondations, des changements législatifs concernant les ressortissants ukrainiens vulnérables, le phénomène des influenceurs. Tels sont les principaux sujets de cette nouvelle revue de presse qui s’intéresse également aux retombées de la crise du groupe Volkswagen sur l’usine Škoda et aux nouveaux projets des studios Barrandov.
En attendant les très fortes précipitations de cette fin de semaine, le magazine Reflex s’est intéressé à la façon dont la Tchéquie est préparée à la montée des eaux et au rôle joué par les barrages dans leur prévention :
« Bien que les barrages soient régulièrement critiqués par de nombreux défenseurs de la nature, ceux-ci jouent un rôle décisif dans la prévention des inondations. Cela a été confirmé à maintes reprises par le passé, après que le pays a été frappé par des crues dévastatrices, en particulier en 1997 et en 2002. Pourtant, aucun nouveau barrage n’a été construit depuis. Ce n’est que ces dernières années que des projets de barrages de plus petite envergure ont été envisagés. Des dizaines de milliards de couronnes ont été en même temps investis dans des programmes visant à accroître la résistance des barrages et des villes à ce type de catastrophes. »
Reflex rappelle que la Tchéquie compte actuellement 165 barrages dont le rôle consiste non seulement à prévenir les inondations, mais aussi à assurer l’approvisionnement en eau potable de la population. Ils couvrent une superficie d’environ 30 000 hectares, capables de retenir environ 3,4 milliards de mètres cubes d’eau. D’un autre côté, les quelque 23 000 étangs disséminés dans le pays en retiennent environ sept fois moins. En conclusion, le ton du magazine se veut rassurant :
« La Tchéquie est actuellement mieux préparée aux inondations que par le passé, même si la capacité réelle des barrages à retenir l’eau n’a pas beaucoup augmenté. Néanmoins, les barrages sont capables de ‘transporter’ plus d’eau à travers leurs installations que par le passé. De même, la prévention des inondations par la construction de petits réservoirs se développe au niveau local ».
Un autre avenir en Tchéquie pour les réfugiés ukrainiens vulnérables
En Tchéquie, le 1er septembre était le jour de la rentrée scolaire. Cette année, cette date a aussi touché une partie de près de 360 000 réfugiés ukrainiens qui vivent actuellement dans le pays. Le journal en ligne Deník Referendum a expliqué pourquoi :
« C’est le 1er septembre qu’a pris effet la dernière partie de la loi ‘Lex Ukraine VI’ qui a été adoptée il y a longtemps et qui supprime l’hébergement d’urgence gratuit pour tous les réfugiés ukrainiens vulnérables. Il s’agit de personnes âgées, de femmes enceintes, de mères d’enfants en bas âge, de personnes handicapées ou objectivement incapables de travailler en raison de leur âge ou de leur état de santé. Ces personnes sont environ 10 000 dans le pays. Les auteurs de la loi argumentent que ces changements inciteront les personnes vivant dans des centres d’hébergement considérés comme des zones grises qui se transforment souvent en ghettos, à les quitter pour un logement privé. Mais cela ne peut concerner que les réfugiés qui sont déjà actifs sur le marché du travail, ont appris le tchèque et dont l’intégration peut être considérée comme réussie. Cette modification peut en effet favoriser leur transition définitive vers une indépendance financière. »
En revanche, comme le souligne l’éditorialiste de Deník Referendum, pour les plus vulnérables, ces changements signifient une insécurité extrême, la menace de se retrouver sans-abri, ou la nécessité de retourner en Ukraine, où la situation ne s’améliore pas. « L’organisation pour l’assistance aux réfugiés a donc appelé le grand public à s’engager directement pour aider ces personnes qui ne peuvent pas subvenir à leurs besoins, n’ont aucun soutien de l’Etat, ni de l’Ukraine, ni de la Tchéquie, et ne peuvent pas rentrer chez elles », ajoute le journal.
