Dagmar Andrtová-Voňková, le freak-folk avant l’heure
Dagmar Andrtová-Voňková est la grande dame du folk tchèque. Et ce n’est pas uniquement une définition en l’air à l’heure où les superlatifs font fureur dans les articles quand on ne sait pas quoi dire. Une grande dame discrète, reconnue par ses pairs, aimée d’un certain public, peu connue du grand. Peut-être cela est-il égal finalement : le nombre d’admirateurs ne faisant pas la valeur des choses ni des personnes, la chanteuse et guitariste Dagmar Andrtová-Voňková peut continuer à séduire un public restreint qui, lui, peut secrètement sourire de satisfaction comme tous ceux que rassemblent un secret commun.
En attendant elle vit de petits boulots, lave les vitres d’immeubles, élève son fils et résiste, comme ses amis chartistes, aux pressions continues de la police secrète. Tout comme tant d’autres se replient sur leurs intérêts personnels, elle se plonge dans les chants traditionnels moraves, slovaques, des montagnes des Carpates et y trouvent son inspiration. Elle commence à composer ses propres chants d’amour et de mort.
Elle trouve sa voix/e à la guitare aussi qu’elle utilise à contre-courant des us traditionnels : tapping, glissement, percussions sur cordes ou même archer, elle pousse les possibilités de la guitare à l’extrême et en change la vocation, en faisant un instrument multi-instrumental. Des innovations qui n’ont rien à envier à ce que font d’autres artistes comme Led Zep à l’Ouest.
Et preuve que le plus surprenant, le plus innovant peut devenir « classique » sans perdre pour autant son âme. Aujourd’hui, Dagmar Andrtová-Voňková n’a rien à envier aux musiciens freak-folk tels que Coco Rosie ou autres.
Rediffusion du 13/03/2011