Au Maroc, la République tchèque veut retrouver sa place et pénétrer le marché africain

Le 5e Sommet mondial de l’entrepreneuriat à Maroc, photo: Stanislav Šulc

Marrakech accueille depuis vendredi et jusqu’à ce vendredi le 5e Sommet mondial de l’entrepreneuriat. Pour le Maroc, rare îlot de stabilité politique dans le monde arabe, c’est là l’occasion de poursuivre sa promotion aux yeux du monde. Les investisseurs étrangers sont en effet de plus en plus nombreux à se presser dans un pays dont l’économie émergente, la position géographique stratégique et la coopération étroite avec les pays africains, en font une porte d’accès à l’ensemble d’un continent en voie de développement très inégal. Autant d’atouts et d’enjeux dont est bien consciente également la République tchèque, comme le confirment Michaela Froňková, ambassadrice au Maroc, et Ivan Jukl, directeur de la section économique au ministère des Affaires étrangères, tous deux présents à Marrakech :

Ivan Jukl et Michaela Froňková | Photo: Stanislav Šulc
Michaela Froňková : « C’est la cinquième édition de ce sommet qui a été lancé par Barack Obama. Le Maroc est très fier d’être le premier pays africain à pouvoir organiser ce forum… »

Ivan Jukl : « ...dont je pense que le mot-clef est développement. Il faut mobiliser des groupes de gens qui ont été ou sont discriminés : les femmes et les jeunes notamment. Il faut trouver les moyens de développer les investissements privés, de créer des équipes pour la réalisation des projets et de soutenir les idées des gens qui partent de zéro. J’ai participé, ici à Marrakech, à une discussion dans laquelle nous avons comparé la situation des gens dans les pays développés ou qui se développent à celle d’une start-up. C’est un cas de figure classique dans l’économie moderne, mais qui a pour point commun de commencer aussi de rien. Participent à cette conférence des pays possédant un important savoir-faire pour la combinaison des deux notions que sont les instruments financiers et les capacités locales. C’est là quelque chose de nouveau aussi pour la République tchèque. »

Le 5e Sommet mondial de l’entrepreneuriat au Maroc,  photo: Stanislav Šulc
Dans le contexte international actuel agité, la République tchèque cherche de nouveaux marchés pour ses exportations. Dans quelle mesure le Maroc, que l’on présente comme la porte d’entrée de l’Afrique, peut-il donc être intéressant pour la République tchèque ?

Ivan Jukl : « Pour faire des affaires, il faut avoir non seulement des idées et de la production, mais aussi des canaux de vente. Via le Maroc, les entreprises tchèques pourraient donc accéder à l’ensemble de l’Afrique. Nous savons bien que la politique étrangère du Maroc est fortement concentrée sur l’Afrique. Or, dans le secteur par exemple de la santé, la République tchèque est la championne du monde dans l’équipement des hôpitaux. C’est un secteur ouvert dans lequel il y a une forte demande au Maroc et dans tous les pays autour. »

Michaela Froňková : « Effectivement, on peut citer notamment Linet, société spécialisée dans le mobilier hospitalier qui a une excellente renommée au Maroc. Linet est présent sur le marché marocain depuis 2007. On peut donc dire qu’il existe déjà une histoire. »

Le 5e Sommet mondial de l’entrepreneuriat au Maroc,  photo: Stanislav Šulc
« La Tchécoslovaquie était présente au Maroc dans les années 1960-1980, surtout avec le cristal, la bijouterie ou encore l’industrie pour l’extraction des phosphates. Mais dans les années 1990 nous avons quelque peu délaissé ce marché, et maintenant nous souhaitons y revenir. Le Maroc est un pays stable et les investisseurs du monde entier sont déjà là. La République tchèque cherche donc sa place. C’est pourquoi nous avons distingué trois secteurs principaux dans lesquels il existe un potentiel de bonne coopération avec les Marocains. La santé tout d’abord que nous avons déjà évoquée, mais pas seulement pour le commerce, il y a également une dimension humaine de solidarité qui est très importante pour tout le monde. Le deuxième secteur est l’énergie, et plus particulièrement les énergies renouvelables, car le Maroc est un pays qui dispose de 3 000 heures d’ensoleillement par an, ce qui est énorme. Et enfin, le troisième, ce sont les services et les nouvelles technologies. »

En tant qu’ambassadrice vous êtes une femme avec des responsabilités importantes dans un pays arabe. La première journée du sommet, le mercredi 19 novembre qui est célébré comme journée mondiale des femmes chefs d’entreprise, était consacrée à la place de la femme dans le monde de l’entreprise. C’est aussi, semble-t-il, une des priorités du gouvernement marocain. Quel regard portez-vous sur l’évolution des choses au Maroc ?

Michaela Froňková : « Je n’ai jamais vraiment remarqué que la position de la femme marocaine était inférieure à celle de l’homme. Il me semble que le Maroc se distingue sur ce point des autres pays de la région. Je trouve que la femme marocaine est une femme très fière et complétement responsable. Cela est vrai surtout dans le mode de fonctionnement de la famille marocaine, où c’est la femme qui dirige. Alors oui, il y a des progrès, mais comme ailleurs aussi dans le monde, où on cherche l’équilibre entre les hommes et les femmes, entre le business et la culture, etc. C’est une évolution, je pense, tout à fait naturelle. »

Nous vous proposerons, très prochainement, un long entretien avec Michaela Froňková, ambassadrice de la République tchèque au Maroc.