White Coffee, un spectacle sur le racisme latent et patent
Le spectacle White Coffee (« Café blanc ») a été parmi les derniers à figurer au programme du Festival des théâtres des régions d’Europe qui s’est déroulé à Hradec Králové en Bohême de l’Est du 21 au 30 juin. Dirigé par la metteuse en scène tchèque, Lucie Málková, un groupe d’acteurs hongrois originaires de la Roumanie a présenté au public un spectacle basé sur leurs propres expériences du racisme et de la xénophobie.
« Nous avons basé ce spectacle sur des courtes scènes, que nous avons appelé ʻMoi et mon Romʼ et ʻMoi et mon néonaziʼ car ces exercices se sont avérés plus intéressants qu’un texte préparé avec lequel nous avons commencé les répétitions. Nous avons ainsi opté pour un théâtre d’auteur plus personnel. Avec une certaine ironie et exagération nous avons travaillé les expériences personnelles des acteurs. On les a découpées et mélangées pour ne pas avoir une structure linéaire et aucune continuité des personnages. »
Une des comédiennes affirme que le fait d’appartenir à un groupe minoritaire les amène à réfléchir sur ces sujets en permanence :« Cela représente toujours un problème dans nos vies, où que nous allons, nous le portons toujours avec nous. Nous sommes des citoyens roumains de nationalité hongroise. C’est une position difficile dans la vie. »
Ainsi, toutes les scènes ont un fondement réel et la majorité d’entre elles se situent dans l’enfance car c’est souvent là où se produisent des expériences formatrices de la vie. Certaines scènes portent sur le mépris des Hongrois envers leurs voisins roumains, d’autres sur la brimade à l’école d’un seul élève issu d’un mariage mixte. La metteuse en scène, Lucie Malečková, insiste sur la volonté de montrer tous les côtés de la problématique du racisme et de la xénophobie. Ainsi, les Roms sont une fois montrés comme travailleurs manuels exploités et une autre fois moqués pour le vol de ferraille. La xénophobie surgit notamment à travers les paroles d’une prière en famille quand une personne regrette que l’œuvre des nazis n’ait pas été achevée. Enfin, le spectacle est clos par une chanson sur la nostalgie de la grande Hongrie. En fait, il n’est pas tout à fait clos car il se poursuit sous la forme d’un débat. Lucie Málková affirme :
« Ce spectacle n’a pas vraiment de fin classique avec un applaudissement. Au contraire, il se poursuit dans le débat qui est même plus important que la pièce car elle vise à pousser le public à se poser ces questions relatives au nationalisme ou au racisme. L’objectif est que les gens communiquent entre eux. Ainsi, si nous ne pouvons pas offrir une solution à ces problèmes, nous la recherchons à travers un débat. »Le débat a encore une fois souligné la complexité de cette problématique. Si la critique du nationalisme traversait le spectacle, les comédiens se sont montrés soucieux de la sauvegarde de leur identité nationale. Bref, des sujets pas en noir et blanc pas évident à aborder avec le public, comme l’affirme une autre comédienne de la troupe :
« Ce n’est pas facile d’aborder ces sujets en Europe. Au contraire, c’est difficile, car tout le monde se comporte comme démocrate et très tolérant, sans préjugés, mais à la maison, tout le monde parle différemment. »
Ce que la pièce pointe du doigt, c’est que ce ne sont pas seulement les néonazis qui ont des opinions racistes. Au contraire, il s’agit d’un phénomène qui gagne en ampleur. En plus, les références dans la pièce White Coffee sont particulièrement intelligibles à tout espace centre-européen avec des expériences similaires, en Hongrie, en Roumanie ou encore en République tchèque.