« Patron », un projet d’accompagnement des jeunes à l’âge adulte
Au début du mois de mai, l’association autrichienne Unruhe a décerné les prix SozialMarie pour l’innovation sociale. Depuis neuf ans, l’association récompense des projets autrichiens mais aussi tchèques, hongrois, slovènes, slovaques et croates. En 2014, deux projets tchèques se sont vu accorder la prime de 1 000 euros : l’ONG d’In Iustitia qui porte assistance aux victimes des crimes de haine et le projet « Patron » de la Ligue des hommes ouverts. Pour présenter ce dernier, son coordinateur, Lukáš Talpa, s’est exprimé au micro de Radio Prague.
« Le projet « Patron » se déroule depuis deux ans avec le soutien du Fonds social européen mais l’idée n’est pas neuve. D’un côté, l’initiative provient des hommes ayant participé à des rencontres au sein de la Liga otevřených mužů qui voulaient transmettre leur savoir-faire et leur expérience aux autres. De l’autre côté, il y avait un besoin d’assistance et d’aide de la part des jeunes hommes qui quittent les centres d’accueil collectif autour de l’âge de 18 ans. Ceux-ci manquent souvent de modèles masculins car l’environnement des centres d’accueil est relativement féminin et s’il y a des hommes, ce sont des employés. Le contact amical avec des hommes ordinaires, comme un employé ou un ingénieur, est absent. L’idée du projet est que les garçons qui quittent un centre d’accueil aient un homme adulte à qui faire confiance, qui les soutient et les accompagne. »
Au départ, les organisateurs sélectionnent les « patrons » qui sont typiquement des hommes adultes âgés de 30 à 50 ans et qui s’engagent à s’impliquer dans le projet au moins pour deux ans. Ces hommes reçoivent une formation et puis rencontrent les jeunes venant des centres d’accueil, qui ont exprimé le souhait de faire partie du projet. Pendant un weekend d’intégration, les deux groupes se retrouvent et les « patrons » et les jeunes forment des binômes pour ensuite continuer à se fréquenter tout au long de la première année, une période mise à profit pour tisser des liens. Arrive alors la seconde année, quand les garçons quittent le centre d’accueil, ils peuvent entamer leur vie d’adulte avec le soutien d’un homme adulte. En pratique, les « patrons » peuvent inciter les jeunes à achever leurs études et leur offrir une aide et un encadrement. Lukáš Talpa évoque les premiers échos liés à ce projet :« Les réactions que nous avons obtenues jusqu’alors sont entièrement positives. Certains « patrons » disent que c’est l’une des activités les plus utiles qu’ils ont faite dans leur vie. Le fait que leurs rencontres avec les jeunes se poursuivent constitue pour nous la preuve qu’ils trouvent ce projet bénéfique. Depuis le début de ce projet, huit binômes continuaient de se voir et cette année treize nouveaux binômes de bénévoles suivent cette voie. Nous avons également des échos positifs des garçons qui semblent apprécier la dynamique dans un groupe d’hommes. Leur engagement est aussi volontaire, nous ne voudrions pas que cela représente une autre obligation dans leur emploi du temps. Même si au début ils peuvent douter des vertus du projet, souvent ils repartent enthousiastes et inspirés. »Pour Lukáš Talpa, le prix SozialMarie constitue une récompense non seulement pour l’équipe organisatrice, mais aussi pour le travail des « patrons » qui consacrent à cette activité leur temps libre en parallèle de leur vie de famille. Pour cette raison, la délégation qui s’est rendue à Vienne le premier mai pour la remise du prix se composait du coordinateur de projet, de la directrice d’un centre d’accueil et d’un binôme constitué d’un « patron » et d’un jeune homme.