A Pékin, le chef de la diplomatie tchèque entérine le rapprochement avec la Chine
Pour la première fois depuis quinze ans, un haut représentant de la République tchèque, en l’occurrence son ministre des Affaires étrangères, Lubomír Zaorálek, est en voyage officiel en Chine. La visite de trois jours traduit la volonté tchèque de mettre en arrière-plan la question des droits de l’homme pour se concentrer désormais sur le développement de relations économiques pérennes avec le pays le plus peuplé de la planète. A Pékin, le chef de la diplomatie tchèque a ainsi affirmé que la République tchèque était opposée à l’indépendance du Tibet.
« La République tchèque respecte l’intégrité territoriale de la Chine. Dans le futur, nous ne comptons pas surprendre la partie chinoise sur ce point, qu’il soit question du Tibet ou de sujets similaires. »
La position nouvelle du gouvernement tchèque n’est pas pour déplaire à Miloš Zeman, qui, à l’automne prochain, pourra poser une deuxième brique à l’amitié sino-tchèque à l’occasion d’une visite officielle à Pékin. On écoute le chef de l’Etat :
« Je suis pour le développement le plus large possible des échanges commerciaux avec la Chine. Cela comprend des échanges au niveau des investissements mais également au niveau des personnes, qu’il s’agisse de touristes, d’étudiants ou d’entrepreneurs. »
La Chine est déjà le quatrième plus grand partenaire commercial de la République tchèque. Mais la balance de ces échanges est très déséquilibrée ; les exportations tchèques (de l’ordre de 1,5 milliard d’euros) à destination de l’Empire du Milieu sont en effet huit fois inférieures aux exportations chinoises en sens inverse. C’est aussi pour réajuster cette balance que Lubomír Zaorálek est accompagné d’une délégation d’entrepreneurs tchèques :« Pour nous, la Chine est aujourd’hui un partenaire très significatif, au sens le plus large, notamment quand nous parlons de l’Union européenne. Ce serait une véritable faute que la République tchèque ne prenne pas part à ce processus, si elle ne reconnaît pas et ne participe pas au dialogue, aux négociations, à la collaboration dans différents domaines avec la Chine. »
Bruxelles encourageait pourtant jusqu’alors les Etats de l’UE à valoir la primauté du respect des droits de l’homme dans leurs relations avec la Chine. Mais prenant modèle sur l’Allemagne, la France ou la Grande-Bretagne, c’est une vision pragmatique des relations avec un pays en passe de devenir la première puissance économique mondiale qui s’est imposée à Prague. L’opposition politique est d’ailleurs nuancée sur cette visite du chef de la diplomatie tchèque, à l’image de Miroslav Kalousek, du parti conservateur TOP 09, une formation d’ordinaire favorable à la poursuite de l’action de Václav Havel en faveur des droits de l’homme :
« La Chine est évidemment un acteur important. Mais bien entendu, il me semblerait adéquat que le ministre des Affaires étrangères s’exprime sur la question des droits de l’homme. »
Lubomír Zaorálek a bien abordé ce point puisque l’accord signé ce mardi entre la République tchèque et la Chine comporte, outre l’engagement de ne pas interférer dans les affaires intérieures de l’autre pays, un volet sur le respect des droits de l’homme dans le cadre des traités de l’ONU. Voilà qui ne devrait pas avoir d’impact particulier sur la faible épaisseur du droit du travail en Chine et sur le penchant chinois à user de la peine de mort et à réprimer les dissidents politiques.