Etre influenceur en Tchéquie
« En Tchéquie, presque tout un chacun veut devenir influenceur. Et les conséquences de ce phénomène qui est sur le point de se répandre sont pour la société absolument terribles », titre un texte publié dans le quotidien Hospodářské noviny. Son auteur raconte :
« La société semble se fragmenter en groupes et regroupements qui défendent des positions de plus en plus tranchées sur des sujets que tel ou tel ‘influenceur’ du moment réussit à faire ressortir. Certains d’entre eux sont plus ou moins stables partageant l’ensemble d’attitudes ou de l’admiration pour le leader d’opinion. D’autres, en revanche, naissent ad hoc formant une base fluide, instable, en perpétuel mouvement, au service de la réalité virtuelle d’aujourd’hui. Ce que ces deux groupes ont en commun, c’est qu’ils offrent un espace fertile à la radicalisation. »
Selon l’éditorialiste du quotidien économique, les conséquences ultimes en sont dévastatrices, car la société est de moins en moins capable de distinguer le futile de l’important et l’important de l’essentiel. « Elle perd la capacité d’identifier ce qui doit être ignoré, ce qui vaut un engagement et ce qui constitue une véritable menace existentielle », précise-t-il.
L’usine Škoda sera-t-elle touchée par la crise du groupe Volkswagen ?
Le groupe Volkswagen connaît la plus grande crise de son histoire, en raison notamment de l’échec de ses investissements dans les voitures électriques. Ce constat dont fait part une note publiée sur le site Seznam Zprávy ne semble pas, selon son auteur, inquiéter les Tchèques qui continuent de croire que leur filiale Škoda Auto n’est pas concernée :
« En Tchéquie en effet, la nouvelle selon laquelle Volkswagen pourrait fermer certaines usines n’a attiré qu’une attention assez vague, bien qu’en Allemagne elle ait fait la Une des médias. C’est étonnant car l’usine Škoda de Mladá Boleslav fait partie du groupe et son importance pour la transition post-communiste du pays a été aussi grande que l’essor de Volkswagen pour l’Allemagne d’après-guerre. Les économistes tchèques prétendent, paradoxalement, que Škoda n’est pas en danger, car la marque a repris la production de voitures à moteur à combustion au sein du groupe. Elle serait ainsi l’une des rares entreprises automobiles européennes à avoir réussi à rétablir la production à son niveau d’avant la pandémie. »
Cependant, comme l’indique l’éditorialiste, cette satisfaction ne pourra pas durer longtemps :
« Les filiales du groupe Volkswagen à l’étranger doivent également contribuer à son redressement et seront contraintes de réduire leurs projets d’avenir. Par ailleurs, la crise de VW n’est qu’un symptôme des difficultés rencontrées par l’ensemble de l’industrie automobile européenne qui affectent également les fournisseurs locaux de pièces détachées. »
Le série Blade Runner 2099, projet phare des studios Barrandov
« Barrandov, les plus grands studios de cinéma tchèque, situés à Prague, sont sur le point d’investir dans de nouveaux ateliers qui devraient être achevés d’ici la fin de l’année prochaine », rapporte un article publié dans le journal Deník N. L’occasion pour son auteur de rappeler :
« Les studios ont été fondés par l’oncle de l’ancien président Václav Havel, Miloš, au début des années 1930. Le premier film y a été tourné en 1933 et même pendant la Deuxième Guerre mondiale, 82 films y ont été réalisés. Barrandov a également été le témoin de l’épanouissement de la Nouvelle vague tchécoslovaque dans les années 1960 et d’autres moments clés de l’histoire du cinéma local. C’est dans les années 1990 que des productions étrangères ont commencé à découvrir les studios Barrandov comme un ‘Hollywood de l’Est’. Mission : Impossible, Casino Royale, Dune et Les Chroniques de Narnia, autant de super-productions internationales parmi beaucoup d’autres qui les ont exploités. »
A présent, les studios Barrandov sont occupés notamment par l’équipe de la série américaine de science-fiction Blade Runner 2099, produite par Amazon. « Cette réalisation les sauvera-t-elle au moment où ils connaissent une baisse de projets étrangers ? », s’interroge le chroniqueur du journal :
« L’année dernière, le volume des contrats avec des productions étrangères a atteint près de 9 milliards de couronnes. Selon les estimations, ce montant sera deux fois plus bas cette année. A noter aussi le déclin de la compétitivité de la Tchéquie qui a désormais du mal à rivaliser avec d’autres pays qui offrent des conditions plus favorables aux productions étrangères, comme la Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie, par exemple. »